Fuites dans l'armée allemande: le parquet fédéral ouvre une enquête

Le parquet fédéral allemand a indiqué mercredi à l'AFP avoir ouvert une enquête sur l'enregistrement d'une discussion confidentielle de l'armée allemande sur l'aide militaire à l'Ukraine, dont la récente diffusion publique a causé l'émoi.

Cette conversation entre officiers allemands de haut rang, datée du 19 février, avait été interceptée et publiée sur les réseaux sociaux depuis la Russie, provoquant un scandale en Allemagne.

L'enquête doit tenter de déterminer les auteurs de ces écoutes et porte sur des soupçons "d'activité d'espionnage", a indiqué à l'AFP une porte-parole du parquet fédéral basé à Karlsruhe (sud-ouest). 

Selon l'hebdomadaire Der Spiegel, la procédure permettra notamment de mener des investigations à Singapour, où tout a commencé.

En effet, l'un des gradés participant à la conversation confidentielle se trouvait dans un hôtel de la cité-Etat insulaire où se déroulait au même moment un salon aéronautique. Il avait accédé à la vidéoconférence via "une connexion non autorisée", conduisant à l'interception de la discussion par des espions russes, selon le ministre allemand de la Défense qui avait regretté une "erreur individuelle".

Dans un second temps, le ministre Boris Pistorius avait indiqué que l'inspecteur de l'armée de l'air, lui-même, Ingo Gerhartz, n'avait pas utilisé la connexion requise lors de cette conversation.

Le ministère de la Défense mène aussi ses propres enquêtes internes pour savoir ce qui "aurait pu ou non être discuté" lors de l'entretien et quelles erreurs de techniques ont été commises.

Lors de la conversation interceptée, les officiers avaient notamment abordé l'hypothèse de la livraison à Kiev de missiles de longue portée Taurus, de fabrication allemande.

Et ce alors même que le chancelier Olaf Scholz, pressé de toutes parts pour équiper Kiev, a catégoriquement rejeté l'idée de livrer ces puissantes armes de précision d'une portée de 500 km, par crainte d'une escalade du conflit sur le territoire russe.