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Dans le sud du Liban, la rentrée scolaire sous les bombes

Pour la première fois depuis près d'un an, la cloche a retenti à l'école des Saint-Coeurs de Marjayoun, proche de la frontière avec Israël dans le sud du Liban, malgré les combats tout proches.

Depuis octobre 2023, les élèves de cette école suivaient les cours à distance en raison des échanges de tirs quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah libanais.

"J'ai amené mes deux garçons, nous sommes heureux, mais tendus en même temps, nous avons peur d'une frappe (..)", dit Mariam Hardane Farès, qui accompagne ses deux fils âgés de huit et dix ans.

Leurs cartables sur le dos, les élèves portant l'uniforme de cette école catholique, T-shirt blanc et pantalon bleu marine, s'éparpillent gaiement dans la cour avant de gagner les salles de classe.

"Nous sommes contents de revenir après une année difficile en raison de l'enseignement à distance, nous espérons pouvoir continuer à venir à l'école cette année", dit Yasmine Abou Ibrahim, une adolescente.

Marjayoun, bourgade chrétienne située à quelque dix km de la frontière, a été relativement épargnée par les violences mais vit depuis près d'un an au rythme des explosions quotidiennes.

- "Surmonter les dangers" -

"Nous avons voulu surmonter les dangers et rouvrir nos portes", dit la directrice de l'établissement, Soeur Hiam Habib, après une année d'enseignement à distance avec "de nombreuses difficultés logistiques, dont les coupures de courant et la faiblesse du réseau internet".

Au Liban en plein effondrement économique, l'Etat n'assure plus le courant électrique que quelques heures par jour et le réseau internet est de plus en plus capricieux.

"Les circonstances sont exceptionnelles mais nous ne pouvons pas nous résigner et faire perdre aux enfants une nouvelle année", assure la directrice.

Dès le lendemain du déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, le Hezbollah a ouvert le front du sud du Liban pour soutenir son allié palestinien.

Les violences transfrontalières ont fait depuis 627 morts au Liban, pour la plupart des combattants mais aussi au moins 141 civils, selon un bilan de l'AFP. 

Plus de 112.000 personnes ont été déplacées de leurs foyers dans le sud du Liban, selon l'ONU, dont 35% sont des enfants.

Côté israélien, les autorités ont annoncé la mort d'au moins 24 soldats et 26 civils. 

Gladys Rizk, une mère venue accompagner ses enfants, souligne que les élèves "ont à peine reçu une instruction depuis six ans, en raison du Covid, de la crise économique, ou de cette guerre à laquelle personne ne s'attendait et que personne ne voulait".

- "Nos enfants sont habitués" -

L'école des Saint-Coeurs accueille 350 élèves, dont des familles de déplacés des environs qui se sont installés dans la bourgade, selon la religieuse.

Les années précédentes, l'établissement comptait plus de 500 élèves, "mais les habitants de nombreux villages proches ont dû partir" en raison des bombardements, explique la directrice.

A Marjayoun, les bruits des explosions sont clairement entendus, alors que les drones de reconnaissance survolent régulièrement la région et que les avions de chasse israéliens franchissent le mur du son.

"Nos enfants se sont habitués à ces bruits, nous leur disons de ne pas avoir peur et de ne pas crier (lors des bombardements) pour ne pas inquiéter leurs camarades à l'école", dit Elie Rmeih, un parent d'élève.

Quelques autres écoles privées ont rouvert leurs portes dans le sud du Liban, mais dans les établissements publics, qui accueillent le plus grand nombre d'élèves, la rentrée se fera le 30 septembre.

Dans les villages frontaliers, quasiment désertés par leurs habitants, sept écoles gouvernementales sont fermées, et plusieurs ont été endommagées par les bombardements, explique à l'AFP Ahmad Saleh, responsable du sud du Liban au ministère de l'Education.

Il s'attend à "une hausse de 20 à 30% du nombre d'élèves" cette année dans les écoles encore ouvertes de la région, plus éloignées de la zone des combats.

"Les habitants des villages soumis à des bombardements sont partis, et les élèves vont s'inscrire dans les lieux où ils se sont réfugiés, jusqu'à ce que le calme revienne", explique-t-il.

str-lk/at/feb

© Agence France-Presse

Pour la première fois depuis près d'un an, la cloche a retenti à l'école des Saint-Coeurs de Marjayoun, proche de la frontière avec Israël dans le sud du Liban, malgré les combats tout proches.

Depuis octobre 2023, les élèves de cette école suivaient les cours à distance en raison des échanges de tirs quotidiens entre l'armée israélienne et...