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La "relation spéciale" de Londres et Washington à l'épreuve d'une nouvelle présidence Trump

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Des partisans de l'ancien président américain et candidat républicain à la présidentielle Donald Trump célèbrent sa victoire près de son complexe de Mar-a-Lago à Palm Beach, en Floride, le 6 novembre 2024. Photo AFP ou licenciés/CHANDAN KHANNA

Si le Premier ministre britannique Keir Starmer a été l'un des premiers dirigeants étrangers à féliciter Donald Trump après sa victoire, le retour du républicain à la Maison Blanche a de quoi inquiéter Londres sur sa "relation spéciale" avec son allié américain.

Lors d'un échange téléphonique mercredi soir avec le président élu américain, le chef du gouvernement travailliste s'est "réjoui de travailler en étroite collaboration" avec lui, selon un communiqué de Downing Street. 

"Je sais que la relation spéciale entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni continuera à prospérer", avait-il assuré dans la matinée, peu après le discours de victoire de Donald Trump.

Mais avec les velléités protectionnistes du milliardaire républicain, la question du soutien à l'Ukraine et des propos peu flatteurs proférés par le passé à l'encontre de l'ex-président par certains ministres britanniques, les sujets de divergences avec le gouvernement travailliste ne manquent pas. "Cela va vraiment être une relation compliquée", estime auprès de l'AFP Bronwen Maddox, directrice générale du centre de réflexion Chatham House.

Selon elle, "tout se résume au principe de +l'Amérique d'abord+" défendu par Donald Trump. "Il n'accordera aucune faveur en matière commerciale et il y aura probablement une divergence d'opinion sur l'Ukraine, sur la manière de renforcer la sécurité de l'Europe et potentiellement sur le Moyen-Orient", détaille-t-elle.

Donald Trump a critiqué l'ampleur de l'aide américaine accordée à Kiev, dont le Royaume-Uni est un allié de la première heure, et a promis d'imposer la paix "en 24 heures".

Nul doute que le gouvernement britannique est "inquiet", estime Richard Whitman, professeur de relations internationales à l'Université du Kent. "La plupart des grands paramètres de la politique étrangère britannique sont définis en fonction des principales préoccupations américaines", explique-t-il à l'AFP.

"Nous allons vers une période difficile", estime aussi Leslie Vinjamuri, professeure de relations internationales à la SOAS University de Londres, évoquant la tendance de Trump à aborder ses relations diplomatiques sous l'angle "transactionnel" et du "marchandage".

Si le Royaume-Uni a "quelque chose à offrir, très bien mais sinon (la relation bilatérale) ne sera pas une des priorités du président américain", insiste-t-elle, soulignant "l'impératif (pour Londres) de forger une relation productive avec l'UE".

Alors que le gouvernement travailliste a fait du renforcement de la croissance économique une de ses priorités, le programme protectionniste de M. Trump, qui a promis des droits de douanes jusqu'à 20% sur l'ensemble des importations, pourrait contrarier ses plans.

"Pas de plan B"

La ministre des Finances britanniques Rachel Reeves s'est toutefois dite "confiante", reconnaissant que les relations économiques avec les Etats-Unis, principal partenaire commercial de Londres étaient "cruciales".

La perspective d'un grand accord commercial bilatéral avec Washington, que cherche à conclure Londres depuis le Brexit, semble toutefois peu probable à court terme. La proximité historique des travaillistes britanniques avec le parti démocrate américain pourrait aussi peser dans les relations bilatérales.

L'équipe de Donald Trump, par ailleurs grand admirateur de la famille royale britannique, a accusé le Labour d'ingérence au profit de la candidate démocrate Kamala Harris après que certains de ses membres sont allés participer bénévolement à sa campagne. Des accusations minimisées par Keir Starmer.

Et le milliardaire Elon Musk, devenu un des plus proches soutiens de Donald Trump, a multiplié les critiques contre les travaillistes pour leur gestion des émeutes anti-immigration au Royaume-Uni cet été, tout en offrant une large tribune sur son réseau X à des figures britanniques d'extrême droite.

Depuis des semaines, le gouvernement travailliste tente toutefois de nouer des liens avec le camp Trump. Lors de son déplacement à New York en septembre pour l'assemblée générale de l'ONU, Keir Starmer a rencontré Donald Trump pour la première fois.

Son porte-parole a également confirmé la confiance du chef du gouvernement envers son ministre des Affaires étrangères David Lammy, qui avait par le passé qualifié Donald Trump de "sociopathe sympathisant des néonazis" et de "tyran avec une perruque".

Des commentaires pour lesquels le Premier ministre devrait présenter ses excuses, a réclamé mercredi devant le Parlement la nouvelle cheffe du parti conservateur britannique Kemi Badenoch.

Les experts interrogés par l'AFP s'accordent toutefois sur le fait que les fondamentaux de cette relation historique ne seront pas remis en cause à court terme. "Les relations en termes de défense, de renseignement, de sécurité, sont bien ancrées. Cela va continuer", juge Leslie Vinjamuri.

Dans le cas contraire, prévient Richard Whitman, "un important pilier de la politique étrangère et de sécurité britannique s'effondrerait" et le Royaume-Uni "n'a pas de plan B".



Si le Premier ministre britannique Keir Starmer a été l'un des premiers dirigeants étrangers à féliciter Donald Trump après sa victoire, le retour du républicain à la Maison Blanche a de quoi inquiéter Londres sur sa "relation spéciale" avec son allié américain.

Lors d'un échange téléphonique mercredi soir avec le président élu...