Le nombre de déplacés à l’intérieur du Liban, fuyant le conflit qui oppose le Hezbollah et Israël, a augmenté de 10 000 environ entre la mi-juillet et la mi-août, ce qui porte leur nombre total à 110 099, la plus grande partie d'entre eux ayant quitté les zones sensibles proches de la Ligne bleue depuis le 8 octobre 2023, au lendemain du début de la guerre à Gaza, selon un rapport publié le 15 août par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), affiliée aux Nations unies.
Ce rapport ne précise pas les causes de cette augmentation. Contactée par L’OLJ, l’OIM s’est abstenue de commenter, s’en tenant aux chiffres et à la méthodologie suivie et au ministre sortant de l'Environnement Nasser Yassine, chargé par le Conseil des ministres de gérer ce dossier.
Au-delà de la réalité préoccupante des familles forcées de fuir leurs régions depuis bientôt 11 mois, l’affolement du compteur traduit la nouvelle ampleur que prend le conflit. D’une part, des habitations du Liban-Sud sont quotidiennement ciblées par des bombardements israéliens, ce qui n'était pas le cas au début de la guerre. « Depuis que les habitations sont visées par les bombardements, davantage de personnes sont touchées et décident de prendre la fuite », constate une source informée proche de l’ONU, sous couvert d’anonymat. D’autre part, l’armée israélienne vise des cibles plus en profondeur en territoire libanais. « Les bombardements dépassent désormais les villages frontaliers et touchent l’intérieur des terres, voire le nord des cazas du Liban-Sud », observe la même source.
Départs de Bint Jbeil, Marjeyoun, Tyr
Résultat, l’exode des habitants des cazas de Bint Jbeil, Marjeyoun et Tyr, qui se suivent de la côte jusqu'à l'intérieur du pays, continue d’augmenter, tandis que la tendance est beaucoup moins prononcée dans celui de Hasbaya, le plus à l'est des quatre. Au 13 août, Bint Jbeil comptait 75 539 déplacés contre 71 447 en juillet, Marjeyoun 14 949 contre 12 302 un mois plus tôt et Tyr 12 963 contre 10 963, à la même période, et enfin Hasbaya 2 940 contre 2 134.
Pour obtenir et mettre à jour les données sur le nombre de déplacés au Liban, leur région d’origine et leur point d’arrivée, l’OIM a dépêché 44 enquêteurs sur place et peut compter sur 3 600 informateurs-clés pour mener des enquêtes en face-à-face et à distance. « Le processus commence par la compilation d'une liste de contacts essentiels, maires, fonctionnaires municipaux, moukhtars, activistes, points focaux de quartier, courtiers et chefs religieux, avec lesquels les évaluations sont menées », explique à L’OLJ Dayane Ibrahim de l’OIM. « Pendant cinq jours, les enquêteurs recueillent des données sur les personnes déplacées à l'intérieur du pays, celles qui sont retournées chez elles, et les répartitions démographiques par sexe et par âge », poursuit-elle.
Quant à l’exactitude des données, elle est « garantie par la répétition des évaluations et le recoupement des informations de trois unités, l’unité de suivi des déplacements (de populations) de l’OIM, celle de la Croix-Rouge libanaise et celle de la gestion des catastrophes au Liban ».
Durant la semaine précédant le 13 août, les destinations des personnes nouvellement déplacées étaient Jbeil (16 %), Baalbeck (12 %), Beyrouth (11 %), Aley (11 %) et Baabda (8 %), précise l’OIM.
L’assassinat de Fouad Chokor
Ce qui a immanquablement semé la panique, c’est l’assassinat du haut commandant du Hezbollah Fouad Chokor, fin juillet à Haret Hreik, un quartier de la banlieue-sud de Beyrouth, suivi quelques heures plus tard par celui du chef politique du mouvement palestinien Hamas, Ismaïl Haniyé, à Téhéran, tous deux attribués à Israël, ce qui a attisé les craintes de représailles et d’un embrasement local et régional.
Le dernier rapport de l’OIM, au 15 août, fait état de 1 737 déplacés qui ont quitté la capitale libanaise et 1 449 la région de Baabda en août, contre seulement 274 déplacés de Baabda et aucun de Beyrouth, un mois plus tôt. «L’assassinat d'un cadre supérieur du Hezbollah en pleine banlieue-sud de Beyrouth a poussé nombre d’habitants à partir », reconnaît la source précitée.
Avec la proximité de la rentrée scolaire, une nouvelle cause de départ pourrait s’ajouter aux trois autres. Le ministre de l'Éducation, Abbas Halabi, avait en effet déclaré à L’OLJ, dans une interview exclusive le 8 août, que si la guerre se poursuivait, les élèves affectés seraient inscrits dans d’autres établissements. Une décision qui a pour objectif d’éviter aux élèves résidant à la frontière sud du pays, de subir pour la deuxième année consécutive un enseignement en ligne qui a montré ses limites.
Oui mais ils sont fiers de payer de leurs vies pour protéger celui qui est la cause de leur malheur parce qu’il ne cesse de leur répéter, « l’humiliation c’est fini ». Ils préfèrent donc être humiliés et sacrifiés par un des leurs.
11 h 33, le 27 août 2024