Les autorités allemandes ont annoncé jeudi avoir arrêté deux hommes soupçonnés d'avoir voulu commettre au profit de la Russie des actes de sabotage contre l'aide à l'Ukraine, y compris sur une base de l'armée américaine, allégations « absurdes » selon Moscou.
Les deux hommes, qui possèdent les nationalités russe et allemande, ont été interpellés à Bayreuth, ville de Bavière, dans le sud-est du pays, a annoncé le parquet anti-terroriste dans un communiqué.
Identifiés comme Dieter S. et Alexander J., ils sont accusés d'avoir effectué des repérages pour des cibles potentielles, dont des « installations des forces armées américaines » stationnées sur le sol allemand.
La ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock a fait convoquer l'ambassadeur russe à Berlin, et il lui a été signifié que le gouvernement ne permettrait pas à Vladimir Poutine « d'apporter sa terreur en Allemagne », a-t-elle indiqué sur son compte X.
« Nous n'accepterons jamais que des activités d’espionnage aient lieu en Allemagne », a dit de son côté Olaf Scholz à Bruxelles.
La Russie a répliqué en dénonçant des allégations « absurdes et ridicules » et l'absence de « preuve », dans un message sur X de son ambassade en Allemagne.
« Saper le soutien à l'Ukraine
Selon l'hebdomadaire Der Spiegel, la grande base américaine bavaroise de Grafenwöhr, où des soldats ukrainiens sont formés à l'utilisation de chars américains de combat Abrams, était notamment dans le viseur des suspects, de même que des convois de la Bundeswehr, l'armée allemande.
Pour la ministre allemande de l'Intérieur Nancy Faeser, « il s'agit d'un cas particulièrement grave d'activité présumée d'agents pour le régime criminel (du président russe Vladimir) Poutine », a-t-elle dit sur X.
Des policiers ont également perquisitionné mercredi les domiciles et les lieux de travail des deux hommes, qui sont soupçonnés « d'avoir été actifs pour un service de renseignement étranger », selon le communiqué du parquet.
Le principal accusé, Dieter S., âgé de 39 ans selon Der Spiegel, échangeait des informations avec une personne liée aux services de renseignement russes depuis octobre 2023 en vue d'éventuels actes de sabotage sur le territoire allemand.
« Les actions visaient en particulier à saper le soutien militaire apporté par l'Allemagne à l'Ukraine contre la guerre d'agression russe », selon les procureurs.
Dieter S. se serait déclaré prêt auprès de ce contact à « commettre des attentats à l'explosif et des incendies criminels, principalement contre des infrastructures militaires et des sites industriels en Allemagne ».
À cette fin, il a rassemblé des informations sur des cibles potentielles, pris des photos et tourné des vidéos de certaines cibles potentielles de transport et d'équipements militaires, puis aurait ensuite communiqué ces informations à son contact.
Son complice Alexander J., 37 ans selon les médias allemands, s'est joint à lui à partir de la fin mars 2024, selon le parquet.
Dieter S. est également accusé d'appartenir à une organisation « terroriste » étrangère, les procureurs le soupçonnant d'avoir combattu au sein d'une milice armée séparatiste prorusse de la « République populaire de Donetsk », autoproclamée dans l'est de l'Ukraine, entre 2014 et 2016.
Ne pas se laisser « intimider »
L'Allemagne ne va pas se laisser « intimider », a déclaré Mem Faeser, ajoutant que son pays, plus gros fournisseur européen d'armes à Kiev, continuerait « à soutenir massivement l'Ukraine ».
L'annonce des arrestations est intervenue alors que le vice-chancelier Robert Habeck était jeudi en visite surprise à Kiev pour réaffirmer le soutien de l'Allemagne.
L'Allemagne a fait face à plusieurs affaires d'espionnage présumé pour le compte de la Russie depuis l'invasion de l'Ukraine au début de l'année 2022.
Un ancien agent secret allemand est actuellement jugé à Berlin pour avoir transmis des informations classées secrètes au services de sécurité russes (FSB) à l'automne 2022, accusation qu'il nie catégoriquement.
En novembre 2022, un Allemand a été condamné à une peine avec sursis pour avoir fait passer des informations aux services de renseignement russes alors qu'il travaillait comme officier de réserve pour l'armée allemande.
« Nous savons que l'appareil du pouvoir russe prend également pour cible notre pays, nous devons réagir à cette menace de manière déterminée », a estimé le ministre de la Justice Marco Buschmann.
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