En attendant sa riposte, le Hezbollah continue de tester le Dôme de fer israélien

Dans l'attente de sa riposte à l'assassinat de son haut commandant Fouad Chokor, tué le 30 juillet dernier dans la banlieue sud de Beyrouth par une frappe attribuée à Israël, le Hezbollah continue de tester le système anti-missile de l'État hébreu, le « Dôme de fer ».

Après huit opérations revendiquées dans la journée de dimanche, le parti chiite a fait état d'une nouvelle attaque dans la nuit de dimanche à lundi, aux alentours de 2h du matin contre la localité de Ga'aton, à une dizaine de kilomètres de la frontière libanaise, à l'intérieur du territoire israélien.

Dans un communiqué, la formation pro-iranienne a affirmé avoir visé à l'aide de « salves de roquettes Katioucha » une position de la division 146 de l’armée israélienne  « en réponse aux agressions israéliennes à l’encontre des villages du Sud et en particulier à Maaroub », un village libanais situé dans le caza de Tyr ayant été ciblé dimanche soir peu après 19h. Selon un dernier bilan du ministère de la Santé, publié dimanche soir, douze personnes y ont été blessées, un Libanais et onze Syriens, dont deux d'entre elles se trouvent dans un état critique (une fillette de cinq mois et une femme), des suites d'une frappe de l'aviation israélienne sur un bâtiment.

« Riposte imminente »

D'après des médias israéliens, plusieurs projectiles ont également atteint la région de Nahariya, située à cinq kilomètres à l'ouest de Ga'aton et dans le nord de la ville d'Acre. Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux, dont L'Orient-Le Jour n'a pas pu vérifier l'authenticité, montrent ce qui seraient des images de l'attaque. On peut notamment y voir des missiles interceptés dans les airs par des tirs de barrage israéliens ou bien s'écrasant au sol.

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Selon le Haareetz, « 30 roquettes ont été tirées sur la région de Nahariya depuis le Liban » sans faire de victimes. De son côté, l'armée israélienne a déclaré qu'un certain nombre de roquettes sont tombées dans des zones ouvertes « provoquant quelques incendies mais pas de victimes ».

« Ce n'était pas la réponse promise par le Hezbollah à l'assassinat de son principal commandant militaire (Fouad Chokor) », estime la chaîne qatarie Al Jazeera. « Ce à quoi nous avons assisté la nuit dernière est en fait ce à quoi nous avons assisté au cours des dix derniers mois : le Hezbollah teste le système de défense aérienne d'Israël, comme il le fait depuis un certain temps déjà pour connaître ses faiblesses. (...) Mais cette attaque survient dans un contexte de tension accrue, alors que des sources de renseignement américaines et israéliennes laissent entendre que la riposte promise par l'Iran et son allié, le Hezbollah, est imminente et pourrait avoir lieu dès lundi ».

Ce n'est pas la première fois que cette localité israélienne se retrouve sous le feu du Hezbollah. Le 6 août, une roquette tombée sur une habitation avait fait deux blessés, dont un dans un état grave. Mais après une enquête de l'armée israélienne, citée par le Haaretz, cet incident a été provoqué par un « missile intercepteur » ayant « manqué sa cible » avant de « tomber au sol », et non pas un tir direct du parti chiite. Ce tir du Dôme de fer israélien faisait suite à une attaque revendiquée par le Hezbollah, qui a indiqué avoir pris pour cible la caserne de « Chraga », présentée comme le « quartier général de la brigade Golani et de l'unité 621 d'Egoz », située, elle aussi, dans le nord d'Acre.

407 combattants tués

Ce lundi matin, le parti de Dieu a revendiqué une nouvelle frappe, à 8h40, visant du « matériel d'espionnage » dans la localité de Metula, qui fait face au village libanais de Khiam (Marjeyoun). En outre, une frappe aérienne israélienne ayant visé la localité de Kfar Kila (caza de Marjeyoun) dimanche soir vers 20h30 a fait trois blessés, d'après le ministère de la Santé.

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D'autres attaques et échanges de tirs ont émaillé la journée de lundi. Israël a bombardé la forêt de Kounine avec des munitions au phosphore blanc, selon des habitants de cette localité du caza de Bint Jbeil, cités par notre correspondant Mountasser Abdallah. D'autres zones comme Sadana, située entre Chebaa et Kfarchouba, ont été touchées. Quant au Hezbollah, il a revendiqué dans l'après-midi une attaque sur le site israélien de Samaka,  dans les collines contestées de Kfarchouba.

Le Hezbollah avait annoncé dimanche la mort de trois de ses combattants, notamment à la suite d'une frappe de drone israélienne visant une moto dans le village de Taybé, dans le caza de Marjeyoun, tuant deux d'entre eux. Le troisième a succombé à ses blessures après avoir été blessé il y a une semaine dans une frappe sur Beit Lif (Bint Jbeil). Cela porte à 407 le nombre de combattants du Hezbollah tués depuis le 8 octobre dernier au Liban et en Syrie, dont 364 en tout au Liban.

Rumeurs et démentis

Depuis début août, des informations et articles circulent selon lesquels le parti chiite aurait délocalisé ses bureaux en dehors de la banlieue-sud de Beyrouth. Ces informations ont notamment été reprises par le quotidien libanais al-Joumhouria, lui-même cité par le Haaretz lundi matin. Le Hezbollah a démenti à L’Orient-Le Jour ces allégations.

L’armée libanaise, de son côté, a démenti une rumeur relayée par plusieurs médias libanais selon laquelle les patrouilles conjointes avec la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban) auraient cessé au Liban-Sud. « Le commandement de l'armée confirme que les unités militaires continuent de mener des missions conjointes avec la Finul, en étroite coopération et coordination avec elle, conformément à la résolution 1701 (de l’ONU) », rapporte un communiqué de la troupe.

Une situation qui ne rassure pas les différentes compagnies aériennes étrangères, qui continuent de prolonger la suspension de leurs liaisons avec Beyrouth. Air France et sa filiale Transavia, par exemple, ont de nouveau prolongé l'arrêt de leur liaison avec le Liban, jusqu'au mercredi 14 août inclus, en raison de la situation géopolitique.

Israël prépare la défense et l'attaque

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a déclaré lundi que l’État hébreu avait renforcé ses défenses ces derniers jours dans la perspective d'une attaque de l'Iran et du Hezbollah, et qu'il se préparait à lancer des attaques potentielles en guise de réponse, ou à mener des actions préventives si nécessaire, selon des propos cités par le Times of Israel.

« Les menaces de Téhéran et de Beyrouth peuvent se concrétiser et il est important d'expliquer à tout le monde que l'état de préparation et la vigilance ne sont pas synonymes de peur et de panique », a déclaré M. Gallant au cours d'une réunion de la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset. « Ces derniers jours, nous avons consacré notre temps à renforcer les défenses et à créer des options offensives en guise de réponse, mais aussi en tant qu'initiative si nécessaire, n'importe où et dans n'importe quelle région, l'objectif principal étant la protection des citoyens de l'État d'Israël », a-t-il ajouté.