Au procès de l'assassinat en France, après une campagne de haine, du professeur Samuel Paty le 16 octobre 2020, la cour d'assises spéciale de Paris a enfin entendu mercredi, au troisième jour d'audience, un accusé reconnaître sa responsabilité dans les faits qui lui sont reprochés.
« Je reconnais ma culpabilité. C'est la pire chose que j'ai faite de ma vie », a dit d'une voix tremblante Ismaïl Gamaev, un Russe d'origine tchétchène de 22 ans au visage enfantin, poursuivi pour association de malfaiteurs terroriste et qui, comme deux autres accusés, comparait libre après deux ans de détention provisoire.
Cet aveu inattendu, le premier depuis le début du procès, a surpris la famille de Samuel Paty assise au premier rang des bancs des parties civiles.
Ismaïl Gamaev, étudiant en économie et gestion qui, selon l'accusation, a « conforté (le tueur) Abdoullakh Anzorov » dans son projet d'assassinat avant son passage à l'acte, fond en sanglots.
A l'époque des faits, il partageait un groupe Snapchat avec Anzorov et l'un de ses coaccusés, Louqmane Ingar. Quand y est diffusée la tête décapitée de l'enseignant, il publie des smileys souriants.
Huit personnes, impliquées à des degrés divers dans l'attentat, sont jugées depuis lundi et jusqu'au 20 décembre.
Brahim Chnina, père de la collégienne qui a menti sur Samuel Paty en racontant faussement qu'elle avait été exclue deux jours du collège pour avoir tenu tête au professeur qu'elle accusait d'avoir montré des caricatures de Mahomet, assure qu'il « ne reconnait pas du tout les faits » qu'on lui reproche. Il encourt 30 ans de réclusion pour association de malfaiteurs terroriste.
Avec le militant islamiste Abdelhakim Sefrioui, 65 ans, qui doit être interrogé jeudi, Brahim Chnina est à l'origine de la massive campagne de cyberharcèlement qui a conduit à l'assassinat du professeur d'histoire-géographie, qui a profondément choqué les Français.
Selon le dossier d'accusation, il a publié dès le lendemain du cours de Samuel Paty sur la liberté d'expression des vidéos pour stigmatiser le professeur et le désigner comme une cible.
Entre le 9 et le 13 octobre, Brahim Chnina a eu neuf contacts téléphoniques avec Abdoullakh Anzorov.
Pourtant, assure aujourd'hui M. Chnina devant la cour: « je respecte les enseignants ». « Je présente mes excuses à ce pauvre professeur qui n'aurait jamais dû mourir dans ces conditions-là », réitère-t-il.
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