Un enlèvement mystérieux vendredi à l'aube à Batroun, au Liban-Nord, a été revendiqué samedi soir par l'armée israélienne, dont la radio a indiqué sur le réseau X que « la 13ème unité navale a arrêté un membre du Hezbollah près d'un centre de connaissances dans le domaine maritime. Nous capturerons des membres-clés partout et nous réussirons », ajoute le texte.
Cet enlèvement fait actuellement l'objet d'une enquête au Liban afin d'en déterminer les circonstances, alors que certains médias de la région faisaient état durant la journée de la capture présumée d'un responsable du Hezbollah par des commandos navals israéliens. Cette opération est une première depuis le début de la guerre entre Israël et le Hezbollah, le 8 octobre 2023.
Une source informée avait confirmé à L'Orient-Le Jour qu'un enlèvement a bien eu lieu à Batroun vendredi matin, sans cependant pouvoir confirmer l'identité de la victime et des ravisseurs. Selon des images de caméras de surveillance prises sur les lieux, que L'OLJ n'a pas pu identifier de manière indépendante, l'on peut voir au moins une quinzaine d'hommes armés emmener de force un homme en civil. Le ministre libanais sortant des Travaux publics et des Transports, Ali Hamiyé a affirmé, à la chaîne al-Jadeed, que le contenu de la vidéo circulant samedi a été vérifié et qu'il « attend les résultats de l'enquête ».
Le Premier ministre sortant Nagib Mikati s'est entretenu avec le commandant en chef de l'armée libanaise, le général Joseph Aoun, « au sujet de l'enlèvement du Libanais Imad Amhaz à Batroun », a indiqué en soirée un communiqué du Sérail. Il s'est également entretenu avec des responsables de la Finul et a demandé au chef de la diplomatie libanaise Abdallah Bou Habib d'adresser une plainte urgente au Conseil de sécurité de l'ONU sur cette opération.
Les ravisseurs repartis en hors-bord
L'Agence nationale d'Information (ANI, officielle), a confirmé l'ouverture d'une enquête et fait état de témoignages d'habitants qui rapportent une « opération de forces armées non-identifiées » sur la plage de Batroun. Ces hommes sont entrés dans un « chalet », un studio en bord de mer, pour y enlever « un Libanais » avant de quitter les lieux en hors-bord.
Plus tôt dans la journée, le journaliste d'origine israélienne Barak Ravid, contributeur au média américain Axios, a affirmé, citant un responsable israélien, que des commandos de la marine israélienne ont effectivement « capturé un membre important de la force navale du Hezbollah dans une opération dans le nord du Liban ». Ce responsable israélien a ajouté que l'homme kidnappé est « détenu pour interrogatoire concernant les opérations navales du Hezbollah ». Le Hezbollah n'était pas joignable samedi et n'a pas commenté la revendication israélienne.
Un « capitaine » en formation à Batroun
La source contactée par notre publication a en outre indiqué que l'homme enlevé était un « capitaine de bateau », mais qu'il n'appartient pas à l'armée libanaise. Le ministre Hamiyé, a de son côté affirmé à al-Jadeed que l'homme enlevé était un « capitaine de navires civils et commerciaux ».
Selon des informations de notre correspondant dans le nord, Michel Hallak, qui s'est rendu sur les lieux, l'individu enlevé résidait temporairement dans un studio au premier étage d'un immeuble en bord de mer, dans le nord de la ville, à proximité de l'Institut des sciences et technologie maritimes de la ville, où il suivait des cours. Contacté par L'OLJ, l'institut a refusé de commenter.
Sur place, des patrouilles de l'armée libanaise et des Forces de sécurité intérieure (FSI) se sont déployées, et toutes les caméras de sécurité des environs ont été récupérées par les forces de l'ordre pour les besoins de l'enquête, tout comme celles situées sur la route empruntée par les ravisseurs pour se rendre de la plage à l'appartement et vice-versa. Les forces de sécurité ont également entendu les témoignages des habitants de l'immeuble et des bâtiments voisins.
Selon une recherche effectuée par Ahmad Baydoun, chercheur et analyste des environnements des conflits, qui a pu géolocaliser l'endroit où ont été filmées les images et en a publié les coordonnées sur X, cet immeuble est situé en bord de mer, à environ 300 mètres de l'Institut des sciences et technologie maritimes et un demi kilomètre au nord du vieux souk de Batroun.
Habitant du caza de Aley
Selon une pièce d'identité de la cible présumée, diffusée par plusieurs médias, Imad Amhaz serait originaire de Kouakh, dans le Hermel, et habiterait Qmatiyé, village du caza de Aley où ont eu lieu dernièrement plusieurs frappes israéliennes sur des appartements ou véhicules liés à des membres du parti chiite.
Et alors que certains médias avaient évoqué un rôle présumé de Casques bleus dans l'enlèvement, la porte-parole adjointe de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a démenti, dans un bref communiqué, toute implication. « La Finul n'a pas été impliquée pour faciliter un enlèvement, ni dans aucune autre violation de la souveraineté libanaise, peut-on lire dans ce texte. La désinformation et les rumeurs sont irresponsables et mettent les soldats de la paix en danger ».
Le ministre Hamiyé, proche du tandem chiite, avait indiqué sur al-Jadid, que les autorités libanaises avaient l'intention de communiquer avec la Finul afin de savoir si l'opération à Batroun avait eu lien "en coopération" avec elle.
Une variante de l'operation commando israelienne 'Printemps de la jeunesse' d'avril 1973 contre trois leaders de l'OLP. A l'epoque, l'armee libanaise fut violemment critiquee et le gouvernement demissionna. Des manifestations monstres de soutien aux palestiniens eurent lieu, qui finalement conduisirent a encore plus d'armes pour les palestiniens et, au final, a la guerre civile. Les libanais n'apprennent rien et devraient s'appeler liba-niais...
22 h 13, le 03 novembre 2024