L'assassinat « ignoble » du chef du mouvement palestinien Hamas, Ismaïl Haniyé, risque de faire basculer le Moyen-Orient dans un « conflit plus vaste », a prévenu mercredi le président de l'Organisation de la coopération islamique (OCI).
Le ministre gambien des Affaires étrangères, Mamadou Tangara, s'exprimait au début d'une réunion extraordinaire de l'OCI dans la ville de Djeddah, en Arabie saoudite. Cette rencontre des ministres des Affaires étrangères a notamment été réclamée par l'Iran qui a accusé Israël d'avoir assassiné Haniyé à Téhéran le 31 juillet.
« Cet acte ignoble ne fait qu'aggraver les tensions existantes et risque de déboucher sur un conflit plus vaste qui pourrait impliquer toute la région », a déclaré M. Tangara, dont le pays préside actuellement l'OCI.
L'assassinat de Haniyé « n'étouffera pas la cause palestinienne, mais l'amplifiera au contraire, soulignant l'urgence de la justice et des droits humains pour le peuple palestinien », a-t-il ajouté.
Dans un communiqué, l'OCI a accusé Israël d'en être « entièrement responsable », pointant une « grave atteinte » à la souveraineté de l'Iran. Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Walid ben Abdelkarim El-Khereiji, a lui déploré une « violation flagrante » de la souveraineté de l'Iran et une « menace pour la paix et la sécurité régionales ». Israël n'a pas commenté la mort de Haniyé, et après les menaces de représailles de Téhéran, la communauté internationale se démène pour éviter une escalade militaire entre l'Iran et ses alliés d'une part et Israël de l'autre.
« Légitime défense »
« Actuellement, en l'absence de toute action appropriée du Conseil de sécurité (des Nations unies) contre les agressions et les violations du régime israélien, la République islamique d'Iran n'a d'autre choix que d'utiliser son droit inhérent à la légitime défense contre les agressions de ce régime », a déclaré mercredi lors de la réunion Ali Bagheri, ministre iranien des Affaires étrangères par intérim.
Le porte-parole du département d'Etat américain, Matthew Miller, a exprimé mercredi l'espoir que « toutes les parties qui ont des relations avec l'Iran fassent comprendre à ce pays, de la même manière que nous avons fait comprendre au gouvernement d'Israël, qu'il ne devait prendre aucune mesure pour intensifier le conflit ».
Il a indiqué que les Etats-Unis étaient en contact avec plusieurs pays participant à la réunion de l'OCI et qu'il pensait qu'il y avait un « large consensus » sur le fait que « l'escalade ne ferait qu'exacerber les problèmes auxquels la région est confrontée ».
Le Hezbollah a également promis de riposter à l'assassinat de M. Haniyé et à celui de Fouad Chokr, le chef militaire du mouvement islamiste libanais mort le 30 juillet dans une frappe israélienne près de Beyrouth.
La bande de Gaza est le théâtre d'une guerre dévastatrice, déclenchée le 7 octobre après une attaque sans précédent lancée par le Hamas en Israël. L'attaque du 7 octobre par des commandos du Hamas dans le sud d'Israël a entraîné la mort de 1.198 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes. Sur 251 personnes enlevées, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l'armée.
En représailles, Israël a lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 39.677 morts, d'après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas. Après le début de la guerre, certains pays de l'OCI avaient proposé de menacer d'interrompre l'approvisionnement en pétrole d'Israël et de ses alliés et de rompre tout lien économique et diplomatique. D'autres ayant des liens diplomatiques officiels avec Israël, comme les Emirats arabes unis, avaient rejeté cette idée, selon des diplomates.
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