Alors que de nombreux visiteurs venus passer l’été au Liban ont le plus grand mal à avancer leur départ en raison de la dégradation de la situation sécuritaire et de la décision prise par plusieurs compagnies aériennes de suspendre leur desserte de Beyrouth, Grey Bull Rescue Foundation est actuellement déployée au Liban pour évacuer les citoyens américains ou détenteurs de carte de résident permanent aux États-Unis.
« Nous sommes arrivés il y a un mois environ pour préparer un déploiement, et cela fait plusieurs jours que nous sommes revenus pour proposer activement nos services à ceux qui en ont besoin », indique à L’Orient-Le Jour Bryan Stern, président et fondateur de l’organisation. Celle-ci, qui a lancé la procédure pour s'enregistrer en tant qu'organisation à but non lucratif 501 (c-3) au États-Unis, est entièrement financée par des donateurs. Elle travaille notamment en partenariat avec Vangard Global Solution (VGS), une société de sécurité privée qui opère au Liban depuis 2019. L'ONG dispose d’un portail dédié sur son site internet.
L’ancien militaire américain précise que Grey Bull Rescue Foundation n’a pas de contrat avec l’administration américaine, ne fait pas payer ses prestations aux personnes évacuées et est financée principalement par des dons de particuliers aux États-Unis. « Nous sommes apolitiques et nos financements viennent de personnes qui sont aussi bien du côté des républicains que celui des démocrates, et de toutes origines, religions ou orientations confondues », assure Bryan Stern.
Contactée, une source à l'ambassade des États-Unis à Beyrouth a confirmé que Grey Bull Rescue Foundation était « une des options » que les ressortissants américains au Liban pouvaient « choisir » pour évacuer le Liban, mais qu'elle les « encourage à faire leurs propres plans, d'autant que des vols commerciaux sont encore disponibles ». Elle a également souligné qu'il s'agissait d'une entité « privée qui n'est pas affiliée à l'ambassade américaine. » Cette dernière avait publié samedi dernier un nouvel avis à l'adresse de ses ressortissants au Liban, les appelant à emprunter tout vol disponible au départ de Beyrouth.
Conflits armés et catastrophes naturelles
L’ONG a été lancée en 2021, mais n’a pris son nom et sa forme actuelle qu’il y a quelques mois. Elle revendique déjà des opérations d’évacuation dans plusieurs zones de conflit, dont l’Ukraine et la Russie, le Soudan, ou encore Israël et Gaza. Elle affirme avoir également secouru des ressortissants américains dans des zones sinistrées par des catastrophes naturelles à l’intérieur même des États-Unis. Elle est présente au Moyen-Orient depuis le 8 octobre 2023, indique son président.
« Nous intervenons là où l’administration américaine n’est pas en mesure de mobiliser des moyens pour évacuer ses ressortissants, que ce soit pour des raisons politiques ou logistiques. Prenez par exemple le cas d’un citoyen américain que l’ambassade pourrait évacuer, mais qui ne peut pas physiquement s’y rendre en raison de la situation sécuritaire. C’est dans ce genre de scénario que nous pouvons notamment avoir un rôle à jouer », explique encore Bryan Stern.
Il estime à 58 000 le nombre de ressortissants américains qui vivent au Liban, en comptant les binationaux. « Une large majorité évacuera le pays via des vols commerciaux. D’autres connaissent du monde ou ont de la famille ou peuvent quitter le pays par bateau. Nous offrons une alternative pour tous les autres. Dans un rapport public de 2022, le département d’État américain estimait à 86 000 le nombre d’Américains résidant dans le pays.
Bryan Stern n’a pas communiqué le détail de ses équipes mobilisées, mais assure que l’ONG a assez d’avions et de navires pour évacuer un grand nombre de personnes. Il recommande aux personnes éligibles d’évacuer le pays au plus vite au regard des incertitudes de la situation. « Mais nous ne refuserons pas nos services à quelqu’un qui décide de rester et change d’avis si la situation empire », précise-t-il.
Le président de l’ONG affirme enfin n’avoir aucune certitude sur la suite des événements, qui se sont accélérés depuis une dizaine de jours. « Tout ce que je peux vous dire, c’est que j’espère qu’on n’aura pas besoin de moi », conclut-il.
Sérieusement, des Américains ont besoin d'être aidés à quitter le Liban ? Ils n'ont pas un pays fonctionnel qui pourrait agir dans ce cas ?
10 h 37, le 07 août 2024