Des documents officiels provenant de l'administration américaine semblant donner des détails sur les préparatifs d'une attaque israélienne contre l'Iran, ont été publiés vendredi sur un compte Telegram pro-iranien.
Vendredi, le président américain, Joe Biden, avait affirmé à des journalistes à Berlin qu'il savait comment et quand l'Etat hébreu allait répondre à l’attaque aux missiles balistiques lancée par l’Iran contre le territoire israélien le 1er octobre.
L'origine de la fuite des deux documents publiés sur la chaîne Telegram « Middle East Spectator », où ils étaient toujours disponibles samedi comme a pu le constater L'Orient-Le Jour, a été attribuée par le Haaretz à l'Institut NIMSAT du département américain de la Défense, spécialisé dans les technologies avancées. Selon CNN, les documents proviennent de l'Agence nationale pour le renseignement géospatial pour l'un et de la NSA pour l'autre.
Ils auraient été, selon le compte Telegram, « fuités » par une « source au sein d'une agence américaine de renseignements » et montreraient les conclusions d'opérations de surveillance des préparatifs israéliens à la riposte à l'attaque iranienne. La chaîne « Middle East Spectator » se revendique « pro-Iran, pro-Palestine, anti-woke et anti-impérialiste » et serait basée en Iran, selon le compte X qui lui est associée.
Documents « top secret »
Selon la chaîne américaine CNN, les documents sont de nature « top secret » et des marqueurs y indiquent qu'ils ne sont destinés qu'aux États-Unis et à leurs alliés dit « Five eyes », soit l'Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni. Une des sources de la chaîne américaine a confirmé l'authenticité de ces documents.
Contactés par le média Axios qui, le premier, a révélé l'existence de la fuite, le Pentagone et le bureau du directeur du renseignement national ont refusé de commenter, sans toutefois contester l'authenticité des documents. Washington se serait néanmoins excusé auprès de Tel-Aviv pour cette fuite, d'après le Haaretz, citant une source israélienne. Car la révélation de ces rapports pourrait perturber la réponse israélienne contre l'Iran, alors que les feuillets divulgués font état de certaines mesures prises par les Israéliens pour préparer leur attaque, y compris des déplacements de munitions.
D'après le message accompagnant les documents sur la chaîne Telegram, les feuillets « top secret » évoquent des renseignements collectés les 15 et 16 octobre. Ils montrent notamment un rapport d'observation selon lequel l'armée de l'air israélienne a manipulé des missiles aérobalistiques (des missiles balistiques lancés depuis un aéronef) sur la base aérienne de Hatzerim, depuis le 8 octobre pour en armer des avions militaires. Il s'agirait notamment de missiles « Golden Horizon », évoqués pour la première fois publiquement, selon le Haaretz, et « ROCKS ». Ces derniers sont des missiles produits par l'entreprise de technologie militaire israélienne Rafael - récemment prise pour cibles par des tirs du Hezbollah -, qui peuvent être lancés par des avions de chasse F-16 ou F-35 de très loin, derrière les systèmes de défense anti-aérienne de l'ennemi, précise le quotidien.
Au cours des deux mêmes journées, toujours selon ces documents, l'armée de l'air israélienne aurait également déplacé des missiles air-sol sur les bases de Ramot David, à l'est de Haïfa, et Ramon, située dans le désert du Néguev. Des exercices aériens d'envergure auraient également été menés en vue d'une attaque potentielle avec « un grand nombre d'avions », notamment de chasse. Les exercices impliquaient notamment des manoeuvres de réapprovisionnement en carburant en vol. Un des documents ajoute que l'armée israélienne a effectué, le 16 octobre, des opérations avec des drones qui « permettent des surveillances secrètes de l'Iran et de la région ».
« Nous ne pouvons pas prédire de manière sûre l'échelle et l'étendue d'une frappe sur l'Iran ; une telle frappe peut avoir lieu sans avertissement supplémentaire des renseignements géospatiaux », peut-on lire sur un de ces documents. « Nous n'avons pas observé d'indications qu'Israël a l'intention d'utiliser une arme nucléaire », ajoute ce rapport.
Faille sécuritaire et confiance bilatérale
Selon trois sources au courant de l'affaire citées par CNN, Washington a lancé une enquête sur cette fuite, visant en premier lieu à déterminer qui avait accès aux documents censés provenir du Pentagone, une source haut placée évoquant une fuite « très inquiétante ». Toute fuite de ce genre provoque automatiquement une investigation par le FBI, le Pentagone et les agences de renseignements américaines, rappelle le média. Susceptible de révéler une faille sécuritaire importante au sein de la communauté des agences de renseignements américains, l'incident est pris très au sérieux par Washington.
Déjà mise à mal sous le dernier gouvernement très à droite de Benjamin Netanyahu, avec son projet de réforme judiciaire, puis sa conduite de la guerre à Gaza et au Liban, la relation bilatérale pourrait aussi en prendre un coup. « Le rapport, s'il est exact, suggère une surveillance très étroite et détaillée des préparatifs d'Israël en vue d'une attaque contre l'Iran par les services de renseignements américains, y compris via l'utilisation de satellites pour espionner les opérations menées dans les bases de l'armée de l'air israélienne », souligne Axios. Des mesures qui, employées entre alliés, peuvent provoquer des remous. Le Haaretz indique ainsi que les informations divulguées ont révélé que des avions de guerre avaient été déplacés dans des bunkers fortifiés souterrains sur la base aérienne de Hatzerim, pouvant les rendre vulnérables à une attaque.
Il n'est pour l'heure pas clair si les documents ont été piratés ou s'ils ont été fuités de l'intérieur comme le prétend la chaîne Telegram « Middle East Spectator ». Les Iraniens ont multiplié leurs cyberattaques aux États-Unis à l'approche de l'élection présidentielle qui opposera la vice-présidente démocrate Kamala Harris à l'ancien président républicain Donald Trump, que Téhéran ne souhaite pas revoir à la Maison-Blanche. Si l'objectif derrière la révélation des documents peut avoir été de perturber les plans israéliens pour attaquer l'Iran, voire de créer des dissensions entre les l'État hébreu et les États-Unis, un responsable américain a déclaré à Axios qu'il ne pensait pas que cela « influencerait les plans opérationnels d'Israël contre l'Iran ». Le Haaretz rappelle en outre que ce n'est pas la première fois que des documents classifiés sur Israël fuitent des agences de renseignements américaines. « (La fuite de) ces documents est une mauvaise chose certes, mais pas une chose terrible non plus. Le problème est s'il y en a plus », a pour sa part averti un responsable américain à CNN.
Des documents officiels provenant de l'administration américaine semblant donner des détails sur les préparatifs d'une attaque israélienne contre l'Iran, ont été publiés vendredi sur un compte Telegram pro-iranien. Vendredi, le président américain, Joe Biden, avait affirmé à des journalistes à Berlin qu'il savait comment et quand l'Etat hébreu allait répondre à l’attaque aux...
Diversion.
10 h 52, le 21 octobre 2024