Arrivé dimanche soir à Beyrouth, le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, premier diplomate occidental de haut rang à se rendre au Liban depuis l'intensification des frappes israéliennes visant le Hezbollah, a appelé Israël à « s'abstenir de toute incursion terrestre » au Liban et à « cesser le feu », demandant également au Hezbollah de faire de même.
« J'exhorte les parties à saisir dès maintenant (la proposition de cessez-le-feu), a déclaré M. Barrot lors d'une conférence de presse à Beyrouth. Cette initiative est toujours sur la table. Il reste un espoir, mais il reste peu de temps. »
Paris et Washington, rejoints par des pays arabes, occidentaux et européens, ont appelé la semaine dernière à un « cessez-le-feu immédiat de 21 jours » entre Israël et le Hezbollah pour « donner une chance à la diplomatie ». Une initiative ignorée par Israël, qui a à l'inverse augmenté ses frappes et tué vendredi le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah.
« J’exhorte Israël à s'abstenir de toute incursion terrestre et à cesser le feu », a déclaré le ministre français en appelant « le Hezbollah à faire de même et à s’abstenir de toute action susceptible de mener à une déstabilisation régionale ». « Je rappelle que la situation actuelle tient largement à la décision de ce mouvement d’entrer dans le conflit dès le 8 octobre et d’y entraîner le Liban, ce que nous avons toujours déploré », a-t-il poursuivi. Il a dans ce cadre rappelé que « les paramètres d'un règlement diplomatique durable sont connus de longue date » et qu'il s'agit de « mettre pleinement en œuvre la résolution 1701 du Conseil de sécurité ». « Cela n’est pas impossible, pourvu que la volonté politique soit présente de part et d’autre », a-t-il souligné.
10 millions d'euros en urgence
Au début de son discours, M. Barrot a indiqué que sa visite « a un triple objectif : adresser un message de soutien aux Libanais (...), à nos ressortissants (...) et poursuivre nos efforts en vue d'une cessation des hostilités et d'un règlement diplomatique ».
M. Barrot a indiqué être venu au Liban « accompagné d'un avion militaire porteur de deux postes sanitaires mobiles permettant la prise en charge d'un millier de blessés graves, ainsi que d’une dizaine de tonnes de matériel médical ». « Cette aide a été répartie dans les hôpitaux libanais : l'hôpital Hariri et l'Hôtel-Dieu-de-France, ainsi qu’auprès des organisations non gouvernementales humanitaires, a expliqué M. Barrot. J’ai également débloqué en urgence 10 millions d’euros pour appuyer ces organisations humanitaires, au premier rang desquelles la Croix-Rouge libanaise ». Hier à son arrivée, le ministre français avait remis l'aide sanitaire d'urgence au ministre sortant de la Santé, Firas Abiad.
« Je suis venu à la rencontre de nos compatriotes qui résident au Liban, a aussi indiqué M. Barrot, avec une pensée particulière pour les familles des deux Français qui ont été victimes ces derniers jours des frappes ». Son arrivée à Beyrouth a coïncidé avec l'annonce de la mort d'un deuxième ressortissant français dans des circonstances encore non précisées. Une Française de 87 ans est décédée lundi dernier, après une « forte explosion » dans un village du Liban-sud.
« Je vais également œuvrer pour que ceux qui souhaitent quitter le pays puissent trouver des vols disponibles », a-t-il également dit.
Présidentielle et armée
M. Barrot a également abordé la question de la présidentielle, le Liban traversant une période de vacance présidentielle depuis le 31 octobre 2022. Il a dit attendre « une volonté politique » des dirigeants libanais.
« Ils doivent remettre leurs institutions en ordre de marche en élisant sans délai un président, a-t-il déclaré. Nous sommes prêts à les aider à s’accorder, mais cette responsabilité échoit d’abord aux chefs politiques libanais ». Plus tôt dans la journée, M. Barrot, accompagné de l'ambassadeur de France au Liban, Hervé Magro, s'est réuni avec le Premier ministre, Nagib Mikati au Grand Sérail puis avec le président du Parlement, Nabih Berry, à Aïn el-Tiné. « Je l’ai dit à M. Mikati et M. Berry : il est irresponsable de laisser le pays sans chef de l’État, a-t-il affirmé. C’est la condition de la préservation de l’unité et de la coexistence libanaises à l’heure où la guerre, après des années de crise économique, est susceptible d’exacerber les tensions internes.
Le ministre français a aussi été reçu à Bkerké par le patriarche maronite, Béchara Raï. Selon l'attaché de presse du patriarcat, Walid Ghayad, la réunion a porté sur l'importance d'élire un président de la République et la nécessité de mettre fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah était également au coeur de la rencontre.
Il a aussi été reçu par le commandant en chef de l'armée, Joseph Aoun, à Yarzé. Pendant son conférence de presse, il a d'ailleurs affirmé que la France allait renforcer son appui à l'armée, sans donner plus de détails. Il a conclu sa conférence de presse en disant : « La France continue de se tenir aux côtés du Liban ».
Mais qui est ce charmant monsieur?
23 h 39, le 30 septembre 2024