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Liban - Censure

La propriétaire du site Lebtalks ne répond pas à sa convocation devant le bureau de lutte contre la cybercriminalité

Christiane Gemayel fait l’objet d’un recours porté par les avocats d’une association de défense des droits des déposants que la journaliste accuse d’exploiter les dossiers de leurs clients.

La propriétaire du site Lebtalks ne répond pas à sa convocation devant le bureau de lutte contre la cybercriminalité

Le bâtiment du Palais de justice à Beyrouth. Photo P.H.B.

La fondatrice et propriétaire du site d’information Lebtalks, Christiane Gemayel, n’a pas comparu lundi à l’audience que lui avait fixée le bureau de lutte contre la cybercriminalité sur base d’une plainte d’avocats membres d’Amoualouna Lana (« Notre argent est à nous »), une association de défense des droits des déposants.

La démarche des plaignants était intervenue en réaction à un article de Mme Gemayel daté du 7 juin, dans lequel elle avait critiqué « des pratiques et mesures illégales, non conformes à la profession d’avocat ». La journaliste avait dans ce cadre mentionné le nom d’avocats qui, selon elle, « exploitent des dossiers judiciaires liés à des déposants pour obtenir des montants allant jusqu’à 30 % de la valeur des fonds que ces déposants cherchent à récupérer ».

Pour mémoire

Une éditrice de Lebtalk convoquée suite à la plainte de membres d’une association de déposants

Contactée par L’Orient-Le Jour, Christiane Gemayel se dit « convaincue » des propos qu’elle a exprimés dans son article. « J’y suis peut-être allée un peu fort en disant la vérité », admet-elle toutefois. À l’opposé, Me Maya Geara, qui figure parmi les auteurs de la plainte en question, soutient qu’« il n’y a aucun mot véridique » dans ce qu’a écrit la journaliste.

Tribunaux des imprimés versus organe de sécurité

Mme Gemayel indique qu’en tout état de cause, le bureau de lutte contre la cybercriminalité n’a pas la compétence légale de la convoquer. « Je suis attachée à la loi qui protège les journalistes dans leur travail en interdisant les recours contre eux devant tout service de sécurité », a-t-elle déclaré lundi dans un communiqué pour justifier sa non-comparution. Son avocat, Michel Fallah, s’était présenté ce jour-là devant le bureau de lutte contre la cybercriminalité, invoquant les articles 28 et 29 de la loi sur les imprimés qui limitent l’examen des recours contre les journalistes aux tribunaux des imprimés et aux juges d’instruction.

Christiane Gemayel, propriétaire de Lebtalks. Photo tirée de Facebook

Selon nos informations, la plainte contre Mme Gemayel, dans laquelle elle est notamment accusée de « faire du parasitage et (d’)induire en erreur l’opinion publique » avait été présentée devant le parquet d’appel du Mont-Liban, qui l’a déférée devant l’organe de sécurité. « Ce n’est pas à nous de décider quelle instance se penchera sur l’affaire », indique Me Geara, disant d’ailleurs préférer une enquête menée par un juge « en présence des deux parties au litige », plutôt que par un service de sécurité qui procède aux interrogatoires en l’absence des plaignants.

D’autres journalistes convoqués

Une source juridique indique à L’OLJ que le parquet défère souvent une plainte à un service en lui demandant de s’assurer de l’identité de la partie objet du recours. Dans ce sillage, cette source suppute que le bureau de lutte contre la cybercriminalité rendra au parquet le dossier de Mme Gemayel sur base de documents prouvant sa qualité de journaliste, présentés par son avocat lors de la séance de lundi. Ce même bureau devrait renvoyer aussi au parquet les recours portés également par les avocats membres d’Amoualouna Lana contre quatre autres sites d’information, Houna Loubnan, Lebanon Debate, Assyassa et Assas Media. En effet, les représentants de ces médias n’entendent pas comparaître, à en croire la source précitée. Le responsable d’Assyassa, Rami Naïm, a par exemple affirmé lundi à Lebtalks qu’il ne se plierait pas à sa convocation prévue pour mercredi, considérant que le bureau de lutte contre la cybercriminalité n’est pas compétent pour enquêter auprès des journalistes.

La convocation de Christiane Gemayel devant le bureau de lutte contre la cybercriminalité avait provoqué des réactions en sa faveur, notamment celles du président de l’ordre des rédacteurs Joseph Kossaïfi et du ministre de l’Information Ziad Makari, qui avaient affirmé que les plaintes contre les journalistes sont du ressort du tribunal des imprimés. Plusieurs ONG, notamment Reporters sans frontières, Journalistes pour la liberté et l’Association du journalisme alternatif, ont également exprimé leur solidarité à l’égard de la propriétaire de Lebtalks.

La fondatrice et propriétaire du site d’information Lebtalks, Christiane Gemayel, n’a pas comparu lundi à l’audience que lui avait fixée le bureau de lutte contre la cybercriminalité sur base d’une plainte d’avocats membres d’Amoualouna Lana (« Notre argent est à nous »), une association de défense des droits des déposants. La démarche des plaignants était intervenue en...
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