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Lifestyle - La mode

« Miroirs », la collection mirage de Rami Kadi présentée à al-Ula

Au pied des canyons de la vallée d’Ashar, dans la région historique d’al-Ula récemment mise en valeur par l’Arabie saoudite, Rami Kadi présente une collection tout en scintillements et reflets, hommage aux oasis chatoyantes. Champion de la mode durable, le couturier libanais contribue aussi à la préservation du léopard d’Arabie.

« Miroirs », la collection mirage de Rami Kadi présentée à al-Ula

Modèle de la collection « Miroirs » haute couture printemps-été 2024 de Rami Kadi présentée en avant-première à al-Ula. Photo Rami Kadi

Quand Rami Kadi ouvre sa maison de couture à Beyrouth, en 2010, la capitale libanaise, en pleine renaissance, se découvre un nouveau chouchou improbable : 25 ans, archimyope et obsédé de sneakers. Une passion qu’il ne manque d’ailleurs pas d’étaler sur les réseaux sociaux, photographiant chaque nouvelle paire, de préférence dans les salons des aéroports. De fait, les baskets attiraient l’attention sur les escales, ou inversement, preuve que le gamin de l’époque intéressait déjà une clientèle étrangère qui faisait de lui un caravanier des temps modernes, sans cesse en transit entre deux destinations glamour. Ce diplômé d’Esmod Paris, aussitôt embarqué dans l’incubateur Starch qui a produit la crème de la crème des nouveaux créateurs libanais, jouit de sa courte vue comme d’un privilège. Monnet, qui a inventé l’impressionnisme grâce à son handicap, ne l’aurait pas démenti. Rami Kadi, lui, veut faire des robes avec de la lumière.

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Des valses romantiques dans des décors cosmiques

Cette fascination pour tout ce qui brille le dévie vers une esthétique futuriste. Il est l’un des premiers couturiers de sa génération à s’aventurer dans le monde virtuel. Il organise des défilés et des présentations dans le métavers et accepte d’échanger de vraies robes contre des jetons NFT. Plastiques, polyesters dont on fait les hologrammes, verre brisé, éclats de miroirs deviennent ses matériaux fétiches. Il crée des collections avec des matériaux fluorescents dont il réalise des broderies qui se révèlent dans l’obscurité. Mais contrairement aux rétrofuturistes des années 1960, Cardin, Courrèges et autres Paco Rabanne, les formes qu’il affectionne demeurent romantiques. Ses robes de bal transposent des valses romantiques dans des décors cosmiques et les courbes féminines accompagnent la trajectoire des astres.

À al-Ula, une collection sur le thème des miroirs

Parlant de futurisme, quel cadre est aujourd’hui plus magnétique qu’al-Ula, la nouvelle terra incognita révélée par l’Arabie saoudite, destination touristique inédite et étape historique de la route de l’encens ? Là, entre les incroyables formations rocheuses, les oasis fleuries et les nécropoles antiques alignant des mausolées ciselés, s’élèvent des monuments contemporains dont, entre autres, Maraya al-Ula, le plus grand bâtiment à murs réfléchissants du monde, qui abrite la majorité des grands événements de cette région quasi inhabitée, vaste comme la Belgique. Quelle aubaine pour Rami Kadi, ce couturier-phalène, que de pouvoir créer une collection sur le thème des miroirs et la donner à voir devant ce vaste miroir d’al-Ula ! Ce bout de Mars sur la Terre lui offre le catwalk de ses rêves. Trente-deux robes sorties de ses ateliers pour l’occasion vont déployer les sortilèges de l’eau et du ciel dédoublés, mais aussi une fantaisie florale dont seuls les déserts ont le secret. Chatoiements et reflets de diamant taillé sur des créations couture, des corsets moulants, des jupes et des capes fluides, sont augmentés par une utilisation innovante de matériaux holographiques, de plastique recyclé, de PVC et de verre brisé. Le créateur ajoute un élément floral exquis à l’ensemble de la collection, en rappelant les fleurs d’al-Ula et la forme emblématique de leurs feuilles. Les accessoires, bijoux de tête, boucles d’oreilles en métal argenté et doré s’ajoutent aux cristaux, aux motifs métalliques gravés et à des éléments mats brossés qui harmonisent les ornements avec l’inspiration de la collection.

