C’est la politique de la terre brûlée. Feu à volonté, c’est la liberté laissée à un tireur de lâcher ses tirs en choisissant sa cible, et sans réserve. De Gaza au Liban, c’est la machine de guerre qui se déchaîne par tous les moyens de destructions, avions, drones, fusées et tous les moyens d’explosions. Les échanges entre Israël et l’Iran ressemblent à un dialogue entre gangs mafieux. Il y a certes la légitimité de la cause palestinienne, mais de plus la personnalité des responsables guidant les deux pays et leurs idéologies. En Israël, des dirigeants extrémistes, des personnalités d’une structure rigide avec des convictions inébranlables. Ces convictions sont imprégnées des écrits de la Torah et de la notion de la terre promise. Il faut rassembler tous les juifs en Israël en attendant le retour du « Massiah » ou « Mashiah ». Tandis qu’en Iran, les dirigeants avec des personnalités aussi radicales qui prônent la révolte des opprimés face à l’arrogance des grands et surtout l’éradication d’Israël. Ils cultivent la notion du sacrifice par un enseignement divin jusqu’au martyre et le don de soi comme un souhait suprême.
Nous sommes face à deux narratifs inébranlables, opposés, mortifères et se réclamant d’un même Dieu. Ces dirigeants s’éloignent des voies de dialogue et sont soutenus par des puissances préférant les cheminements guerriers. Que ce soit en Israël ou chez les Palestiniens, des hommes de bonne volonté existent. Des penseurs, des intellectuels, des historiens, des artistes parlent de paix et critiquent les dirigeants israéliens. Amos Oz, un intellectuel, a toujours plaidé en faveur de deux États. Daniel Barenboim, un chef d’orchestre israélo-argentin, a constitué un orchestre israélo-palestinien et a dénoncé l’attaque du Hamas et aussi le siège et les bombardements de Gaza. Il était proche d’Edward Saïd, un Palestinien. Ce dernier disait : « La Palestine est saturée de sang et de violence. Les peuples de Palestine, arabes et juifs, sont appelés à se renouveler pour leur bénéfice réciproque. » Il y a aussi le professeur israélien Omer Bartov de l’Université de Brown (USA) qui déclare que « nous devrions être capables de condamner le terrorisme du Hamas et de condamner l’intransigeance et la violence d’Israël à l’endroit des Palestiniens (...), et de comprendre que ce terrorisme est une réponse à cette intransigeance et à cette violence ».
Les deux clans semblent enfermés dans des bunkers de haine et de violence. Les extrémistes des deux bords deviennent des exterminateurs pour les peuples. Partant de ces constats, il faut espérer que les groupes de paix des deux bords puissent se rencontrer, dialoguer et trouver la solution dans l’intérêt de tous. Dans notre région nous vivons la honte face à la dégradation de la nature humaine, à la déshumanisation des radicaux parmi les dirigeants.
Dans ce brouillard de poudre et de canons, le Liban subit les pires atrocités. Un Liban meurtri, un Liban détruit, un Liban déchiqueté. Que faire ?
Les Libanais sont victimes, blessés, désorientés, traînant sur les routes, déracinés de leur terre, sans aides et sans espoirs. Ils sont laissés à la merci de l’aide étrangère alimentaire et médicale. L’Occident (États-Unis, France et autres) s’abrite derrière l’impuissance volontaire et ne trouve aucune proposition cohérente de construction ou de paix. Nos guerres se dépolitisent pour se théocratiser. Les passions populaires se déchaînent, alimentées par des chefs va-t-en-guerre qui les stimulent et les exploitent. C’est à la limite une fascination de la violence faisant miroiter des causes justes et des récompenses divines.
Comment arriver à calmer les enragés des deux bords en Iran et en Israël, noyés qu’ils sont dans des slogans qui dépassent l’entendement et qui s’engouffrent dans le sacré ?
Dans ce contexte, le Liban a besoin de voir s’établir un idéal national épuré, à la recherche du bien général.
Il faut retrouver l’État qui a été bafoué et redresser tous les efforts humains en vue de la relève.
Il faut répéter très fort notre besoin de paix juste sous les auspices des grandes puissances et des pays arabes.
Il faut élire un président avec une mission de redressement du pays avec le gouvernement.
Il faut un gouvernement qui gouverne honnêtement et avec des compétences.
Il faut renforcer l’armée, ranimer la justice et le respect des lois.
Il faut faire démarrer le courant économique pour le bien de tous.
Il faut et il faut…
Nous voilà avec beaucoup de questions et de souhaits, et avec beaucoup de réponses. Les questions sur l’avenir, et quel avenir !
L’avenir du pays et l’avenir de chacun, et l’avenir de notre jeunesse. Quelle main invisible réglera tous nos problèmes et nos questions !
Devant un monde en déséquilibre, un monde radioactif, nous avons de bonnes questions. Face à nos bonnes questions, nous sommes souvent confrontés à de mauvaises réponses toutes contradictoires. Nos réponses émanent de nos fantasmes et de nos rêves obscurs qui dénotent notre ignorance et la faillite de nos responsables affairistes et corrompus. Ils ont abusé de la bonne foi du peuple et ils ont navigué à courte vue sans avoir l’anticipation et la vision d’avenir de l’homme d’État. Dans le vaste théâtre du monde qui présente un spectacle douloureux, on doit relever la nature humaine et faire de sorte qu’après le temps de la guerre, on va retrouver le temps de la paix. Enfin, on peut espérer retrouver le bonheur, c’est-à-dire de continuer à désirer ce qu’on possède. Ensemble, inventons la paix et sauvons le Liban en faisant taire les canons.
Adel AKL
Psychiatre, psychanalyste
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Il faut que les syriens retournent chez eux , il faut que le Hezbollah soit libanais et pas iranien, il faut beaucoup de choses
18 h 24, le 15 octobre 2024