Des allures de guerre totale. Lundi, Israël a mené des frappes intensives, meurtrières et continues au Liban, frappant le Sud et la Békaa, mais aussi Jbeil, Kesrouan, le Metn et la banlieue sud de Beyrouth. Le dernier bilan provisoire du ministère de la Santé est lourd : 492 morts et 1 645 blessés. Parmi les tués, on compte 35 enfants et 58 femmes. Cette escalade israélienne inédite, qui semble avoir pris le Hezbollah au dépourvu, a aussi déplacé des dizaines de milliers de familles.
En soirée, l’armée israélienne a annoncé une nouvelle frappe « ciblée » dans la banlieue sud de Beyrouth, contre Ali Karaki, un haut commandant du Hezbollah. Selon le parti, ce chef militaire a échappé à la mort.
Cette attaque intervient dans la foulée d’une pléthore de frappes violentes, menées par salves, contre des « cibles du Hezbollah » dans la Békaa et au Liban-Sud, visant entre autres des villages qui, jusqu’à présent, avaient été épargnés par les affrontements. Selon notre correspondant au Liban-Sud Mountasser Abdallah, il s’agit notamment, dans le caza de Saïda, de Sarafand, Babliyé ou encore Ghaziyé. Dans le caza de Nabatiyé, Habbouch et Arabsalim ainsi que Nabatiyé el-Faouqa ont aussi été visés pour la première fois. De même pour Bourj el-Chemali, al-Massaken, Maachouk et Tayr Debba dans le caza de Tyr. Le mercure est également monté dans la Békaa où, selon notre correspondante Sarah Abdallah, 16 frappes ont ciblé la localité de Khodor, dans le caza de Rachaya, faisant pas moins de 14 morts. Le caza de Zahlé a également été ciblé pour la première fois, des localités comme Jlala ou même Chtaura s’étant retrouvées sous le feu d’Israël. Dans le caza de Baalbeck, une famille entière est également morte à Boudaï dans une frappe qui a ciblé la localité plus tôt.
Plus au nord, la localité de Nabi Osmane a aussi été ciblée par deux frappes. Israël a également visé des sites situés en dehors de ces deux régions, frappant notamment des régions chiites à Jbeil mais aussi dans le Kesrouan et même le Metn. « Plus de 1 100 cibles et plus de 1 400 types de munitions ont été ciblés », a indiqué le porte-parole arabophone de l’armée israélienne Avichay Adraee sur X. « Des avions de guerre et des drones de toutes les bases de l’armée de l’air ont décollé et effectué, au cours des dernières 24 heures, environ 650 sorties d’attaque dans le but d’éliminer les menaces », a-t-il ajouté, affirmant que ces raids ont ciblé des bâtiments, des voitures et des infrastructures dans lesquels « des missiles, des lanceurs de missiles et des drones piégés » se trouvaient. L’armée israélienne a déclaré que ces frappes allaient « se poursuivre dans un avenir proche » et que celles-ci seraient « plus importantes et plus précises ».
La réponse du Hezbollah
Selon l’armée israélienne, 165 roquettes du Hezbollah ont été tirées vers le nord d’Israël. Le parti a entre autres revendiqué de nouvelles frappes, avec des dizaines de roquettes, contre la base et l’aéroport de Ramat David, près de Haïfa. Il a également visé, à deux reprises, « le complexe militaro-industriel de la compagnie Rafael » situé au nord de Haïfa, à l’aide de dizaines de roquettes. La base et le complexe avaient déjà été pris pour cible par le Hezbollah dimanche. Le Hezbollah a bombardé aussi, avec des dizaines de roquettes, le quartier général du corps d’armée du nord, sur la base d’Ein Zeitim. En fin d’après-midi, le Hezbollah avait affirmé avoir bombardé le quartier général d’un bataillon dans la caserne Yoav et avoir pris pour cible les principaux entrepôts de la région du Nord sur la base de Nimra. En tout, et malgré l’escalade inédite côté israélien, le Hezbollah n’avait revendiqué que sept attaques au moment de passer sous presse. Il a tout de même veillé à préciser dans ses communiqués, pour la première fois depuis le 7 octobre, que ces opérations visaient aussi « à protéger le Liban et son peuple ».
