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Culture - Festival du Film

« La raison d’être » de Julie Kebbi : partager des histoires de vulnérabilité et d’émotion

À l’affiche du « Beirut International Women Film festival » ce jeudi soir : « My reason for being » (Ma raison d’être), un court documentaire signé par notre ex-collègue sur la thématique de l’exil conjugué au féminin.

« La raison d’être » de Julie Kebbi : partager des histoires de vulnérabilité et d’émotion

Julie Kebbi, ex-journaliste à « L'OLJ », se lance dans la réalisation de documentaires. Photo DR

À travers l'objectif de sa fille, une femme réfléchit à son exil du Liban et à la mort en parcourant le journal de sa défunte mère. Voici le synopsis du court documentaire (18 mn) signé par Julie Kebbi, qui sera projeté dans le cadre du Festival international du film de femmes de Beyrouth ce jeudi 18 avril*. 

Trois questions pour en savoir plus sur ce premier opus cinématographique de l’ex-journaliste à L’Orient-Le Jour.

Après 6 ans de journalisme au service international de « L’Orient-Le Jour », dont un an en tant que cheffe du service, vous avez décidé de quitter le pays pour vous tourner vers la réalisation de documentaires en Allemagne. Qu’est-ce qui a provoqué le déclic de cette reconversion ?

Je ne vois pas le fait de me tourner vers le documentaire comme une reconversion mais plutôt comme la continuité de ce que je faisais en tant que journaliste. En fait, j’ai toujours eu une affinité pour l’audiovisuel. Depuis l’adolescence, j’ai toujours eu une caméra entre les mains que ce soit pour photographier ou filmer. Pour moi, il y a dans la manière de raconter des histoires, des expériences humaines et de les partager, une sorte de nuance et de vulnérabilité qui sort de l’image et du son que l’écrit ne peut pas dire.

Quant à ce qui m’a poussé à quitter le Liban en juillet 2022, c’est le fait que j’avais besoin de prendre du recul et de comprendre ce qui nous était arrivé depuis la révolte de 2019 jusqu’à l’explosion (au port le 4 août 2020) en passant par la crise, le Covid-19, etc. Le décès de ma grand-mère a été le point qui a cristallisé cette envie de partir et de me tourner vers ce domaine de l’image pour lequel j’ai toujours eu de l’appétence.

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Vécu par une femme et abordé à travers votre regard ultra-sensible de jeune femme, l’exil est le sujet – avec la mort – de votre premier documentaire. Traiter ce thème était-il une évidence par rapport à votre propre parcours ?

Oui, c’était une évidence absolue. Dès mon départ du Liban, j’avais décidé que l’exil serait le thème de l’ensemble des projets sur lesquels je travaillerais la première année. C’est ce que j’ai fait en racontant les histoires d’exilés de différentes nationalités. À travers leurs témoignages filmés, j’essayais de comprendre les conséquences émotionnelles de l’exil, comment la géopolitique impacte le personnel, une thématique que j’avais d’ailleurs beaucoup traitée dans L’Orient-Le Jour, mais différemment.

Mais là, j’avais un besoin de plonger dedans pour essayer de comprendre et de gérer mon propre exil. Et très vite, je me suis rendue compte que la seule personne qui pouvait me donner les réponses était ma mère, qui elle aussi était passée par là. Elle avait quitté le Liban à l’âge de 17 ans au début de la guerre civile et très cyniquement, l’histoire se répétait. Je me suis alors rendue compte que c’est une histoire très libanaise.

À partir de là, j’ai vite compris que je ne pouvais pas avancer dans ma carrière de réalisatrice avant d’avoir fait ce film qui est une conversation entre ma mère et moi. J'y explore une série d’interrogations sur la façon de reconstruire une nouvelle vie quand on a tout laissé derrière soi, sur la possibilité de surmonter les différents deuils par lesquels nous sommes passés ces dernières décennies et sur le rapport que l'on garde au Liban… 

La maman de la réalisatrice, son interlocutrice et actrice privilégiée. Image tirée du film.

Quelle est aujourd’hui « la raison d’être » de Julie Kebbi, pour reprendre le titre de votre film ?

Honnêtement, je crois que je n’ai pas vraiment la réponse. C’est un processus qui est en cours, qui a été complètement chamboulé par ce qui nous est arrivé au Liban, par mon départ et ma tentative de construire quelque chose ailleurs. Pour l’instant, je dirais que ma raison d’être est celle de partager des histoires pleines d’émotion et de vulnérabilité à travers des films et des écrits. Pas seulement les miennes, mais celles d’autres personnes, pour essayer de trouver ce qui nous relie les uns aux autres, tout ce qui nous rapproche, surtout avec ce qui se déroule actuellement au Moyen-Orient.

*Projection jeudi 18 avril, à 17h30, au Grand Cinemas de l’ABC Dbayé.

À travers l'objectif de sa fille, une femme réfléchit à son exil du Liban et à la mort en parcourant le journal de sa défunte mère. Voici le synopsis du court documentaire (18 mn) signé par Julie Kebbi, qui sera projeté dans le cadre du Festival international du film de femmes de Beyrouth ce jeudi 18 avril*. Trois questions pour en savoir plus sur ce premier opus cinématographique...

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