L'ex-président brésilien d'extrême droite Jair Bolsonaro a gardé le silence jeudi devant la police à Brasilia, qui l'avait convoqué pour l'interroger sur son implication présumée dans une « tentative de coup d'Etat » pour se maintenir au pouvoir.
Cerné par les affaires, l'ancien chef d'Etat, au pouvoir de 2019 à 2022 dans la première puissance d'Amérique latine, est plus menacé que jamais par cette enquête retentissante.
« L'unique raison pour laquelle il a fait usage du silence est due au fait qu'il répond aujourd'hui à une investigation à demi-secrète », a dit devant la presse l'avocat Paulo Cunha, près du siège de la police fédérale à Brasilia.
La défense avait indiqué par avance qu'il resterait silencieux si elle n'avait pas un meilleur accès au contenu du dossier.
Selon la presse locale, plusieurs autres personnalités de son camp, dont des ex-ministres, soupçonnés eux aussi, ont été entendues par les enquêteurs en même temps que lui dans plusieurs villes du pays.
Ce nouveau rendez-vous de M. Bolsonaro avec la justice intervient avant une manifestation prévue dimanche à Sao Paulo. Le dirigeant de l'opposition, condamné l'an dernier à l'inégibilité jusqu'en 2030 pour désinformation, a appelé ses partisans à un « rassemblement pacifique » qui devrait permettre de tester l'ampleur de ses soutiens.
M. Bolsonaro clame son innocence et se dit victime d'une « persécution implacable » par le gouvernement du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, qui l'a battu lors de l'élection d'octobre 2022.
« Personne n'a tenté de putsch au Brésil, c'est la grande vérité », a réitéré M. Bolsonaro mercredi, lors d'un entretien à la radio CBN Recife.
Le 8 février, une opération policière de grande ampleur baptisée « Tempus veritatis » (l'heure de vérité, en latin) a visé plusieurs anciens proches collaborateurs de l'ex-président, avec des dizaines de perquisitions et des arrestations.
Passeport confisqué
Désormais interdit de quitter le territoire, Jair Bolsonaro est soupçonné d'avoir pris part à un vaste plan mobilisant notamment des ministres et des militaires de haut rang pour s'assurer qu'il resterait au pouvoir à l'issue de la présidentielle de 2022.
Selon les enquêteurs, ce plan consistait à discréditer le système d'urnes électroniques en vigueur au Brésil, en ayant recours à la « désinformation » pour « disséminer des soupçons de fraude sur l'élection présidentielle de 2022 avant même la réalisation du scrutin, pour légitimer une intervention militaire ».
D'autres soupçons portent sur une tentative de « coup d'Etat militaire pour empêcher le président élu de façon légitime d'accéder au pouvoir ».
Selon la police, M. Bolsonaro avait personnellement retouché un projet de décret visant à convoquer de nouvelles élections et à arrêter Alexandre de Moraes.
Ce juge de la Cour suprême est la bête noire de l'ancien président pour avoir lancé une série d'enquêtes contre lui. Il conduit désormais l'enquête sur un présumé « projet putschiste ».
Le décret n'a finalement pas vu le jour, mais les institutions brésiliennes ont été ébranlées le 8 janvier 2023, une semaine après l'investiture de Lula, quand des milliers de sympathisants bolsonaristes ont saccagé les lieux de pouvoir à Brasilia. M. Bolsonaro se trouvait aux Etats-Unis ce jour-là.
L'ancien chef de l'Etat a déjà comparu devant la police notamment pour des soupçons de falsification de certificats de vaccination contre le Covid-19 ou le détournement présumé de cadeaux reçus de pays étrangers, notamment des bijoux offerts par l'Arabie saoudite.
En juin, il a été déclaré inéligible pour huit ans pour avoir disséminé de fausses informations sur le système électoral.
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