Quelques jours après l’assassinat du chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyé, à Téhéran, et de la désignation de Yahya Sinouar, dirigeant du mouvement à Gaza et architecte des attaques sanglantes du 7 octobre contre Israël, pour lui succéder, le groupe islamiste a reçu un nouveau message de la part d’Israël. Un responsable de la sécurité du Hamas, Samer el-Hage, dans le camp de réfugiés palestiniens de Aïn el-Heloué a été tué vendredi par une frappe aérienne israélienne à Saïda. Si ce n’est pas la première fois qu’Israël vise des cadre du Hamas au Liban, il s’agit de la première frappe ciblée menée par Tel-Aviv dans la capitale du Sud. Le message pourrait aussi s’adresser au Hezbollah, dans le but d’intensifier la pression sur le parti qui planifie sa riposte contre Tel-Aviv après l’élimination de son responsable militaire Fouad Chokor dans une frappe au cœur de la banlieue sud de Beyrouth.
Samer el-Hage a été ciblé alors qu’il se trouvait à l’intérieur de son véhicule. Le groupe palestinien a officiellement annoncé la mort de son « commandant et combattant » dans un communiqué. « Le sang de nos martyrs renforce notre voie et construit la victoire », dit le texte. La voiture où se trouvait la cible et son garde du corps a été frappée peu de temps après sa sortie du camp de Aïn el-Héloué, selon une source palestinienne citée par notre correspondant Mountasser Abdallah. Selon une source médicale, le garde du corps n’est pas mort, contrairement à ce que le Hamas a affirmé. D’après nos journalistes sur place Lyana Alameddine et Matthieu Karam, la voiture a été rapidement retirée du site où l’armée et les services de renseignements se sont déployés. Près de deux heures après l’attaque, le trafic suivait son cours sur le rond-point de Saïda. Des débris de voiture jonchaient le sol et les vitres des commerces alentour ont volé en éclats. Selon plusieurs témoins à Saïda, la Jeep a été frappée une première fois sur un rond-point situé en face du camp de Aïn el-Héloué, et Samer el-Hage était toujours en vie. Puis le drone israélien a frappé une deuxième fois alors que le véhicule poursuivait sa trajectoire, avant de s’encastrer sur le bord de la route.« Je réparais une voiture, et j’ai soudain entendu une détonation », raconte un mécanicien présent sur les lieux au moment de la frappe. « J’ai couru pour voir ce qui se passait, puis les secours sont venus, poursuit-il. Je vis à Saïda, et j’ai peur pour mes enfants. Maintenant, cette ville fait partie du front. » « C’est une opération totalement lâche, tout comme celle qui a visé Saleh el-Arouri (numéro deux du Hamas tué en janvier dans la banlieue sud de Beyrouth). Il n’y a eu qu’un seul corps transporté, peut-être que l’autre personne blessée était en dehors de la voiture », a lancé un jeune homme. Des centaines d’habitants du camp de Aïn el-Heloué ont en outre organisé une « marche de colère », allant jusque devant le domicile de Samer el-Hage au sein du camp. « Ô Sinouar, détruis Tel-Aviv ! », ont scandé certains d’entre eux.
« Ceci est grâce au Hezbollah et à Hassan Nasrallah »
Le Hezbollah a lui aussi perdu deux de ses combattants vendredi dans une frappe israélienne sur la localité côtière de Naqoura, proche de la frontière, selon notre correspondant. La formation pro-iranienne a par la suite annoncé la mort de deux combattants, sans préciser où ils avaient été tués. L’armée israélienne a indiqué de son côté que « deux terroristes du Hezbollah qui sortaient d’une structure militaire » du parti à Naqoura avaient été « éliminés » par son aviation. Le Hezbollah a annoncé avoir riposté en visant une caserne de l’armée israélienne à Kiryat Shmona dans le nord d’Israël à deux reprises, la première fois à l’aide d’une volée de roquettes Katioucha, et la deuxième avec des roquettes Falaq.
Parallèlement, Israël a intensifié sa guerre psychologique au cours de ces derniers jours. L’armée israélienne a essentiellement cherché à semer la panique en envoyant des messages d’avertissement en arabe et en hébreu à des habitants du Liban-Sud. Sans parler de son aviation qui franchit désormais régulièrement le mur du son au-dessus du Sud mais aussi de la capitale et plusieurs régions libanaises. De plus, Tel-Aviv semble avoir opté pour une nouvelle tactique. Ainsi, des habitants et journalistes locaux ont partagé des vidéos d’un drone israélien survolant le village de Kounine, au Sud, diffusant un message en arabe disant « ceci est grâce au Hezbollah et à Hassan Nasrallah ». Jeudi soir, des habitants de la ville de Bint Jbeil avaient déjà partagé des vidéos similaires. Des résidents de Aïnata, dans le même caza, affirment avoir entendu les messages diffusés par le drone. Une source proche du Hezbollah a confirmé à l’AFP que les vidéos étaient authentiques et que ces messages visaient à « inciter » la population à se soulever contre la formation pro-iranienne.
« Une guerre totale peut être évitée »
Dans le même temps, Israël multiplie, à travers les réseaux sociaux, les messages adressés aux Libanais, leur demandant de condamner le Hezbollah et ses actions. Une vidéo de Rawan Osman, qui se présente comme une activiste libano-syrienne et allemande, a accumulé environ 800 000 vues depuis sa publication jeudi sur son compte X. « Voici un message à tous mes amis et ma famille au Liban : quand vous souhaitez la mort aux Israéliens, rappelez-vous aussi qu’ils sont humains », lance-t-elle, debout aux côtés d’un homme. Puis elle lui donne la parole, le présentant comme « un Israélien ». « L’affidé de l’Iran qui occupe le Liban-Sud risque de nous entraîner dans une guerre totale. Cela peut encore être évité, car c’est complètement inutile », affirme ce dernier. « On ne comprend pas pourquoi vous ne nous aimez pas ! Nous voulons la paix. Je serai dans le premier vol pour venir visiter Beyrouth, et on adorerait vous voir ici, à Tel-Aviv et Jérusalem », ajoute-t-il avec un grand sourire. Jeudi, l’État hébreu s’est adressé directement à ses « voisins du Liban » sur X. « Vous êtes devenus des otages entre les mains du Hezbollah, une organisation terroriste qui a provoqué la destruction, la panique et l’instabilité partout au Liban », est-il souligné. « Le Hezbollah n’est pas seulement une menace pour Israël, mais aussi pour la sécurité du peuple libanais (...) Le moment est venu de se parler. » En soirée, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, s’est aussi adressé aux Libanais sur X pour souligner les dangers d’une extension du conflit.
On n'a pas encore une fois entendu les autorités libanaises, à commencer par les différents services sécuritaires s'exprimer à ce sujet: Ce cadre du Hamas était t-il autorisé à être au Liban, à avoir une activité politique et encore moins militaire? Le Hamas lui même est il autorisé au Liban? Y a t-il une enquête menée? Cette politique de l'autruche de l'Etat et son inaction à minima est à l'origine depuis 50 ans de tous nos problèmes et fait que l'on soit devenu un pays poubelle.
12 h 19, le 11 août 2024