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Dernières Infos - France

Les agriculteurs européens à Bruxelles, appels à la suspension du mouvement en France


Des agriculteurs français qui manifestent à Ottmarshe, à la frontière entre la France et l'Allemagne le 1 Février 2024. AFP / PATRICK HERTZOG

Les tracteurs étaient de la partie jeudi dans Bruxelles pour faire pression sur des dirigeants européens réunis en sommet, des syndicats d'agriculteurs ayant de leur côté appelé à suspendre le blocage en France après une batterie de mesures annoncées par le gouvernement. « Ce n'est pas l'Europe que nous voulons », « Sortons l'alimentation du libre-échange », « moins de normes » : des milliers de manifestants et 1.200 tracteurs ont envahi les rues de la capitale européenne, en klaxonnant et en jetant des pétards pour se faire entendre des décideurs.

Une foule dense de manifestants parlant français, néerlandais, italien et allemand s'est rassemblée devant les bâtiments bruxellois du Parlement européen. « L'objectif c’est de faire entendre à la Commission, au Conseil européen, aux eurodéputés, les colères qui montent partout en Europe », a déclaré à l'AFP Marianne Streel, présidente de la puissante Fédération wallonne de l'agriculture (FWA).

La veille, des agriculteurs français et belges avaient bloqué ensemble un point de la frontière, en dénonçant « la distorsion de concurrence » entérinée par les accords de libre-échange et en réclamant « des annonces très fortes ». Des centaines d'agriculteurs portugais bloquaient aussi jeudi matin plusieurs axes routiers dont deux passages à la frontière avec l'Espagne, afin de réclamer une « valorisation de leur activité ». En Grèce, 300 tracteurs et des dizaines de camions d'apiculteurs, klaxonnant et arborant des drapeaux noirs et blancs, se sont immobilisés devant le centre municipal de Thessalonique, la deuxième ville de Grèce, aux cris de : « Agriculteurs, ils boivent votre sang ».

Dans tous les pays de l'UE, Bruxelles est la cible désignée de la colère agricole. Politique européenne trop complexe, revenus trop bas, inflation, concurrence étrangère, accumulation de normes, flambée des prix du carburant : des revendications similaires se retrouvent de l'Allemagne à la Pologne en passant par l'Italie. En France, les syndicats majoritaires ont néanmoins appelé jeudi à suspendre les blocages du pays, après une nouvelle série d'annonces du Premier ministre Gabriel Attal en faveur du secteur en crise.

« Nouvelle forme de mobilisation »

« Au vu de tout ce qui avait été annoncé (...), il faut qu'on change de modes d'action et donc nous appelons nos réseaux (...) à suspendre les blocages et à rentrer dans une nouvelle forme de mobilisation », a déclaré le président des Jeunes Agriculteurs Arnaud Gaillot. Le Premier ministre a ainsi promis une enveloppe de 150 millions d'euros « dès cette année et de façon pérenne » dédiée à des mesures destinées à soulager la charge fiscale et sociale des éleveurs du pays. Gabriel Attal a aussi annoncé une série de mesures, telle la mise « en pause » d'un plan qui fixe des objectifs de baisse d'usage des pesticides et cristallise la colère des producteurs de grandes cultures. Il a également demandé que la question de la limitation des importations de céréales ukrainiennes dans l'Union européenne soit incluse dans une négociation. « Des avancées tangibles », selon Arnaud Rousseau, le président du puissant syndicat FNSEA, qui a salué « l'écoute » du chef du gouvernement, mais s'est interrogé sur « la surdité de l'Europe » qu'il voit « murée dans ses bureaux à Bruxelles ».

Face à la colère qui s'exprime sur le continent, la Commission européenne a proposé d'accorder pour 2024 une dérogation « partielle » aux obligations de jachères imposées par la politique agricole commune (PAC) et envisage un mécanisme limitant les importations d'Ukraine (volaille, œufs et sucre). Ce que les manifestants estiment insuffisant.

Autre sujet de friction, en suspens : la Commission négocie actuellement un accord de libre-échange avec les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) qui inquiète le secteur et dont Paris ne veut pas en l'état actuel. Le président Emmanuel Macron s'est entretenu jeudi avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen du « futur de l'agriculture européenne », avant un sommet européen extraordinaire consacré au budget de l'UE et à l'aide à apporter à l'Ukraine. Mercredi soir, le Premier ministre hongrois Viktor Orban avait, lui, fustigé la concurrence « déloyale » des produits ukrainiens, tandis que l'extrême droite italienne, via son vice-Premier ministre Matteo Salvini, s'est dite « du côté des agriculteurs » pour demander la fin des décisions « idéologiques et déconnectées de la réalité ».

En France, plus aucune des 91 personnes interpellées en fin d'après-midi mercredi après une intrusion dans l'enceinte de Rungis, le plus grand marché de produits agro-alimentaires frais au monde, au sud de Paris, n'était en garde à vue jeudi en milieu de matinée. Au petit matin, le calme régnait aux abords du marché.

Les tracteurs étaient de la partie jeudi dans Bruxelles pour faire pression sur des dirigeants européens réunis en sommet, des syndicats d'agriculteurs ayant de leur côté appelé à suspendre le blocage en France après une batterie de mesures annoncées par le gouvernement. « Ce n'est pas l'Europe que nous voulons », « Sortons l'alimentation du libre-échange », «...