L’armée israélienne a, en matinée, appelé les Libanais à « s’éloigner des cibles » du Hezbollah dans le sud du Liban, ajoutant que les frappes visant le Hezbollah allaient « se poursuivre dans un avenir proche » et qu’elles seraient « plus importantes et plus précises ». Il s’agissait du premier avertissement de ce type adressé à la population libanaise par l’armée israélienne depuis le début de la guerre. Dans ce contexte, des dizaines de milliers d’habitants du Liban-Sud ont fui la région. Le ministère de l’Intérieur a décidé d’ouvrir quelques écoles publiques et instituts professionnels, dans différentes régions du Liban, pour accueillir les déplacés.
Pezeshkian : L’escalade ne bénéficierait à personne
Côté israélien, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé qu’Israël était confronté à des « jours compliqués ». « J’ai promis que nous changerions l’équilibre de la sécurité, l’équilibre du pouvoir dans le Nord, et c’est exactement ce que nous faisons », a-t-il déclaré dans un message publié à la suite d’une évaluation de la situation au quartier général de l’armée. Un peu plus tard, Netanyahu a recommandé aux citoyens libanais de « s’éloigner des zones dangereuses ». « Nous avons lancé une opération proactive visant l’infrastructure de combat (du Hezbollah) construite depuis 20 ans. C’est très significatif », a affirmé, de son côté, le commandant en chef de l’armée israélienne, Herzi Halevi, cité par le Haaretz. « Nous frappons des cibles et nous nous préparons aux prochaines phases », a-t-il poursuivi dans un communiqué, sans donner de détails mais ajoutant qu’il « préciserait sous peu ».
Réagissant à cette escalade, le Premier ministre libanais, Nagib Mikati, a affirmé que « l’agression israélienne persistante contre le Liban est une guerre d’extermination à tous égards, un plan de destruction visant à anéantir les villes et les villages libanais ». Il a appelé « l’ONU et son Assemblée générale ainsi que les pays influents (...) à dissuader l’agression ». « Les attaques israéliennes s’intensifient, la situation est grave et devient de plus en plus dangereuse », a déclaré de son côté le ministre sortant de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui.
Sur la scène internationale, le président iranien Massoud Pezeshkian a accusé Israël de vouloir « élargir » le conflit au Moyen-Orient, soulignant que cela ne « bénéficierait à personne » et insistant sur le fait que Téhéran ne cherche pas à « déstabiliser » la région. « Nous savons mieux que quiconque que si une guerre plus importante devait éclater au Moyen-Orient, cela ne bénéficierait à personne dans le monde. C’est Israël qui cherche à élargir ce conflit », a-t-il déclaré à New York lors d’une table ronde avec des journalistes, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU où les discours des chefs d’État et de gouvernement démarrent mardi.
Le président américain Joe Biden a de son côté dit qu’il « travaillait à une désescalade » au Liban, en recevant à la Maison-Blanche le président émirati Mohammad ben Zayed al-Nahyane. « Nous travaillons à une désescalade qui permettrait aux gens de regagner leurs maisons en toute sécurité », a-t-il dit.
Le secrétaire général de la Ligue arabe Ahmad Aboul Gheit a, lui, condamné l’escalade israélienne ainsi que les « violations de la souveraineté libanaise ». Et le ministère saoudien des Affaires étrangères a affirmé que le royaume « suit avec inquiétude » la situation au Liban et met en garde contre le risque d’un élargissement de la violence. Le média saoudien al-Hadath affirme dans ce cadre qu’une réunion des ministres des Affaires étrangères arabes aura lieu en marge de l’Assemblée générale de l’ONU.
Les Israéliens n'ont-ils rien appris de l'holocauste ni de la Shoah ? Que la violence ne règle rien mais ne fait que les déshumaniser, et eux et nous tous ? Honte à tous !
12 h 56, le 24 septembre 2024