Une fantaisie florale dont seuls les déserts ont le secret. Photo Rami Kadi

Au pied des canyons de la vallée d’Ashar

« Miroirs », la collection printemps-été 2024 de Rami Kadi inspirée par les paysages naturels et l’histoire culturelle d’al-Ula, a été présentée en avant-première le 3 février au pied des canyons du désert de la vallée d’Ashar, où a eu lieu le photo shoot. Il s’agissait pour le couturier de célébrer le rôle d’al-Ula dans l’histoire en tant que carrefour de cultures durant plusieurs millénaires. Le buzz court déjà sur les médias sociaux, lancé par la Maison Rami Kadi et al-Ula Moments.

La révélation de la collection sera suivie d’un défilé de mode qui aura lieu pendant le festival al-Ula Skies, du 10 au 27 avril. Cet événement, qui connaît cette année sa deuxième édition, est l’un des plus spectaculaires de cette destination privilégiée. À cette période de l’année où le climat est le plus agréable, on peut survoler les paysages époustouflants d’al-Ula en montgolfière ou en hélicoptère. À la tombée de la nuit, on revient sur terre, mais c’est pour mieux observer les étoiles dans le ciel limpide du désert, assister à des concerts symphoniques et à des spectacles de drones. Le défilé de Rami Kadi, à la croisée de la célébration culturelle, de la haute couture et de l’innovation artistique, comprendra également des robes inédites conçues exclusivement pour l’événement. « Chaque pièce de la collection “Miroirs” est le reflet des magnifiques paysages et de la riche tapisserie culturelle d’al-Ula », a souligné Rami Kadi. « Nous nous réjouissons de la présentation de la collection de Rami Kadi dans l’emblématique Maraya d’al-Ula et du prochain défilé qui aura lieu en avril. Cette initiative reflète un même esprit de créativité et d’innovation. Elle rappelle l’émergence d’al-Ula en tant que centre où les artistes, quel que soit leur support, peuvent s’inspirer des paysages anciens et du patrimoine artistique », a commenté pour sa part Rami al-Moallim, vice-président de la gestion des destinations et du marketing à la commission royale pour al-Ula.

« Miroirs » a été présentée en avant-première le 3 février au pied des canyons du désert de la vallée d’Ashar. Photo Rami Kadi

Mode durable et protection du léopard d’Arabie

Au-delà de son aspect esthétique, cette collaboration du couturier libanais avec al-Ula est aussi le reflet de son engagement en faveur de la durabilité, puisqu’une partie du produit des ventes sera allouée à la conservation du léopard d’Arabie, une espèce en danger d’extinction et un trésor saoudien qu’al-Ula s’efforce de sauvegarder.

« L’engagement de Kadi en faveur du léopard d’Arabie revêt une importance particulière à l’approche du 10 février, Journée internationale du léopard d’Arabie. Nous espérons que les visiteurs percevront ce lien profond entre la créativité et la durabilité à travers cette vitrine exceptionnelle », a d’ailleurs ajouté Moallim.

Cette initiative s’inscrit dans le prolongement du rôle joué par Kadi en tant qu’ambassadeur régional de bonne volonté du Programme des Nations unies pour l’environnement et pour la mode durable en Asie de l’Ouest.

Quand Rami Kadi ouvre sa maison de couture à Beyrouth, en 2010, la capitale libanaise, en pleine renaissance, se découvre un nouveau chouchou improbable : 25 ans, archimyope et obsédé de sneakers. Une passion qu’il ne manque d’ailleurs pas d’étaler sur les réseaux sociaux, photographiant chaque nouvelle paire, de préférence dans les salons des aéroports. De fait, les baskets...

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