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Dernières Infos - Reportage

Dans le sud du Liban, quelques irréductibles tentent de rester malgré les frappes israéliennes

De la fumée au-dessus de Khiam, lors de combats entre l'armée israélienne et le Hezbollah, le 31 octobre 2024. Photo AFP

Le berger Khairallah Yaacoub a refusé de quitter le sud du Liban malgré une année d'échanges de tirs entre le Hezbollah et Israël, mais quand la guerre a éclaté en septembre, il s'est retrouvé bloqué parmi les ruines de son village frontalier.

Il fait partie de cinq villageois qui ont tenté de rester sur place malgré les assauts israéliens. Mais après avoir été blessé et perdu la moitié de ses 16 vaches dans des frappes, il a décidé de fuir.

Le 19 octobre, des Casques bleus de l'ONU ont secouru Khairallah Yaakoub et deux autres habitants de Houla, bloqués par les bombardements constants. Les deux derniers villageois à rester n'ont pu être retrouvés et étaient injoignables.

"Je voulais rester avec les vaches, mon gagne-pain", a-t-il dit affirmant avoir été contraint d'abandonner son troupeau après avoir été blessé par un éclat d'obus, qu'il a dû retirer lui-même avec un couteau, faute d'hôpital.

"Il m’était même difficile de quitter ma maison, car des avions de guerre tournaient constamment au-dessus de nos têtes et bombardaient autour de nous", a raconté M. Yaacoub, 55 ans, à l’AFP, décrivant des semaines de nuits blanches.

Maintenant déplacé au nord de Beyrouth, il passe ses journées à rêver de rentrer chez lui. "J'ai souhaité être mort à Houla et n'avoir jamais quitté le village", a-t-il dit. "S’il y a un cessez-le-feu, je rentrerai le soir-même. J’ai grandi à Houla... Je suis très attaché à mon village".

Chicha sous les bombes

Le 23 septembre, Israël a lancé une campagne aérienne visant principalement les fiefs du Hezbollah, puis a annoncé des incursions terrestres, tuant plus de 1.780 personnes au Liban, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles.

La guerre a déplacé au moins 1,3 million de personnes, dont plus de 800.000 à l'intérieur du Liban, selon l'ONU. Marqués par le souvenir de 22 ans d'occupation israélienne du sud du Liban (1978-2000), quelques villageois ont refusé de partir, de peur de ne pas pouvoir revenir.

Le 22 octobre, des Casques bleus de l'ONU ont évacué deux sœurs âgées, les dernières habitantes du village de Qawzah, où des combats intenses se poursuivent.

Les zones à majorité chrétienne et druze près de la frontière sont restées relativement sûres, Israël ciblant principalement les localités chiites sous l'influence du Hezbollah.

L'AFP a contacté une demi-douzaine de maires, de la localité côtière de Naqoura, proche de la frontière, jusqu'à Cana, à dix kilomètres plus loin, qui ont indiqué que leurs villages étaient totalement vides.

Mais à quelques kilomètres au nord de Cana, Abou Fadi, 80 ans, refuse de quitter Tayr Debba, un village visé à plusieurs reprises par l'armée israélienne. "Je fume ma chicha et je reste. Je n’ai pas peur", lance cet ancien policier du sud de Beyrouth qui tient désormais un kiosque à café sous l’ombre d’un olivier. 

"Têtu"

Environ 5.000 personnes vivaient dans ce village à l'est de la ville de Tyr, mais aujourd'hui, il ne reste qu’une poignée d'habitants, précise-t-il. "Rien que dans notre quartier, environ 10 maisons ont été endommagées, la plupart complètement rasées", dit-il. Il se sent "soulagé" que ses neuf enfants et 60 petits-enfants soient à l'abri. Mais lui "ne partira jamais". "Je suis attaché à cette maison et à cette terre depuis si longtemps."

Ces dernières semaines, un homme et une religieuse ont été arrêtés par l'armée israélienne dans deux villages libanais frontaliers, puis relâchés, selon un responsable de la sécurité libanaise.

L’un d’eux, Ihab Serhane, sexagénaire, vivait avec son chat et ses deux chiens à Kfarkila jusqu’à ce que les forces israéliennes envahissent le village et l’emmènent pour un interrogatoire en Israël. "C'était douloureux, mais au moins il n'y a pas eu de torture", a-t-il dit. Il a été libéré environ dix jours plus tard, puis interrogé de nouveau par l'armée libanaise, avant d'être relâché.

Une frappe a détruit sa voiture, le laissant bloqué, sans électricité, sans eau et sans communications, alors que son village devenait un champ de bataille. "J’étais têtu, je ne voulais pas quitter ma maison", a déclaré M. Serhane. "Je ne sais pas si mes animaux ont survécu... Pas une seule maison n'est restée debout" dans le village, y compris la maison familiale.

Le berger Khairallah Yaacoub a refusé de quitter le sud du Liban malgré une année d'échanges de tirs entre le Hezbollah et Israël, mais quand la guerre a éclaté en septembre, il s'est retrouvé bloqué parmi les ruines de son village frontalier.

Il fait partie de cinq villageois qui ont tenté de rester sur place malgré les assauts israéliens....