Rishi Sunak en Irlande du Nord après un basculement historique

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak se rend dimanche soir en Irlande du Nord, au lendemain de la désignation historique à la tête du gouvernement local de Michelle O'Neill, favorable à l'unification de l'île.

La visite de Rishi Sunak, sa septième dans la province britannique depuis son arrivée au pouvoir il y a 15 mois, intervient au lendemain de la reprise des institutions locales, après deux ans d'impasse liée aux conséquences du Brexit. Selon Downing Street, le chef du gouvernement britannique doit rencontrer lundi les responsables politiques de la province britannique, où le pouvoir est partagé entre unionistes, attachés au maintien de l'Irlande du nord au sein du Royaume-Uni, et républicains favorables à l'unification de l'île.

Lors de cette visite axée sur les services publics, Rishi Sunak doit évoquer avec eux leurs projets immédiats. En vertu de la co-gouvernance issue des accords du Vendredi saint de 1998, qui ont mis fin à trois décennies de conflit, la républicaine Michelle O'Neill a à ses côtés une vice-Première ministre unioniste, Emma Little-Pengelly.

Le gouvernement local est compétent dans des domaines comme le logement, la santé, l'emploi, l'agriculture et l'environnement. La reprise des institutions locales va aussi permettre le déblocage par Londres d'une enveloppe de 3,3 milliards de livres sterling (environ 3,9 milliards d'euros) pour soutenir les services publics, qui ont récemment connu une grève d'une ampleur historique.

« Aspirations légitimes » 

Dans une interview diffusée dimanche, la nouvelle Première ministre nord-irlandaise a évoqué un référendum sur l'unification de l'Irlande dans les 10 ans qui viennent. A l'inverse, Londres estime que l'avenir de l'Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni est assuré à long terme.

"Mon élection au poste de Première ministre démontre le changement qui est en train de se produire sur cette île", a déclaré Michelle O'Neill dans une interview à la chaîne Sky News. "Nous pouvons avoir le partage du pouvoir" entre républicains et unionistes attachés au maintien de l'Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni, "nous pouvons faire qu'il soit stable, nous pouvons travailler ensemble chaque jour en termes de services publics, et aussi poursuivre des aspirations légitimes", a-t-elle ajouté.

A la question de savoir si elle "anticipait un référendum sur l'unification de l'île dans les 10 années qui viennent", la vice-présidente du Sinn Fein, autrefois vitrine politique de l'IRA (Armée républicaine irlandaise), a répondu par l'affirmative. "Oui. Je crois que nous sommes dans une décennie d'opportunités", "il y a tant de choses qui changent l'ancienne norme, la nature de l'Etat, le fait qu'un républicain nationaliste n'était jamais censé être Premier ministre", a poursuivi Michelle O'Neill, "tout cela parle de ce changement".

De son côté, le gouvernement britannique ne "voit aucune perspective réaliste" d'un tel référendum et pense que l'avenir de l'Irlande du Nord est "assuré pour les décennies qui viennent" au sein du Royaume-Uni, selon un document publié cette semaine. Après la victoire de son parti aux élections de mai 2022, la cheffe du Sinn Fein en Irlande du Nord s'était trouvée empêchée de prendre ses fonctions en raison du boycott des institutions partagées par les unionistes du DUP.

Le DUP dénonçait dans les dispositions commerciales post-Brexit une menace sur la place de l'Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni, mais a conclu cette semaine un accord avec le gouvernement britannique, toutefois loin de faire l'unanimité chez les unionistes.