Plus de 100 députés libanais ont appelé jeudi l'Unesco à protéger les sites historiques du pays des frappes intensives d'Israël, et l'organisation onusienne a décidé de tenir une réunion à ce sujet le 18 novembre.
Les frappes d'Israël, en guerre ouverte depuis le 23 septembre contre le Hezbollah pro-iranien, visent notamment les cités de Baalbeck (est) et Tyr (sud), dont les sites antiques sont classés au patrimoine mondial de l'Unesco.
« A la demande des autorités libanaises, une session extraordinaire du Comité pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé sera organisée le 18 novembre » au siège parisien de l'Unesco, a fait savoir l'organisation à l'AFP.
« L’escalade des hostilités en cours au Liban présente de graves risques de dommages irréparables au patrimoine mondial, culturel et naturel du Liban, ainsi qu’à des sites d’importance culturelle et historique nationale », souligne l'Unesco.
D'habitude désunis, plus de cent députés libanais - sur un total de 128 au Parlement - de tous bords ont pris l'initiative d'écrire jeudi à la directrice générale de l'Unesco, Audrey Azoulay. « Au cours de la guerre dévastatrice contre le Liban, Israël a commis de graves violations des droits humains et des atrocités », écrivent-il. « Nous attirons votre attention sur un besoin urgent: la protection de l’histoire du Liban, à Baalbeck, Tyr, Saïda et d’autres sites inestimables actuellement menacés », plaident-ils. « Nous vous exhortons à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger ces icônes culturelles », ajoutent ces élus.
La cité millénaire de Baalbeck a été soumise à de violentes frappes israéliennes mercredi, qui ont touché un secteur proche du site historique, selon un correspondant de l'AFP sur place. Quarante personnes ont été tuées dans ces frappes sur Baalbeck et sa région - considérée comme un des bastions du Hezbollah - selon le ministère libanais de la Santé. « C'est un jour triste pour Baalbeck, soumise à de violentes frappes israéliennes, qui ont visé des bâtiments historiques », a déclaré à l'AFP le maire de la ville, Moustafa al-Chall.
Le mythique hôtel Palmyra, qui a accueilli Charles de Gaulle et Lawrence d'Arabie, a également été touché et subi « d'importants dégâts » selon lui.
Le gouverneur de la région, Bachir Khodr, a affirmé sur X qu'une frappe avait visé le parking attenant aux temples romains, « à quelques mètres » du site. « Nous attendons que des spécialistes de l’Unesco et de la Direction générale des antiquités déterminent s’il y a eu des dégâts » sur le site antique, a ajouté le maire.
Légers dégâts à Tyr
Selon une source à l'Unesco, un mur romain qui se trouve à l'extérieur du site est tombé, et un bâtiment datant du mandat français (1920-1943) a été détruit. Le site, ancienne Héliopolis des Romains, abrite « parmi les plus grands temples romains jamais construits et parmi les mieux préservés », selon l'Unesco, dont ceux de Jupiter et Bacchus.
Depuis fin octobre, la ville côtière méridionale de Tyr, qui compte elle aussi des sites inscrits par l'Unesco sur sa liste du patrimoine mondial, est également visée par d'intenses frappes israéliennes. L'ancienne grande cité phénicienne, où selon la légende fut découverte la pourpre, conserve d'importants vestiges datant principalement de l'époque romaine, ainsi que des constructions médiévales des Croisades. Selon la source de l'Unesco, de « légers dommages » ont été constatés à l’extérieur du site archéologique.
Le Premier ministre, Nagib Mikati, avait appelé lundi à un cessez-le-feu « pour protéger le patrimoine culturel de notre pays, y compris les anciens sites archéologiques de Baalbeck et Tyr ». Il a demandé au Conseil de sécurité de l’ONU de « prendre des mesures rapides et décisives pour protéger ces trésors historiques ».
La campagne de frappes massives menées par Israël contre le Hezbollah a fait plus de 2.600 morts depuis le 23 septembre, selon le ministère de la Santé.