La déclaration finale de l’accord signé le 22 juillet par les factions palestiniennes réunies à Pékin (le Fateh, le Hamas, le Front démocratique de libération de la Palestine et dix autres groupes) se distingue de la norme établie lors des tentatives de réconciliation précédentes, qui ont toutes rapidement échoué. Et pas seulement parce que sa signature confirme, un an après que Pékin eut parrainé la détente entre Téhéran et Riyad, l’installation de la Chine dans le jeu politique régional.
Mais aussi et surtout parce que cette déclaratio,n qui appelle notamment à la fin de « l’agression sioniste » à Gaza, la constitution d’un « gouvernement intérimaire de réconciliation nationale » et la tenue d’élections générales sur tous les territoires palestiniens, intervient dans un contexte géopolitique et interne particulier, qui a incité les principaux acteurs à évoluer.
Besoins réciproques
La tentative de l’administration américaine de séparer le cours des négociations liées à un cessez-le-feu à Gaza de celle de l’avenir de la bande – en menant les premières avec le Hamas et réservant les secondes à l’Autorité palestinienne – constitue l’un des motifs importants derrière la réunion de Pékin. Dans ce contexte, le mouvement Hamas cherche une couverture politique palestinienne pour le soutenir en interne, après avoir tenté dans le passé de créer une alternative à l’Autorité palestinienne (AP) et refusé de signer tout accord prévoyant que cette dernière est le seul représentant légitime de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). De son côté, l’Autorité palestinienne cherche également un partenaire pour gouverner la bande de Gaza après que le président palestinien Mahmoud Abbas se fut montré incapable de convoquer le Conseil central de l’OLP pour donner au nouveau gouvernement de Mohammad Mustafa (nommé en mars dernier après la démission de Mohammed Shtayyeh) la confiance nécessaire pour s’acquitter de ses fonctions.
L’objectif de la réunion des factions palestiniennes à Pékin était aussi qu’elles se mettent d’accord sur une conférence internationale dotée des pleins pouvoirs pour mettre fin à l’occupation israélienne des territoires palestiniens occupés en 1967, y compris Jérusalem-Est, et mettre en œuvre les résolutions onusiennes liées à la question palestinienne. Pour y parvenir, d’autres factions, comme le FDLP, ont réussi à convaincre d’une part le Hamas à accepter la légitimité de ces résolutions onusiennes, après les avoir catégoriquement rejetées, et de former un gouvernement de réconciliation nationale ayant pour programme de reconstruire la bande de Gaza et d’organiser les élections ; et, d’autre part, le mouvement Fateh d’accepter toutes les formes de résistance à l’occupation israélienne – y compris armée.
Prétention à l’hégémonie
Malgré l’importance de la déclaration finale issue de la réunion, elle risque cependant de ne pas durer longtemps et d’échouer avant le premier test, c’est-à-dire la formation du gouvernement de réconciliation nationale ou la tenue des élections. Cette réconciliation est due au besoin réciproque des deux partis dans les circonstances actuelles, mais la prétention à l’hégémonie est toujours présente entre les deux partis et il n’y a pas de réelle volonté de partenariat national dans la prise de décision.
La majorité du peuple palestinien a perdu confiance dans les deux partis au niveau politique et croit que les choses resteront telles qu’elles sont, face à l’occupation israélienne et à sa politique raciste liée aux arrestations aléatoires, à l’expansion des colonies illégales et à l’annexion, la conquête des terres palestiniennes se poursuivra, mais il est difficile à l’heure actuelle d’y faire face dans le cadre d’une stratégie nationale unifiée et globale.
Membre du bureau des affaires étrangères du Front démocratique de libération de la Palestine.