Le charnier de Alo Antar, situé près de la ville de Tall Afar dans le nord-ouest de l’Irak, est la dernière des 68 fosses communes que l’équipe de l’ONU aura fouillées, a rapporté jeudi le New York Times. Il ne reste plus que deux semaines à l’équipe scientifique des Nations unies, Unitad, pour conclure son enquête sur le génocide perpétré par le groupe jihadiste État islamique (EI) contre la communauté yézidie. Une décision annoncée par le gouvernement irakien en septembre dernier et qui empêchera les enquêteurs d’accéder à 32 fosses communes situées dans les districts de Sinjar et d’al-Ba’aj (Nord-Ouest). « Il appartient à l'Irak d’exercer son droit souverain de décider de l’avenir de cette mission », a réagi le chef des enquêtes Christian Ritscher, arguant toutefois qu’une fin prématurée et abrupte de l’Unitad entraînerait « une perte pour toutes les parties concernées ». Ces charniers contiennent selon les enquêteurs « les preuves tangibles » du génocide commis par l’EI lors de son occupation du nord et de l’ouest de l’Irak, de 2014 à 2017. Un crime reconnu par le Parlement irakien en mai 2021.
À la demande de Bagdad, les Nations unies ont dépêché une équipe d’experts dès le retrait de l’EI des zones kurdes en 2017 afin de documenter les massacres commis à partir de 2014 par le groupe jihadiste qui a assassiné, torturé, kidnappé et forcé à l’esclavage sexuel des milliers de Yézidis dans le but explicite de les éliminer en tant que groupe ethnique et religieux. En s’emparant de la deuxième plus grande ville du pays, Mossoul, et de la région de Sinjar, l’EI aurait tué plus de 5 000 Yézidis et enlevé 6 500 femmes et enfants, sur les 550 000 membres de la communauté présents au total en Irak, selon Amnesty International. Parmi les différents éléments matériels sollicités – preuves électroniques, témoignages et analyses balistiques –, l’exhumation des charniers a permis d’accéder aux dépouilles mortelles des victimes et de les analyser. Sur les 2 700 Yézidis portés disparus, les restes d’environ 700 personnes ont été exhumés grâce à Unitad, mais seuls 243 corps ont été identifiés et rendus à leurs familles.
Retour des familles déplacées dans leurs régions teinté d'incertitudes
La décision du gouvernement irakien de mettre fin à la mission Unitad apparaît comme une volonté de tourner la page de cette période devenue tabou et de ne pas réveiller les ressentiments confessionnels entre sunnites et chiites, qu’avait renforcés la présence de l’EI en Irak. Elle coïncide également avec une volonté de Bagdad d'accroître sa souveraineté nationale, à l’heure où les discussions se poursuivent sur le retrait des troupes américaines du pays en septembre 2025, alors que ces dernières sont présentes depuis 2014 pour lutter contre l’EI. Le départ contraint des enquêteurs des Nations unies pourrait ainsi constituer un geste du Premier ministre irakien sous pression des factions pro-iraniennes, qui souhaite se positionner à l’approche du scrutin législatif prévu en 2025. Selon une chercheuse citée par le New York Times, le gouvernement irakien reproche également à Unitad de refuser de remettre à Bagdad les preuves recueillies sur les exactions de l’EI, alors qu’elle les partage avec d’autres États. Une information démentie par l’équipe d’enquêteurs qui assure avoir présenté aux autorités irakiennes une série de rapports d’évaluation comprenant des conclusions juridiques de l’enquête.
Bagdad aurait exprimé sa volonté de poursuivre les fouilles des fosses communes après le départ des enquêteurs de l’ONU, bien qu’il n’est pas certain que les autorités irakiennes aient les ressources pour le faire. En mars 2023 le gouvernement avait alloué 38,5 millions de dollars à un fonds nouvellement créé pour la reconstruction du Sinjar et de la plaine de Ninive, ravagés par les combats, et assuré ainsi le retour de quelque 200 000 déplacés ayant majoritairement trouvé refuge dans des camps de déplacés situés dans le nord de l’Irak. Mais en juillet dernier, la décision de fermer les camps a été annulée par le gouvernement irakien, qui évoque des menaces sécuritaires dans la région où sont présents les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a toutefois pointé en août dernier « le manque de logements adéquats et de services de base, y compris l’eau courante, l’électricité, les soins et l’éducation » dans les régions yézidies pour assurer le retour des familles déplacées.
Tous les extrémistes , prétextant une religion ou une loi divine quelle qu'elle soit, sont le cancer de la planète. Prenez exemple sur les pays laïcs ou athées, il n'ont pas de pbs communautaires. J'en ai vraiment marre d'entendre chaque jour les mots musulmans , juifs, chrétiens....
07 h 42, le 09 septembre 2024