La Finlande veut bloquer les migrants en provenance de Russie

La Finlande veut adopter une loi temporaire pour endiguer la "migration instrumentalisée" qu'elle impute à la Russie après avoir observé un afflux de demandeurs d'asile à sa frontière, a annoncé vendredi le gouvernement.

Un projet de loi, qui permettrait au gouvernement de limiter le nombre de demandes d'asile à une "zone limitée" de la frontière finlandaise, a été présenté vendredi. "Nous avons constaté que nos autorités ont besoin d'outils pour contrôler la frontière terrestre", a souligné le Premier ministre Petteri Orpo lors d'une conférence de presse.

Helsinki accuse Moscou de délibérément laisser passer ces migrants et dénonce une "attaque hybride" visant à déstabiliser le pays. Le Kremlin rejette ces accusations. "La loi ne pourrait être appliquée que dans les situations (où des influences extérieures) mettent gravement en péril notre souveraineté ou sécurité nationale", et pour un mois à la fois, a ajouté le gouvernement.

Quelque 1.300 demandeurs d'asile sont arrivés en Finlande depuis la Russie en novembre, décembre et janvier, selon les dernières données officielles, dont 900 sur le seul mois de novembre lorsque la frontière était partiellement ouverte.  

Ce mois-là, Helsinki avait décidé de fermer d'abord quatre, puis la totalité de ses huit postes-frontières avec la Russie, une décision qui a été brièvement suspendue en décembre avant d'être réinstaurée et prolongée jusqu'en avril prochain.

Les relations entre les deux voisins, qui partagent une frontière longue de 1.340 kilomètres, se sont considérablement détériorées depuis février 2022 et l'offensive russe en Ukraine. Celle-ci a conduit la Finlande, inquiète pour sa sécurité, à rejoindre l'OTAN en avril 2023. Moscou avait alors promis de prendre des "contre-mesures" après cette adhésion.

"Nous devons nous préparer à ce que la situation s'aggrave avec l'arrivée du printemps", a mis en garde Petteri Orpo vendredi. Selon le gouvernement finlandais, la nouvelle législation serait temporaire et ne s'appliquerait qu'aux cas graves de "migration instrumentalisée", tout en permettant à la Finlande de garder ses frontières ouvertes aux autres flux.