Quatre projets de textes libéralisant l'accès à l'avortement en Pologne, soumis par les membres de la coalition pro-UE au pouvoir, ont franchi vendredi un premier obstacle au Parlement, dans un contexte de divisions profondes sur l'assouplissement des lois parmi les plus restrictives d'Europe.
Les motions appelant à rejeter ces textes ont été écartées par la majorité des députés, dans ce pays à forte tradition catholique.
L'alliance des partis pro-UE est arrivée au pouvoir en octobre en promettant de légaliser l'avortement, qui n'est actuellement autorisé que si la grossesse résulte d'une agression sexuelle ou d'un inceste, ou si elle constitue une menace directe à la vie ou à la santé de la mère.
"Nous tenons notre parole! Le Parlement traitera tous les projets relatifs au droit à l'avortement", s'est félicité la Coalition civique du Premier ministre Donald Tusk sur les réseaux sociaux.
Les propositions de lois qui visent à accorder aux femmes davantage de droits en matière de procréation doivent désormais être soumises à une commission parlementaire spéciale, convoquée dans la foulée.
Les groupes de défense des droits des femmes et les activistes polonais ont salué les résultats de ces décisions "historiques".
"Pour la première fois depuis 1996, des projets libéralisant l'accès à l'avortement en Pologne seront examinés en deuxième lecture. C'est un moment historique", a déclaré Kamila Ferenc, de la Fédération des femmes et du planning familial.
Le résultat de ces votes très attendus a également été un test pour l'alliance gouvernementale, car certains députés de la coalition au pouvoir étaient réticents à soutenir la législation.
"Nous avons voté pour tous les projets. Nous l'avons fait par respect pour la démocratie et pour la durabilité de la coalition", a déclaré Szymon Holownia, président du Parlement, après le vote.
"Le programme minimum pour la coalition gouvernementale était de ne pas se brouiller", a indiqué de son côté aux journalistes Donald Tusk, en évoquant "une satisfaction modérée et prudente".
- Veto présidentiel -
Mais même si le parlement approuve les réformes, il est peu probable que le président Andrzej Duda, catholique conservateur et allié au parti nationaliste d'opposition PiS, les promulgue.
L'alliance gouvernementale, composée de la Coalition civique et de ses partenaires de Troisième voie (démocrate-chrétien) et de la gauche, ne dispose pas de la majorité des trois cinquièmes requise pour renverser un veto présidentiel.
En cas d'impasse, l'alliance devra attendre l'élection présidentielle de l'année prochaine, dans l'espoir de voir M. Duda remplacé par un candidat libéral.
Mais "même si cette marche sera moins rapide, plus longue, elle va se poursuivre", a assuré M. Tusk.
"J'aimerais que cette commission termine son travail avant l'élection présidentielle", a déclaré Natalia Broniarczyk, de l'association Abortion Dream Team, aux journalistes après le vote. "J'ai une question très sérieuse à poser aux candidats à la présidence: que ferez-vous de la proposition de loi qui sortira de cette commission?"
Selon un sondage de l'institut Ipsos, publié jeudi, 35% des Polonais soutiennent le droit à l'avortement jusqu'à la 12e semaine de grossesse. Un rétablissement de ce droit en cas de malformation du foetus, aboli par le pouvoir nationaliste, est à cet égard souhaité par 21% des personnes interrogées, alors que, pour 14% d'entre elles, l'état actuel de la législation est satisfaisant.
Près d'un quart des Polonais voudraient un référendum national sur la question.
mmp-sw/ybl
© Agence France-Presse
Les motions appelant à rejeter ces textes ont été...
Les plus commentés
Quand la guerre et le Hezbollah aggravent en apparence les divisions interchrétiennes
Le dossier libanais devant le Conseil de sécurité : une « 1701 plus » en gestation
Faire nation