En août 2070, André échange après un long coma avec son infirmière Sona, un robot humanoïde. Elle lui énonce ce qu’elle sait déjà de ses écrits : « Les histoires de famille occupaient vos livres. » Il répond : « Merci de raviver de beaux souvenirs. Dès mon plus jeune âge, j’ai été attiré à écouter les expressions verbales de la personne, mais aussi les gestes et les mouvements du visage, afin de mieux saisir ce que l’autre dit ou pas. Ce parcours correspond à une belle expérience des liens au passé en un milieu dégagé et peu prévisible. Les dispositions festives s’accordaient à la composition des élans afin de répondre sensiblement aux attentes des uns et des autres. » Sona précise : « Dans votre roman, Dommage, vous dites : On m’a appris à ne pas taire un avis ni à le décaler, même si cela ne plaît pas particulièrement à l’interlocuteur. » André répond : « Nous avons survécu par miracle à la guerre civile de 1975 et à la dévastation du 4 août 2020. Cependant, il a été inutile de dégager ma juste colère, car au-delà des promesses verbales, la justice n’est toujours pas faite. Personne ne nous a considérés. Notre mode de survie demeure méconsidéré et gravement pollué. Après la nouvelle carte géographique au Moyen-Orient, en Ukraine et ailleurs, que s’est-il passé durant mon sommeil ? »
Sona répond : « Voici un résumé de la presse internationale : le monde a passé de la multiplication des haines à l’indifférence. La sagesse perdure chez quelques centenaires, épris de la terre, et ce en partenariat avec les êtres vivants de la nature. La robotique humanoïde transpose davantage le mode fictif à l’avant-garde du monde mental. »
Un demi-siècle plus tard, les populations vont-elles survivre aux misères des injustices ? Que restera-t-il de la logique politique si elle mène aux attentes inespérées des électeurs ? Les pouvoirs dits démocratiques brilleront-ils par leurs défaillances ?
Joe ACOURY
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