
Les alentours de l’hôpital Salah Ghandour, à Bint Jbeil, après une frappe israélienne le 27 mai 2024. Photo obtenue auprès d’une personne sur les lieux par notre correspondant au Liban-Sud Mountasser Abdallah
Encore un massacre évité de justesse au Liban-Sud, où la guerre devient de plus en plus violente. Lundi, Israël a mené une frappe de drone à Bint Jbeil, près de l’hôpital Salah Ghandour, faisant au moins deux morts civils. Selon le directeur de l’hôpital, le Dr Mohammad Sleiman, contacté par L’Orient-Le Jour, la frappe a tué Ali Abbas, un agent de sécurité qui gardait l’entrée de l’établissement, et Mohammad Wazzani, un autre civil qui se rendait à l’hôpital pour faire des examens médicaux. Toujours selon le directeur, huit blessés ont été hospitalisés. Il a également précisé que la façade en verre de l’hôpital avait été complètement brisée, ce qui n’empêchait pas ses équipes de « travailler normalement ». Hassan Fadlallah, député du Hezbollah, a effectué une tournée à l’hôpital Salah Ghandour après la frappe, condamnant le fait que l’État hébreu s’en soit pris à « l’entrée d’une institution humanitaire ». « Ces attaques visent à faire pression sur notre pays, les habitants de la région et la résistance », a-t-il estimé, affirmant toutefois qu’elles n’allaient pas entamer le soutien du Hezbollah au peuple palestinien « jusqu’à l’arrêt du massacre à Gaza ». Le ministère de la Santé a condamné dans un communiqué la « frappe brutale israélienne » contre l’hôpital, la qualifiant de « crime de guerre ».
Dix morts en deux jours
Toujours à Bint Jbeil, une autre frappe, menée par un avion de chasse cette fois-ci, a provoqué la mort d’un combattant palestinien. Il s’agit de Mohammad Mahmoud Sleiman, 30 ans, qui combat dans les rangs de la branche libanaise du Jihad islamique. Des frappes aériennes ont visé également Yaroun et la périphérie de Chebaa, rapporte notre correspondant au Liban-Sud Mountasser Abdallah. En outre, des tirs d’artillerie israéliens ont pris pour cible les abords des villages de Kfar Kila, Kfarchouba, Houla, Zebdine et Berghoz, ainsi qu’une zone entre Taybé et Rab el-Talatine. Des tirs de bombes au phosphore blanc ont ciblé plusieurs zones du caza de Hasbaya, notamment Wadi Khansa et Helta, ainsi que Rihaniyé et Majidiyé. La Défense civile des scouts de la Mission islamique (affiliée au mouvement Amal) a indiqué avoir participé à l’extinction d’un incendie après des tirs de bombes au phosphore blanc à Taybé, et au transport d’un blessé après une frappe sur Aïtaroun. Dimanche, Israël s’était également déchaîné sur le Liban-Sud, tuant pas moins de cinq combattants du Hezbollah et deux civils. Cela porte à 10 le nombre de personnes tuées du côté libanais de la frontière entre dimanche et lundi. Selon notre décompte, les combats ont tué au moins 68 civils au Liban et 321 membres du Hezbollah au Liban et en Syrie depuis le 8 octobre 2023. Côté israélien, au moins 14 soldats et 11 civils ont été tués dans ces violences selon les autorités.
De son côté, le Hezbollah a annoncé pas moins de dix opérations contre Israël lundi. Il a notamment revendiqué une attaque sur un bâtiment au nord-est de la localité israélienne de Metula, ainsi que le tir de « dizaines de roquettes Katioucha » sur des localités israéliennes dans les environs de Meron, à plus de
10 km de la frontière. Il a également dit avoir détruit du « matériel d’espionnage » à Misgav Am et avoir visé à l’aide de « drones suicides » la base de Beit Hillel et des plateformes du Dôme de fer. Très tôt le matin, le Hezbollah a annoncé avoir frappé Margaliot, ville du nord d’Israël située face à Houla. Selon le Haaretz, un « missile anti-tank a frappé un bâtiment, sans faire de blessés ».
Israël s’entraîne
Dans ce contexte d’escalade, Tel-Aviv a annoncé que son armée a mené des exercices et des simulations d’une attaque terrestre au Liban ces dernières semaines. La brigade 146 et la brigade blindée réserviste 205 ont effectué des exercices ces dernières semaines, semblables à une opération terrestre au Liban. Ces exercices incluaient des scénarios de batailles sur le front du Nord (d’Israël), le positionnement rapide de forces sur le terrain et le rôle à jouer » par les brigades impliquées, et qui font partie du commandement de l’armée israélienne dans le nord du pays, a indiqué le porte-parole arabophone de l’armée israélienne, Avichay Adraee, sur X. M. Adraee a ajouté que la brigade 551, une unité de parachutistes réservistes, serait, pour sa part, en train d’effectuer des « activités opérationnelles à la frontière libanaise ». Ces activités comprennent une « étude des défis au Liban » et sont menées dans une « zone (géographique) abrupte » semblable au terrain libanais. Des exercices concernant des questions logistiques, informatiques ou de communication ont également eu lieu, ainsi que des exercices de transport dans des zones abruptes et montagneuses, « dans le cadre d’une levée de l’état d’alerte sur la frontière nord », poursuit le porte-parole, dont la déclaration est accompagnée d’une vidéo de soldats israéliens en réunion dans une tente militaire.