Le secrétaire général du Hezbollah l’a confirmé publiquement dans son dernier discours, le « front de soutien » à Gaza ouvert à partir du Liban ne sera fermé que lorsque l’agression contre les Palestiniens s’arrêtera. Ce n’est peut-être pas une nouveauté, mais Nasrallah a estimé qu’il fallait le dire clairement après la double attaque énorme et sans précédent de mardi et mercredi ayant visé des appareils de communication appartenant à des membres de son parti. Désormais, la décision du Hezbollah est donc irrévocable et plusieurs raisons ont poussé la formation à la prendre. Ceux qui, avant ces deux attaques, pensaient que les critiques internes adressées au Hezbollah à cause de l’ouverture de ce front au sud pouvaient le pousser à trouver un moyen de sortir de cet engrenage sans perdre la face en sont désormais pour leurs frais. Aujourd’hui, plus que jamais, le Hezbollah ne peut plus abandonner le front de soutien à Gaza qu’il a ouvert, parce que cela signifierait, entre autres choses, qu’il a perdu la guerre.
D’ailleurs, le fait que Hassan Nasrallah ait placé, dans son discours de jeudi, les deux dernières attaques dans le cadre d’une énorme pression israélienne pour le pousser à fermer le front de soutien justifie à ses yeux son refus de le faire. D’une part, le fait de dire que la première attaque a été immédiatement suivie de messages transmis par différentes parties occidentales et autres pour fermer le front de soutien sinon il y aura une nouvelle est rassurant. Car d’une certaine façon, cela écarte le scénario développé par de nombreux analystes selon lequel il s’agirait du début d’une vaste opération terrestre contre le Liban. En affirmant que l’objectif de cette attaque était de pousser vers la fermeture du front de soutien, Nasrallah a donc éliminé cette possibilité et réduit en quelque sorte l’objectif de cette attaque à un souci israélien d’en finir avec le front avec le Liban. Mais de l’autre, il s’est donné une bonne raison pour ne pas fermer le front de soutien, car cela signifierait faire l’intérêt d’Israël.
En donnant une grande importance au front du Liban et à ses effets sur la guerre en cours à Gaza et en Cisjordanie, Nasrallah a aussi montré à tous ceux qui critiquent le rôle qualifié de modeste du Hezbollah dans la grande bataille qui se déroule depuis le 7 octobre 2023 que le front du Liban est particulièrement efficace et fait partie des fronts qui dérangent le plus les Israéliens. Il a d’ailleurs expliqué cela en se référant à de nombreuses déclarations de responsables israéliens, actuels ou anciens. Mais en même temps, la reconnaissance de l’importance du front de soutien libanais donne au Hezbollah une grande responsabilité dans l’évolution de la bataille. Il ne peut plus désormais l’arrêter ou même songer à prendre des pauses, puisque, de son avis et de celui des Israéliens, ce front a un grand poids sur le cours des événements.
De même, si le Hezbollah décide aujourd’hui d’arrêter la guerre à partir du Sud, non seulement il sera en train de déclarer sa défaite, mais il sera aussi en train de balayer tout ce qui a été fait au cours des dernières années, les fameuses équations de dissuasion en vigueur depuis 2006, l’aura de force et de puissance qu’il s’est construite au fil des échéances et sa façon de gérer la guerre médiatique. Sur le plan purement interne libanais, il serait en train de donner à ses adversaires un grand motif pour l’attaquer et il perdrait ainsi toute la crédibilité qu’il a forgée à travers les années. À ce point précis de l’évolution des événements, et après les deux terribles attaques israéliennes, le Hezbollah ne peut pas se permettre la moindre faiblesse et encore moins la moindre défaillance. Toute décision de fermer le front à partir du Liban serait ainsi interprétée comme une reconnaissance de son impuissance et comme une éventuelle victoire pour ses ennemis. Ce qui aura forcément des répercussions sur sa position et sur son poids en interne.
Toujours dans le même ordre d’idées, si le Hezbollah décidait de fermer le front ouvert au sud, il serait aussi en train de permettre aux Israéliens d’avoir les coudées plus franches à Gaza et en Cisjordanie, en leur donnant la possibilité de libérer les forces postées dans le nord de la Galilée pour qu’elles se battent sur les autres fronts.
Il y a aussi un autre facteur qui compte beaucoup dans toute l’image que s’est donnée le Hezbollah au Liban et dans la région : s’il décide d’arrêter maintenant la guerre à partir du sud, il sera en train de bafouer toutes les valeurs qu’il affirme incarner, notamment la solidarité avec le peuple palestinien, la loyauté, la bataille pour les principes et la lutte pour les causes justes.
Enfin, et c’est sans doute là l’élément le plus important, si le Hezbollah décide de fermer aujourd’hui le front du Sud, même après avoir trouvé un scénario qui lui permette de sauver la face auprès de ses partisans, cela ne signifiera pas que les Israéliens ne lanceront pas une grande opération contre le Liban, une fois qu’ils en auront fini avec Gaza et qu’ils se sentiront en mesure de le faire. Une déclaration du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, selon laquelle même si la guerre se termine à Gaza, cela ne signifiera pas que le front du Liban se calmera, alimente cette possibilité. Dans l’optique du Hezbollah, pourquoi faudrait-il donc attendre que les Israéliens choisissent le moment qui leur convient pour lancer une grande opération contre le Liban ? Il serait donc préférable, à ses yeux, de maintenir le front ouvert pour justement éviter (autant que possible) une attaque d’envergure contre le Liban, ou en tout cas y être préparé.
Pardon mais c'est du grand n'importe quoi. Madame, vous essayez de défendre l'indéfendable. C'est à se demander si vous vivez au Liban...vous savez ce petit pays multiconfessionnel qui saigne depuis trop longtemps, et qui est aujourd'hui occupé par une milice iranienne qui se prétend au service de Dieu. Il est temps que les libanais se révoltent !
17 h 40, le 21 septembre 2024