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Culture - Musées

La Fondation d’art Bassam Freiha s’installe au cœur du district culturel de Saadiyat, à Abou Dhabi

Conçue par une architecte libanaise, la BFAF est la première et la seule institution privée du district culturel de Saadiyat.

La Fondation d’art Bassam Freiha s’installe au cœur du district culturel de Saadiyat, à Abou Dhabi

Un beau bâtiment blanc au cœur de l’île de Saadiyat abrite la Fondation d’art Bassam Freiha. Photo DR

Créer le design d’un bâtiment au cœur de l’île de Saadiyat, à proximité d’impressionnantes architectures, comme le Louvre Abou Dhabi conçu par Jean Nouvel et Hala Wardé, ou les futurs musées Guggenheim et Musée national Zayed, respectivement dessinés par Frank Gehry et Foster & Partners, était peut-être un rêve fou pour Rasha Gebran, directrice de l’agence A.D.D. Consultants, basée à Abou Dhabi. Mais une chose est évidente : le bâtiment qu’elle a réalisé pour la Bassam Freiha Art Foundation (BFAF) a fière allure. Et a suscité la curiosité des médias et des visiteurs. Alliant verre et fibrociment, « extrêmement durable et recyclable », la structure montée en porte-à-faux semble flotter au-dessus de l'eau. La façade principale au look monolithique est percée d’une entrée vitrée. Les façades latérales perforées de motifs fins et irréguliers permettent de filtrer la lumière naturelle le jour, et de plonger l’édifice dans une délicate lueur argentée le soir.

Bassam Freiha devant une toile de l'artiste italien Fabio Fabbi (1861-1946) exposée dans le cadre de l'accrochage « Échos d'Orient » à la BFAF . Photo Fondation Bassam Freiha

Pour la petite histoire, Rasha Gebran raconte que « pour abriter sa collection d’art, Bassam Freiha avait initialement prévu de construire un espace dans le jardin de sa villa d'Abou Dhabi. J'ai réalisé un design standard, puis trois autres dont un se distinguait particulièrement par l’audace de son élaboration, vu le lieu où il allait être réalisé. Cependant, cette conception qui donnait au projet un plus grand potentiel a séduit M. Freiha ». Voulant partager son enthousiasme avec son ami cheikh Mohammad ben Zayed ben Sultan, président des Émirats arabes unis et gouverneur d'Abou Dhabi, il lui présente les plans. « Après les avoir observés avec une grande attention, cheikh Mohammad reste un long moment silencieux, avant de déclarer avoir une idée. » Celle d’attribuer un terrain sur l’île de Saadiyat, le district le plus prestigieux des Émirats. « J'étais impressionnée, confie l’architecte, ce qui avait commencé comme un projet privé s'était soudainement transformé en une institution. Les travaux de construction ont commencé en mars 2023 et ont été achevés en l'espace de huit mois. Je dois beaucoup au soutien et à l'expertise d'Élie Kanaan de Scan Construction, qui m’a aidée à rendre le projet réalisable. »

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Ouverte à tous et gratuite, cette nouvelle institution à but non lucratif se distingue en mettant en lumière non seulement la collection de Bassam Freiha, mais aussi celles des amateurs régionaux et internationaux. Parallèlement à chaque exposition, il y aura des conférences sur l'histoire de l'art, des tables rondes, des ateliers pour enfants de différents niveaux. Michaela Watrelot, critique d’art et curatrice des expositions du BFAF, a indiqué « espérer établir des bourses régulières pour les artistes émergents ».

Rasha Gebran, directrice de l’agence A.D.D. Consultants, basée à Abou Dhabi. Photo DR

Au bout de leurs pinceaux, la femme

Installée sur un site de 6 200 m2, la BFAF offre trois espaces d’exposition : une salle de 500 m2 de superficie ; une galerie annexe de 90 m2 et un jardin de 750 m2 dédié aux sculptures dont le reflet miroite dans un plan d’eau de 630 m2.

La grande salle donne actuellement à voir une sélection d’œuvres provenant de la collection privée de Bassam Freiha, avec des prêts d’autres collectionneurs. Autour du thème de la féminité, l’exposition inaugurale intitulée « Échos d'Orient » est organisée par Michaela Watrelot. Elle met face à face les œuvres des peintres orientalistes (occidentaux) et celles des artistes arabes modernes, instaurant ainsi un dialogue entre les deux groupes. Parmi les premiers, figurent le Français d’origine autrichienne Rudolf Ernst (1854-1932) qui a fait de nombreux voyages en Orient, notamment au Maroc et à Constantinople ; Léon-François Comerre connu pour ses portraits d’odalisques (1850-1916) ; le Belge Jean-Baptiste Huysmans (1826-1906), fasciné et sensible aux subtilités du costume, des accessoires et des coutumes levantines, qu’il a peints avec des couleurs fortes. Quant à l’Italien Fabio Fabbi (1861-1946), il s’est pris de passion pour l’Égypte. Ses scènes de marchés d'esclaves, de femmes se reposant sur des terrasses dominant Le Caire ou Alexandrie, ou encore les danseuses se produisant dans des maisons privées, avaient rencontré un grand succès dès son retour en Italie. Il y a aussi Paul Leroy (1860-1942), qui a parcouru le Moyen-Orient et visité sept fois l’Algérie. Particulièrement attiré par la lumière orientale, il a traité ses paysages dans une esthétique proche de l'impressionnisme. Les œuvres de ces peintres et d’autres encore côtoient celles de grands modernistes et figures majeures de l’art pictural libanais comme Habib Srour (1863-1938), qui a peint à différentes reprises le thème de la Bédouine. Ainsi que Moustafa Faroukh (1901-1957) et César Gemayel (1898-1958) connus pour leurs nus. Au menu également, l'un des premiers et influents artistes syriens de l'ère moderne Tawfik Tarek (1875-1940) et l’Émirati Abdul Qader al-Rais.

