Le député démissionnaire du Courant patriotique libre (CPL), Ibrahim Kanaan, a demandé lundi au parquet de cassation l’ouverture d’une information judiciaire pour identifier et sanctionner les auteurs d’accusations lancées contre lui qui déferlent sur les réseaux sociaux depuis qu’il a annoncé mercredi sa démission du parti aouniste. Ces accusations pointent « des virements bancaires sur ses comptes à l’étranger » après la crise financière survenue en octobre 2019. Elles sont assorties de documents attribués à la banque Crédit libanais, dans lesquels sont mentionnés des transferts d’argent au bénéfice de M. Kanaan et de son épouse.
Joint par L’Orient-Le Jour, M. Kanaan affirme que « ces mensonges » selon lesquels il aurait viré de l’argent, avaient pourtant été infirmés par la banque elle-même. Daté de novembre 2020, un courrier émanant du Crédit libanais, et dont L’OLJ a consulté une copie, indique que les documents en question sont « falsifiés », et qu’ « aucun autre virement « n’a été opéré en faveur du député et de son épouse. M. Kanaan ajoute qu’un document similaire avait été publié par la Banque du Liban et d’Outre-Mer (BLOM Bank).
Il rappelle qu’il y a un peu plus de trois ans, il avait porté devant le parquet de cassation une plainte contre X que le procureur Ghassan Oueidate (retraité en février dernier) avait déférée au parquet d’appel en juillet 2021, lui demandant d’engager des poursuites pour diffamation et falsification de documents. L’Office de lutte contre la cybercriminalité avait procédé auparavant à des investigations à ce sujet. Le parquet d’appel avait ensuite confirmé les poursuites « contre quiconque sera désigné par l’enquête comme ayant prétendu que M. Kanaan avait viré en Suisse des montants en dollars américains ». Le dossier avait été ensuite transmis au juge d’instruction de Beyrouth, Fouad Mrad, « qui poursuit ses investigations sur l’identité des diffamateurs », indique sous anonymat un avocat proche du député.
« Assassinat moral »
Ibrahim Kanaan dénonce via notre journal son « assassinat moral ». Dans un communiqué, il considère que « la machine du mensonge et de l’incitation continue de falsifier les faits, dans le but de déformer la vérité et porter atteinte à (son) parcours dans la politique et la législation (…) » Il a fait part de sa volonté de découvrir « le cerveau de la tromperie », tout en déclarant que « les personnes derrière cette campagne sont connues ». Interrogé sur leurs identités, le député n’a pas souhaité en dire davantage.
À l’heure actuelle, le député démissionnaire, qui est président de la commission parlementaire des Finances, est par ailleurs confronté dans un échange acerbe à l’ancienne ministre de la Justice Marie-Claude Najm sur la non-adoption du plan de restitution des dépôts qui avait été établi par le gouvernement de Hassan Diab (2020) dont faisait partie Mme Najm. Pour cette dernière, M. Kanaan assume une part de responsabilité à ce sujet, tandis que le député soutient que ce plan n’a jamais été transmis au Parlement à travers un projet de loi et qu’en tout état de cause, ce texte prévoyant notamment de récupérer dix milliards de dollars provenant de l’argent de la corruption « n’est nullement réalisable », selon un proche du député.
Marie-Claude Najm a appelé Ibrahim Kanaan à un débat public autour de la question. Le proche du député indique que ce dernier est prêt pour cela, soulignant que l’ancienne ministre se trouve actuellement en dehors du Liban. Contactée, cette dernière n’était pas joignable dans l’immédiat.
Il ne lui reste qu’à exiger les preuves de ses virements pour qu’il puisse à son tour publier les preuves du pillage de notre pays, surtout du ministère de l’énergie qui a ruiné et assombri tout le Liban. Ainsi la boucle sera bouclée. La justice sera mise au pied du mur et finira peut être par faire son boulot.
11 h 02, le 04 septembre 2024