
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'exprimant devant le Congrès américain, le 24 juillet 2024. Photo AFP/ROBERTO SCHMIDT
Scruté de près aux États-Unis, mais également au Moyen-Orient, dans un contexte de tensions régionales toujours plus palpables, le discours du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu devant le Congrès américain a suscité toutes sortes de réactions depuis mercredi soir. De Washington à Téhéran, les commentaires et analyses se sont succédé pendant et après la prise de parole de M. Netanyahu.
Pendant le discours, des milliers de manifestants se sont rassemblés près du Capitole pour réclamer un cessez-le-feu, la libération des otages. Parmi les slogans, nombre d'entre eux ont qualifié le Premier ministre israélien de « criminel de guerre ». Selon la police américaine, cinq personnes ont été arrêtées à l'intérieur du siège du Législatif à Washington pour avoir tenté de perturber l'intervention du Premier ministre israélien.
Boycottage démocrate
Pendant ce temps, à l'intérieur du Congrès, de nombreux membres du parti démocrate ont boycotté l'événement. Au niveau de la Chambre des représentants, 112 députés sur 212 étaient absents, tout comme 24 sénateurs sur 51.
Nancy Pelosi, ancienne présidente de la Chambre, a ignoré l'événement, a déclaré un de ses porte-paroles au média américain Axios, optant plutôt « pour une rencontre avec des citoyens israéliens dont les familles ont souffert à la suite de l'attaque du 7 octobre par le Hamas ». La démocrate a estimé sur le réseau X que l'invitation adressée à M. Netanyahu était « la pire impliquant tout dignitaire étranger qui a eu le privilège de s'adresser au Congrès ». Le sénateur Bernie Sanders a, lui, écrit sur X : « Netanyahu n'est pas seulement un criminel de guerre. C'est un menteur. Toutes les organisations humanitaires sont d'accord : des dizaines de milliers d'enfants risquent de mourir de faim parce que son gouvernement extrémiste continue de bloquer l'aide. Les Israéliens veulent qu'il quitte ses fonctions. Alors il est venu au Congrès pour faire campagne ».
Présent dans l'hémicycle, le député Jerrold Nadler, un démocrate de confession juive et soutien de longue date de l'État hébreu, a superbement ignoré le discours et s'est plongé dans la lecture du livre « Les années Netanyahu », une des biographies les plus critiques du responsable israélien. M. Nadler a répété à plusieurs reprises que M. Netanyahu ne faisait pas assez pour ramener les otages israéliens, tout en réclamant à plusieurs reprises « davantage d'aide humanitaire pour Gaza ». Il a toutefois fait partie des personnes qui ont applaudi certaines parties du discours.
Des larmes, un keffieh et un pin's
Sa collègue Rashida Tlaib, d'origine palestinienne, était également présente. Les larmes aux yeux, keffieh autour du coup et pin's aux couleurs de la Palestine sur sa veste, elle tenait une pancarte sur laquelle on pouvait lire « Criminel de guerre » d'un côté et « Coupable de génocide » de l'autre. À la veille du discours, elle avait qualifié sur X d' « absolument scandaleux que des dirigeants des deux partis (républicains et démocrates) l'aient invité à s'adresser au Congrès. Il devrait être arrêté et envoyé devant la Cour pénale internationale ».
Ce boycott n'a pas empêché de nombreux représentants américains de gratifier d'une ovation le Premier ministre israélien, alors qu'il se levait pour commencer son discours. Sur les réseaux sociaux, de nombreux commentateurs pro-Palestiniens ont relevé que « l'histoire se souviendra » de ce moment, dénonçant des applaudissements « honteux » ou encore « dégoûtants ».
Au niveau des médias, un éditorial du Wall Street Journal a en revanche critiqué les représentants qui ont boycotté le discours. « Quand un allié est en guerre, le moins que son chef mérite est une audience... S'ils avaient écouté, ils auraient peut-être appris pourquoi Israël se bat », a défendu le WSJ, notant que M. Netanyahu a expliqué que « plus de 40 000 camions d'aide sont entrés à Gaza. C'est la moitié d'un million de tonnes de nourriture », citant les propos du Premier ministre lui-même. L'ONU a récemment déclaré que « la famine s'est propagée dans toute la bande de Gaza », Israël continuant de bloquer l'aide à destination de l'enclave assiégée.
« Et les otages ? »
Un article d'opinion de Serge Schmemann du New York Times a de son côté relevé un discours destiné à « se donner en spectacle », mais que ce n'était pas « le triomphe dont Netanyahu avait besoin ». « De nombreux républicains et probablement certains démocrates avaient hâte d'applaudir Israël, mais auraient préféré un autre meneur ».
En Israël, le député et chef de l'opposition Yaïr Lapid a accusé Benjamin Netanyahu d'avoir manqué une occasion d'accepter publiquement un accord pour la libération des otages et d'annoncer des plans clairs pour l'après-guerre. « Et les otages ? Qu'as-tu dit à ce sujet à part des paroles vides ? », a déclaré M. Lapid dans une vidéo. « Netanyahu avait l'occasion de dire qu'il acceptait l'accord et ramènerait les otages avant qu'ils ne meurent tous dans les tunnels. Mais il ne l'a pas fait », a-t-il regretté.
Cette opinion a été partagée dans un article d'analyse du journal de gauche israélien Haaretz, qui a titré que si Netanyahu « est gagnant pour ce qui est des discours, il est perdant dans la guerre ».
L'opposant politique de Benjamin Netanyahu, Benny Gantz, a pour sa part salué une présentation « claire et précise » de la position israélienne, appelant toutefois à « réaliser cette vision ». Les ministres ultra-nationalistes Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir ont, eux, félicité M. Netanyahu. Le premier a exprimé sa « fierté de voir le haut standing du Premier ministre » devant le Congrès, tandis que le second a uniquement écrit sur X qu' « Israël <3 Netanyahu. »
Le Hamas et Téhéran se déchaînent
Au niveau palestinien, le Hamas a affirmé peu après le discours que Netanyahu « trompait » la communauté internationale en évoquant ses efforts pour ramener les otages. « C'est lui qui a contrecarré tous les efforts visant à mettre fin à la guerre et à conclure un accord », a soutenu le mouvement.
L'Iran — qui avait salué l'attaque du 7 octobre mais affirmé n'y avoir pas participé — a pour sa part dénoncé le gouvernement américain et le Congrès pour l'accueil fait à M. Netanyahu. « Les enfants palestiniens sont massacrés chaque jour par le boucher de Tel-Aviv, et face à tous ces crimes, le gouvernement américain et le Congrès accueillent cet exécuteur avec des applaudissements », a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, dans un post sur le réseau X.
- PEUPLE PALESTINIEN, - ET DIRE QUE CES RIENS, - ONT CREE NUREMBERG, - POUR JUGER SANS PITIE, - TOUS LES GENOCIDAIRES, - DU PAUVRE PEUPLE JUIF, - AUJOURDHUI EN HERO, - ILS ACCEUILLENT HITLER, - DEUX POIDS ET DEUX MESURES. - QUELLE DEMOCRATIE, - LES PSEUDO-DEMOCRATES ?
20 h 18, le 25 juillet 2024