Les façades latérales perforées de motifs fins et irréguliers permettent de filtrer la lumière naturelle le jour, et de plonger l’édifice dans une délicate lueur argentée le soir. Photo DR

 Les photographes de l’Orient

« Échos d'Orient » présente aussi une sélection de photographies du XIXe siècle du mouvement artistique orientaliste. Parmi eux, citons l’Arménien Gabriel Lekegian, actif à Constantinople et au Caire des années 1880 aux années 1920. Le Syro-Arménien Jean-Pascal Sébah qui a reçu une médaille lors d’une des expositions universelles de Paris. Il avait un studio à Constantinople vers 1860 et une succursale au Caire. Ses photographies ont illustré les textes du livre Les costumes populaires de la Turquie en 1873, de Osman Hamdi Bey, fondateur et premier directeur de l'Académie des beaux-arts d'Istanbul. Le photographe italien Tancrede Dumas qui fut actif au Proche-Orient et en Afrique du Nord entre les années 1860 et les années 1890 et travailla pour l’American Palestine Exploration Society, afin de documenter les régions à l'est du Jourdain, et aida le photographe français Félix Bonfils à constituer une partie de son Catalogue de vues photographiques de l'Orient.

Ouverte à tous et gratuite, cette nouvelle institution à but non lucratif se distingue en mettant en lumière non seulement la collection de Bassam Freiha, mais aussi celles des amateurs régionaux et internationaux. Photo DR

Une exposition simultanée, intitulée « Reclaiming Visions », investit la galerie annexe, conçue  pour accueillir les travaux des artistes locaux et régionaux. Sur ses cimaises, les photographies de l’artiste irako-palestinienne Sama Alshaibi dont le procédé d'impression à l'albumine et à l'héliogravure fait référence aux images historiques. En voisin, les sculptures de l’artiste émiratie Azza al-Qubais, qui réinterprète les formes de l’abaya et de la ghonnella (une forme de couvre-chef féminin et de châle, ou de cape à capuche).

« Echoes of the Orient » et « Reclaiming Visions » seront exposés à la Bassam Freiha Art Foundation tous les jours de 10h à 20h, jusqu'au 15 août. L’entrée est gratuite.

Bassam Freiha, bio express
Bassam Saïd Freiha est né à Beyrouth en novembre 1939, fils de Saïd Freiha, éminent journaliste pionnier qui a fondé Dar Assayad en 1954, et al-Anwar dont le premier numéro a paru le 25 août 1959. Géré comme une entreprise familiale sous la direction de Bassam Saïd Freiha en tant que PDG, de son frère aîné Issam en tant que président et de sa plus jeune sœur Elham en tant que directrice générale, Dar Assayad, qui regroupait une production de 11 publications notamment Assayad, al-Anouar, Achabaka, Fairuz, Samar, Middle East Observer Magazine, et autres, a connu une expansion pour devenir l'un des principaux éditeurs panarabes, avec des bureaux à Abou Dhabi, Le Caire, Damas, Dubaï, Koweït et Riyad. Le groupe de presse a mis la clé sous la porte en 2018. En avril 1991, Bassam Saïd Freiha avait été nommé ambassadeur de l'État du Belize auprès de l'Unesco à Paris. 
Créer le design d’un bâtiment au cœur de l’île de Saadiyat, à proximité d’impressionnantes architectures, comme le Louvre Abou Dhabi conçu par Jean Nouvel et Hala Wardé, ou les futurs musées Guggenheim et Musée national Zayed, respectivement dessinés par Frank Gehry et Foster & Partners, était peut-être un rêve fou pour Rasha Gebran, directrice de l’agence A.D.D....

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Fière de nos talents libanais! Exportés partout alors que le Liban sombre dans l’obscurantisme des mullahs iraniens et leurs agents, y a de quoi pleurer…

CW

11 h 41, le 20 mars 2024

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Commentaires (1)

  • Fière de nos talents libanais! Exportés partout alors que le Liban sombre dans l’obscurantisme des mullahs iraniens et leurs agents, y a de quoi pleurer…

    CW

    11 h 41, le 20 mars 2024

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