C’est la première fois depuis plus de treize ans que la Turquie était conviée à participer à une réunion de la Ligue arabe. Lundi, au Caire, les ministres des Affaires étrangères de l’organisation régionale se sont retrouvés pour parler notamment de la situation à Gaza, et le chef de la diplomatie turque y a tenu un discours à la portée régionale. Devant ses homologues arabes, Hakan Fidan a appelé à l’unité face à Israël, accusant « ceux qui continuent de soutenir (le Premier ministre israélien Benjamin) Netanyahu d’être complices du génocide en cours » dans l’enclave palestinienne.
Seule ombre au tableau d’Ankara, qui, dans des relents d’une politique étrangère qui semblait révolue, entend jouer un rôle régional de premier plan au sein de la communauté des pays musulmans, la délégation syrienne a quitté la salle lors du discours de son ministre des Affaires étrangères. Menée par le chef de la diplomatie Fayçal Mekdad, l’équipe syrienne présente au Caire s’est levée et s'est dirigée vers la sortie au moment de l’annonce du discours de Hakan Fidan, pour ne revenir qu’une fois ce dernier terminé. Damas, qui a réintégré la Ligue arabe en mai dernier sous le patronage de l’Arabie saoudite, n’aurait-il donc donné son feu vert à la présence de son voisin au sommet que pour l’humilier ?
Entre les présidents Recep Tayyip Erdogan et Bachar el-Assad, la réconciliation se fait encore attendre, après plus d’une décennie de rivalité et d’affrontements par affiliés interposés. Si les signes d’ouverture à un rapprochement se sont récemment multipliés, encouragés notamment par la Russie, ils sont surtout restés lettre morte. La présence de troupes turques dans le nord syrien, l’épineuse question du retour des réfugiés et l’avenir des forces kurdes dans le nord-est sont autant de points d’achoppement encore en suspens. Alors que le pouvoir à Ankara aurait mis la pression sur les groupes d’opposition syrienne qu’il soutient pour ne pas faire obstruction à une réconciliation avec le régime de Damas, le retrait des forces turques est une condition essentielle de toute normalisation, selon le ministre syrien des Affaires étrangères.