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Sport - Conflit

À Gaza, le sport paye aussi le prix fort

Au moins 99 footballeurs ont été tués depuis le début de la guerre, dont la star locale, Mohammad Barakat.

À Gaza, le sport paye aussi le prix fort

Le footballeur Mohammad Barakat a été tué par un bombardement israélien le 11 mars 2024, à Khan Younès, dans la bande de Gaza. Photo fournie par Yousef Baalousheh

Mis en suspens depuis le 9 octobre dernier, le sport palestinien voit jour après jour le bilan humain s'alourdir dans ses rangs. Après bientôt six mois de guerre dans la bande de Gaza, les pertes enregistrées sont telles que Susan Chalabi, chargée de la lourde tâche de recenser les noms des joueurs de football tués depuis le début du conflit, ne pouvait plus rester muette face à l'indifférence des instances sportives internationales.

« D'après les informations qui nous sont parvenues de Gaza, au moins 99 footballeurs sont morts, sans compter les disparus dont nous n'avons plus de nouvelles », détaille la vice-présidente de la Fédération palestinienne de football (PFA). « Nous n'avons toujours pas entendu le moindre mot de la FIFA ou des autres instances pour condamner ce massacre indiscriminé mené par Israël contre notre peuple et nos sportifs à Gaza et en Cisjordanie », dénonce-t-elle.

Au moins 159 sportifs tués

Depuis le courrier que sa fédération a reçu le 13 octobre dernier de la part de Gianni Infantino dans lequel il appelait à « une fin immédiate des hostilités et pour l’apaisement immédiat des souffrances des peuples israélien et palestinien », plus aucune nouvelle du président de la FIFA. Ce silence radio a poussé la PFA à interpeller mercredi la FIFA pour prendre des sanctions contre les équipes israéliennes en raison des « violations des lois internationales » commises, selon elle, à Gaza.

« La perte de vies innocentes et les destructions de quartiers résidentiels constituent des violations claires des lois internationales », a écrit la PFA dans un communiqué. De quoi faire grimper le nombre de sportifs tués dans les territoires palestiniens depuis le début du conflit à 159 d'après les estimations de la Fédération, basée à Jérusalem-Est.

« Toutes les infrastructures de football dans Gaza ont été détruites ou gravement endommagées », ajoute la PFA, dont la demande a été soutenue par six fédérations membres de la FIFA, dont celle du Liban. Cet appui de la Fédération libanaise de football fait suite au décès de Moustafa Gharib, le capitaine de l'équipe de football des Shabab Baalbeck, tué par un raid de l'aviation israélienne à Ansar, dans la Békaa, le 11 mars courant.

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« Légende de Khan Younès »

Parmi les 31 900 morts comptabilisés par le dernier bilan du ministère de la Santé du mouvement Hamas, figure depuis peu le nom de Mohammad Barakat, star du football local surnommé « la légende de Khan Younès ». L'attaquant de 39 ans, ayant porté les couleurs de la sélection nationale palestinienne et de nombreux clubs de la région, à Gaza, en Cisjordanie et en Jordanie (al-Wehdat), ou encore en Arabie saoudite (al-Shoala), a été tué, lui aussi, le premier jour du ramadan, dans sa maison à Khan Younès. Il a même enregistré une vidéo quelques minutes avant sa mort.

Auteur de 114 buts le long de sa carrière, Barakat évoluait encore occasionnellement sous les couleurs du Khan Younès Youth Club, avec qui il avait été encore buteur le 8 août 2023 lors de la 2e journée de première division palestinienne de Gaza. « La perte de Mohammad Barakat est une immense tristesse pour toute la famille du football palestinien », a ajouté la vice-présidente Susan Chalabi, qui fait aussi part de ses difficultés à garder le contact avec ses homologues coincés à Gaza. « Il n'est pas facile d’obtenir des informations précises et de communiquer avec nos collègues sur place à cause des coupures de communication, surtout depuis que nos bureaux ont été détruits », raconte-t-elle.

Des membres de la communauté palestinienne du Chili tiennent une banderole sur laquelle on peut lire « Arrêtez le génocide en Palestine ! » pendant le match aller du deuxième tour de la Copa Libertadores entre Portuguesa du Venezuela et Palestino du Chili au stade Brigido Iriarte, à Caracas, le 20 février 2024. Photo Federico Parra/AFP

Cette hécatombe dans les rangs du sport palestinien ne se limite pas aux frontières de l'enclave. Dans un autre communiqué, la PFA affirme que trois autres footballeurs palestiniens : Ousama Abou Nahar, Ahmad Tariq Faraj et Nabil Ata Amer, membres du club de Tulkarem, ont été tués dans la ville de Cisjordanie du même nom lors d'une attaque israélienne contre le Centre de la jeunesse local, le 10 mars dernier. Ces derniers décès font suite à celui de l'entraîneur de l'équipe olympique de football, Hani al-Masdar, ou encore de l'ancien défenseur de l'équipe nationale, Mouyin al-Maghribi, tués début janvier.

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La Fédération palestinienne demande que sa requête soit inscrite à l'ordre du jour du prochain congrès de l'instance mondiale du football, qui se tiendra en mai prochain à Bangkok. Elle demande, entre autres, que la FIFA examine la question des clubs de football dans les colonies juives de Cisjordanie, illégales au regard du droit international. Ces équipes, qui s'élèvent au nombre de cinq, sont pleinement reconnues par la Fédération israélienne de football, ce qui constitue, selon la PFA, une « reconnaissance implicite » de la souveraineté d'Israël sur ces colonies.

Contactée par L'OLJ, la FIFA n'a pas donné suite à nos sollicitations.

Mis en suspens depuis le 9 octobre dernier, le sport palestinien voit jour après jour le bilan humain s'alourdir dans ses rangs. Après bientôt six mois de guerre dans la bande de Gaza, les pertes enregistrées sont telles que Susan Chalabi, chargée de la lourde tâche de recenser les noms des joueurs de football tués depuis le début du conflit, ne pouvait plus rester...

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