
Des combattants du Hezbollah dans des véhicules tout-terrain modifiés lors d’un exercice militaire près de Mlita, dans le sud du Liban, le 21 mai 2023. Photo Jad Abou Jaoudé
Le ministre sortant des Travaux publics et des Transports, Ali Hamiyé, a tenu une conférence de presse dimanche à 18 heures à l’Aéroport international de Beyrouth pour répondre à des allégations publiées par le Telegraph.
Dans un article paru dans son édition du week-end, le quotidien britannique a affirmé que le Hezbollah, dont Ali Hamiyé est proche, avait stocké des missiles et des explosifs sur le site de l’aéroport, citant des sources anonymes et des informateurs. Qualifiant l’article de « stupide » et s’interrogeant sur le sérieux des sources consultées, le ministre a assuré qu’« il n’ y a pas d’armes qui entrent, sortent ou sont introduites en contrebande à l’aéroport de Beyrouth ». « Nous préparons une action en justice contre le Telegraph (...) pour avoir diffusé des informations susceptibles de ternir sans preuve l’image de l’aéroport. Demain, nous donnerons plus d’informations sur l’action en justice qui sera engagée », a ajouté M. Hamiyé, assurant avoir pris contact avec le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, pour aborder cette affaire.
Il a aussi indiqué que les autorités libanaises allaient organiser une tournée d’inspection « ouverte à tous » sur le site de l’AIB lundi à 10h30, appelant les « ambassadeurs » et les médias à y participer. Il les a invités à prendre contact avec la Direction générale de l’aviation civile pour s’inscrire. « Une société britannique, associée au gouvernement britannique, a récemment inspecté l’aéroport. Si le Telegraph voulait des données officielles sur l’état des lieux, il aurait dû s’adresser à son gouvernement au lieu de citer des employés anonymes », a encore lancé Ali Hamiyé.
L’affirmation du quotidien britannique selon laquelle le Hezbollah stocke des missiles et des explosifs à l’Aéroport international de Beyrouth est « totalement fausse » et « montée de toutes pièces », ont par ailleurs assuré à L’Orient-Le Jour deux sources haut placées au sein de cette infrastructure. L’une d’elles souligne en outre que l’Association internationale du transport aérien (IATA) n’a publié aucun avertissement concernant la présence potentielle de missiles et d’explosifs sur le site de l’AIB.
L’organisation a fini par réagir dans un communiqué relayé par la Middle East Airlines. « Nous avons appris que le Telegraph a inclus une citation attribuée à une “source anonyme de la IATA”. Cette citation est totalement fausse et mal attribuée. La IATA n’a pas fait et ne fera aucun commentaire sur la situation à l’aéroport de Beyrouth. Nous ne sommes pas impliqués dans la situation politique ou sécuritaire au Liban et ne ferons jamais de commentaires sur ces questions. La IATA a alerté le Telegraph sur l’erreur et le journal a depuis mis à jour l’article en supprimant le nom de l’association », souligne le texte. De fait, ce détail a été relevé par Ali Hamiyé lors de sa conférence de presse.
L’Union des transporteurs aériens au Liban (UTA) a elle aussi rejeté le contenu de l’article dans un communiqué. « The Telegraph a rapporté la nouvelle de la présence d’armes et de missiles à l’aéroport de Beyrouth sans fournir aucune preuve, mais seulement des mensonges et des faussetés visant à exposer l’aéroport et ses employés », a notamment déclaré l’organisme. « Nous invitons tous les médias libanais, arabes et étrangers à venir à l’aéroport de Beyrouth avec des équipes de tournage et à vérifier par eux-mêmes », a ajouté l’UTA peu avant la conférence de presse du ministre.
Des missiles, des roquettes et des explosifs
Dans son article publié dimanche, le Telegraph affirme que « le Hezbollah stocke d’énormes quantités d’armes, de missiles et d’explosifs iraniens dans le principal aéroport civil de Beyrouth », citant des dénonciateurs présents sur place. « La cache comprend des roquettes d’artillerie non guidées Falaq de fabrication iranienne, des missiles à courte portée Fateh-110, des missiles balistiques mobiles et des missiles M-600 d’une portée de 150 à 200 milles. On trouve aussi à l’aéroport des AT-14 Kornet, des missiles antichars guidés par laser, d’énormes quantités de missiles balistiques à courte portée Burkan et de l’explosif RDX, une poudre blanche toxique également connue sous le nom de cyclonite ou d’hexagone », ajoutait le média britannique.
Cité dans l’article, un lanceur d’alerte qui travaillerait à l’aéroport affirme : « Depuis des années, j’observe le Hezbollah opérer à l’aéroport de Beyrouth, mais lorsqu’il le fait en temps de guerre, l’aéroport devient une cible. S’ils continuent à apporter ces marchandises que je ne suis pas autorisé à vérifier, je pense vraiment que je mourrai d’une explosion ou parce qu’Israël les aura bombardées. Il ne s’agit pas seulement de nous, mais aussi des gens ordinaires, de ceux qui entrent et sortent, de ceux qui partent en vacances. Si l’aéroport est bombardé, le Liban est fini. »
Depuis le 8 octobre, le Hezbollah et Israël se livrent presque quotidiennement à des tirs transfrontaliers dans le sud du Liban. On craint toujours que cet échange ne dégénère en conflagration généralisée.
Hahahahahaha... oui c'est sûr la visite est convaincante tout comme celle organisée par jibran pour demontrer l'inexistence de missiles. Qui a dit que nos polichinelles ne sont pas drôles?
14 h 30, le 24 juin 2024