Des Casques bleus de l'ONU déployés à Kfarchouba, à la frontière libanaise-israélienne (Crédit: Mohammad Yassine / L'Orient-Le Jour)
Des « individus locaux » du quartier de Hay el-Sellom ont intercepté et brièvement détenu des Casques bleus de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) jeudi soir dans la banlieue sud de Beyrouth, a confirmé vendredi une porte-parole de la Force, après un incident largement relayé dans des médias locaux et sur les réseaux sociaux.
« La nuit dernière, un véhicule des forces de maintien de la paix, en déplacement logistique routinier vers Beyrouth, a emprunté un itinéraire non prévu. Il a été stoppé et les Casques bleus qui s'y trouvaient ont été détenus par des individus locaux avant d'être ensuite libérés », a indiqué Kandice Ardiel, porte-parole adjointe de la Finul, à L'Orient Today. La Finul n'a pas donné plus d'informations sur les circonstances ayant mené le véhicule à Hay el-Sellom, un quartier où le Hezbollah est prédominant. « Nous examinons les circonstances » de cet incident, a ajouté Mme Ardiel, qui a assuré qu'aucun Casque bleu n'a été blessé.
Contactés, le Hezbollah, les Forces de sécurité intérieure (FSI) et l'Union des municipalités de la banlieue sud n'étaient pas immédiatement disponibles pour un commentaire.
Liberté de mouvement
Créée en 1978 pour surveiller le retrait des forces israéliennes après leur invasion du Liban, la Finul est principalement présente dans le sud du pays. Bien que des tensions surviennent régulièrement entre ses patrouilles et les résidents locaux, majoritairement partisans du Hezbollah, l'incident de jeudi revêt une importance particulière puisqu'il s'est produit dans la banlieue sud chiite de Beyrouth. La résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée après la guerre de juillet 2006 entre l'État hébreu et le Hezbollah, conférait explicitement à la Finul et à l'armée libanaise des pouvoirs le long de la Ligne bleue, qui marque la frontière séparant le Liban d'Israël.
« Nous soulignons, en plus de la liberté de mouvement dans la zone d'opérations de la Finul, que les Casques bleus ont aussi la liberté et l'autorisation du gouvernement libanais de se déplacer dans tout le Liban pour des raisons administratives et logistiques. Cette liberté de mouvement est essentielle à la mise en œuvre de la résolution 1701 », a ajouté Mme Ardiel.
La question de la liberté de mouvement des Casques bleus a été centrale lors des discussions sur le renouvellement du mandat de la Finul en 2023. Le Liban et le Hezbollah avaient alors réclamé que cette liberté de mouvement soit limitée. Le 28 août 2023, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, était allé jusqu'à mettre en garde que, si le mandat de la force de l'ONU était renouvelé en maintenant l'article 16, qui permet aux Casques bleus de se déplacer « sans autorisation préalable » et « indépendamment » de l'armée libanaise, était maintenu, cela risquait de mener à une exacerbation des tensions dans le sud du Liban.
Quelques jours plus tard, le mandat de la Finul avait été prolongé sans aucune modification du texte final et sans répondre donc aux revendications libanaises. Selon la résolution 2650 du Conseil de sécurité, la Finul peut continuer à « mener ses opérations de manière indépendante », mais le texte stipule qu'elle doit « se coordonner avec le gouvernement libanais ». Il exige également que toutes les parties permettent aux Casques bleus de la Finul d'effectuer des patrouilles « annoncées autant qu'inopinées » sans « aucune restriction ou entrave au mouvement de son personnel » et que leur liberté de mouvement était « garantie ».
Le 14 décembre 2022, des habitants, identifiés comme des membres du Hezbollah, ont été accusés d'avoir tué un soldat irlandais de la Finul et blessé trois autres lorsque leur véhicule a été attaqué près du village de Aqibiyé. Dans un autre incident, le 27 décembre 2023, un Casque bleu a été blessé à Taybé (caza de Marjeyoun) lorsqu'un groupe de jeunes gens a attaqué une patrouille et tenté de l'empêcher de se déplacer dans le village.
"Aucun Casque bleu n'a été blessé'. Il peuvent se vanter d'avoir eu de la chance. On reste confondu devant la magnanimité du Hezbollah qui s'est abstenu d'en exécuter un ou deux, puisque, de toutes façons, il n'y aura aucune sanction. Dans le pire des cas, l'assassin sera arrêté puis remis en liberté comme dans le cas de ;assassinat du malheureux soldat iralandais.
11 h 54, le 04 mars 2024