Rechercher
Rechercher

Dernières Infos

Le couloir de Philadelphie, zone tampon stratégique entre l'Egypte et Gaza

Le "couloir de Philadelphie" est une mince zone tampon dont Israël affirme désormais avoir repris le contrôle le long de la frontière entre l'Egypte et la bande de Gaza, sous laquelle nombre de tunnels ont été creusés.

Tracé par l'armée israélienne du temps de sa deuxième occupation de la bande de Gaza (1967-2005), ce chemin de patrouille hérissé de barbelés et large d'au moins une centaine de mètres, davantage par endroits, s'étend sur 14 kilomètres le long de cette frontière. S'il existe peu d'images des lieux, une grande partie de cette zone est murée.

L'idée de départ est de faciliter le contrôle de ce territoire frontalier, afin d'en assurer la sécurité, en premier lieu pour l'Egypte et Israël qui craignent des incursions ou de la contrebande.

Quant à l'appellation "couloir de Philadelphie", il s'agirait d'un nom de code employé par l'armée israélienne, sans lien avec la ville américaine. Les Egyptiens comme les Palestiniens l'appellent également "couloir de Saladin".

Un accord en 2005 entre Israël et l'Egypte a consacré le statut de cette zone tampon dans le cadre du retrait unilatéral israélien de la bande de Gaza cette année-là.

L'établissement du couloir de Philadelphie a nécessité plusieurs démolitions d'habitations, accentuant davantage la coupure de Rafah en deux parties (héritage de la domination britannique dans la première moitié du XXe siècle), l'une égyptienne, l'autre palestinienne, suscitant des critiques de la communauté internationale.

- Tunnels et passeurs -

Lorsque Israël quitte les lieux en septembre 2005, l'Egypte crée une force de 750 gardes-frontière dédiée à la surveillance de la frontière. Comme la zone doit restée démilitarisée, en vertu du traité de paix israélo-égyptien de 1979, cette force n'a vocation qu'à lutter "contre le terrorisme" comme le stipule l'accord.

En face, l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas déploie sa garde présidentielle. Mais en juin 2007, le Hamas s'empare de la bande de Gaza et la zone frontalière devient l'objet de préoccupations croissantes liés au trafic d'armes venant nourrir l'arsenal des groupes armés locaux.

Par le passé, des centaines de tunnels ont été creusés sous ce no man's land, et ont pu servir à des trafics en tous genres, d'armes, mais aussi de voitures ou de cigarettes.

Selon des organisations internationales, des combattants armés circulent dans ces tunnels, des passeurs permettent aussi à des civils de franchir ainsi la frontière pour des raisons toutes autres, du rendez-vous médical au mariage.

Côté palestinien, ces tunnels sont généralement présentés comme une manière de contourner le blocus israélien imposé à la bande de Gaza après la prise de contrôle de ce territoire par le Hamas.

Mais à partir de 2013, la donne change avec l'arrivée au pouvoir en Egypte d'Abdel Fattah al-Sissi. Le Caire ordonne la destruction de nombreux tunnels, accusant des mouvements palestiniens de les utiliser pour le transit d'armes et de combattants à destination des mouvements jihadistes du Sinaï voisin.

- "Entre nos mains" -

Depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre par l'attaque sanglante du Hamas contre Israël, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, répète que l'armée israélienne doit reprendre le contrôle de cette zone stratégique.

"Le couloir de Philadelphie (...) doit être entre nos mains. Il doit être verrouillé. Il est clair que tout autre arrangement ne garantirait pas la démilitarisation", a-t-il ainsi déclaré le 30 décembre.

L'Egypte s'était aussitôt insurgée contre ces déclarations. 

Interrogé en janvier par la chaîne d'information panarabe al-Ghad, le chef des services de communication de l'Etat égyptien, Diaa Rashwan, avait fustigé les "divagations" de M. Netanyahu.

Il estimait qu'une telle "occupation" était "interdite en vertu de l'accord" entre les deux pays et constituerait même une "menace de violation du traité" de paix israélo-égyptien signé en 1979 sous parrainage américain.

La question est d’autant plus sensible que Le Caire a menacé de remettre en cause ce pacte, premier accord de paix conclu entre Israël et un pays arabe.

bur-tgg-crb/abo/mj/bfi

© Agence France-Presse

Le "couloir de Philadelphie" est une mince zone tampon dont Israël affirme désormais avoir repris le contrôle le long de la frontière entre l'Egypte et la bande de Gaza, sous laquelle nombre de tunnels ont été creusés.

Tracé par l'armée israélienne du temps de sa deuxième occupation de la bande de Gaza (1967-2005), ce chemin de patrouille hérissé de barbelés et large d'au moins une centaine de mètres, davantage par endroits, s'étend sur 14 kilomètres le long de cette frontière. S'il existe peu d'images des lieux, une grande partie de cette zone est murée.

L'idée de départ est de faciliter le contrôle de ce territoire frontalier, afin d'en assurer la sécurité, en premier lieu pour l'Egypte et Israël qui craignent des incursions ou de la...