Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

Sang pour sang

Révoltée.

Je suis révoltée jusqu’à la moelle des os. Jusqu’au micron d’ADN qui me constitue.

Fille de la guerre déjà, j’en ai vu les horreurs... Oh combien ! Et en politique ? Plusieurs...

Des trahisons, des déceptions, à en être écœurée… des mensonges ? J’en écrirais des livres, comme sur la vie apocalyptique des Libanais durant la guerre.

Mais ce qui arrive au Liban en ces temps sombres, je ne l’ai expérimenté nulle part ; excepté lors du séisme « non naturel » du 4-Août…

Cette quantité de haine, de barbarie intentionnée, de délectation maladive en faisant le mal, en semant la terreur et en modulant les moyens de violence... C’est de quelle fonction de l’homme qu’il s’agit à ce stade de sadisme ? Je dis « homme » sans trop de conviction. Comment le désigner, en ce moment, cet être hybride à la forme humaine et au cœur de monstre ?

Rosenberg, le père de la communication non violente, se retourne dans sa tombe. On ne parle plus que le langage chacal. On ne veut plus entendre l’autre, ni le compter, encore moins le considérer comme une entité ayant des droits. Attitude effrontée des deux côtés des ennemis. Sans exception. Chacun à sa façon. Chacun selon sa puissance. Je n’aime ni la victime ni le bourreau. Ils sont aussi coupables l’un que l’autre selon le concours des circonstances.

Ma naissance, je ne l’ai pas choisie, ni ma patrie, encore moins les conflits politico-géographiques dont je paie les factures depuis un demi-siècle au moins… mais j’ai le droit de choisir la paix.

Le droit ? Triste mot. Il ressemble, dans cet Orient fébrile et presque maudit, à l’enfant conduit devant Salomon. Chacune des deux femmes voulant revendiquer sa maternité pour lui au risque de le perdre. Le droit ? Qui saurait le définir parmi ces hostilités qui ravagent la région ?

Chacun veut gagner, chacun insiste sur son droit. Et les civils, hélas, continuent à arroser la terre de leur sang. Immolés par engagement idéologique ou par malchance sur l’autel des appartenances aveugles, ils paient à la place des dirigeants déchaînés.

Ces civils qui partent ainsi, tués au hasard de leurs inclinations politiques, géographiques ou ethniques, sont-ils nés juste pour mourir ? Qui a prétendu que nous devions tous penser de la même manière ? Aimer les mêmes partis ? Résister de la même façon ? Qui a dit que se cloner nous garantit la paix ?

Peu importe qui a commencé, qui a raison ou qui a tort, questions qui nous entraînent dans les misères des philosophies et des idéologies. Je regarde du côté des martyrs, des mutilés, des veuves, des orphelins et des parents brisés. Je regarde aussi du côté des immeubles rasés enterrant des milliers de corps morcelés – résultats muets d’un rapport de force jamais équitable. Du côté de la haine qui se transmet de père en fils et qui fera mourir tous les pères et tous les fils jusqu’à l’infini. Je regarde du côté du Christ crucifié qui m’a appris l’amour démesuré et je le prie de nous épargner le pire : l’installation et puis l’acceptation de la part des hommes de la « loi du silence » sur les atrocités !

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes. 

Révoltée.Je suis révoltée jusqu’à la moelle des os. Jusqu’au micron d’ADN qui me constitue.Fille de la guerre déjà, j’en ai vu les horreurs... Oh combien ! Et en politique ? Plusieurs...Des trahisons, des déceptions, à en être écœurée… des mensonges ? J’en écrirais des livres, comme sur la vie apocalyptique des Libanais durant la guerre.Mais ce qui arrive au Liban en ces...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut