
Un avion de chasse israélien survolant la zone frontalière avec le Liban, le 4 mars 2024. Photo d'archives Jalaa Marey/AFP
Comme un bruit d'explosion qui ravive des traumas. Dans la nuit de samedi à dimanche, plusieurs habitants du Liban-Sud ont entendu à répétition des avions de chasse israéliens briser le mur du son au-dessus de leurs têtes. Un bruit également entendu à Beyrouth, dans le Chouf et le Mont-Liban. Dimanche, le toit d'une maison s'est même effondré à Nabatiyé après le franchissement du mur du son par un avion israélien. Une mère et son fils ont été blessés et hospitalisés.
Quelle est donc cette technique et pourquoi l'aviation militaire israélienne y a fréquemment recours ? Éléments de réponse avec Khalil Hélou, général à la retraite de l'armée libanaise et vice-président de l'association Liban-Message.
À quoi correspond physiquement le fait de franchir le mur du son ?
Normalement, un avion vole à une vitesse subsonique, c'est-à-dire en dessous de la vitesse du son qui est d'environ 340 m/seconde, soit plus de 1.200km/h. Lorsqu'un avion fait du bruit, il émet des ondes qui s'accumulent autour de lui. Quand le pilote accélère et franchit la vitesse du son, il brise ces ondes en quelque sorte. C'est cela qui crée un bruit semblable à une explosion. Cette explosion peut casser des vitres, renverser des objets... C'est comme une bourrasque de vent extrêmement rapide, qui dure moins d'une seconde.
Le toit d'un immeuble s'est même effondré dimanche à Nabatiyé...
Normalement, cela n'arrive pas. Si ce toit s'est effondré, c'est que le bâtiment n'est simplement pas aux normes.
Quelle est la portée du son émis ?
Le rayon dans lequel on peut entendre un franchissement du mur du son est de quelques kilomètres seulement, pas plus de dix kilomètres. Si certains pilotes israéliens brisent le mur du son dans plusieurs endroits du Liban, c'est soit qu'on leur en a donné l'ordre, soit qu'ils s'amusent.
Pourquoi Israël a-t-il recours à cette technique ?
Il y a au moins trois raisons. D'abord, les Israéliens veulent rappeler au Hezbollah qu'ils ont la suprématie aérienne dans le ciel libanais. Force est de constater que c'est le cas, car jusqu'à présent, les missiles sol-air du Hezbollah n'ont rien donné, à part abattre quelques drones. C'est ainsi une façon de maintenir une dissuasion.
Le deuxième effet est bien sûr psychologique. Il s'agit de démoraliser les partisans du parti chiite, de leur faire peur.
Mais il y a une troisième raison, plus technique et moins connue : franchir le mur du son peut permettre de détecter les radars ennemis ! Car le Hezbollah dispose de systèmes radars qui peuvent détecter les avions ou missiles israéliens par plusieurs moyens : la chaleur, les communications émises... Mais aussi le son. Un pilote israélien peut donc franchir le mur du son pour forcer l'activation d'un radar du Hezbollah et ainsi détecter ce matériel et ces communications ou transmissions.
Vous oubliez tous les bombes sonores balancées la nuit de préférence quand les générateurs se reposent 1/2 heure. L'effet est terrible : Vitres cassées , affolement garanti , jusqu'à qu'un ' vétéran' calme les gens en leur expliquant que ce n'est rien d'autre" qu'une ghara sawtié ".Bonne nuit ...
20 h 17, le 07 août 2024