Rechercher
Rechercher

Économie - Budget 2024

Les livraisons de carburant suspendues au Liban, mais la crise en voie de résolution

Mercredi soir, le ministre libanais de l’Énergie et de l’Eau, Walid Fayad, a affirmé « comprendre l’inquiétude » des importateurs locaux.

Les livraisons de carburant suspendues au Liban, mais la crise en voie de résolution

Un site de stockage de carburant à Amchit (Jbeil). Photo : P.H.B.

La grève des importateurs de carburant au Liban qui protestent depuis le début de la semaine contre l’adoption d'une nouvelle taxe figurant dans la Loi de finances 2024 va-t-elle durer ou non ? Tout porte à croire que non, même si rien n’est pour l’instant décisif.

Moins de 24 heures après avoir annoncé sa décision d’appeler la filière à faire grève, le président de l’Association des sociétés importatrices de pétrole (APIC), Maroun Chammas a déclaré jeudi matin que la crise allait être désamorcée et qu’il n’y avait pas de pénurie de carburant à craindre. « Nous avons finalement été notifiés que la nouvelle taxe exceptionnelle grevait les profits et non les ventes, ce qui est un point positif » a-t-il déclaré au site Lebanon Debate. Une précision qui devrait considérablement baisser les montants que les acteurs de la filière s’imaginaient devoir débourser.

Contacté, le porte-parole du syndicat des propriétaires de station services, Georges Brax, a confirmé ces informations, ajoutant que les livraisons étaient quasiment à l’arrêt depuis mercredi. « Des discussions sont actuellement en cours et nous devrions en savoir plus d’ici la fin de la journée », a-t-il précisé, ajoutant : « Les distributeurs sont en train d'écouler leurs stocks mais la situation est calme pour l’instant ».

Attente d'un engagement ferme

Selon le président du syndicat des distributeurs de bonbonnes de gaz, Jean Hatem, qui fait partie de l’APIC, la filière attend un « engagement ferme » de la part de l’État, étant donné que la taxe a été instituée par une loi et que sa suppression ne pourra passer que par un autre texte voté par le Parlement. Maroun Chammas n’était pas joignable pour répondre à nos questions.

Dans un communiqué publié mercredi soir, le ministre libanais sortant de l’Énergie et de l’Eau, Walid Fayad, a affirmé « comprendre l’inquiétude » des importateurs locaux « face à l'ambiguïté de ce que certains représentants ou le Parlement avancent concernant la loi ». Ajoutant que son ministère n’était pas en mesure de « défendre ni de contester cette loi », il a souligné que les sociétés étaient déjà imposées sur leurs bénéfices et qu’il revenait au Parlement de savoir si la disposition pouvait être modifiée exceptionnellement à la lumière des arguments de la filière. Il a appelé cette dernière à ne pas interrompre l’approvisionnement en carburant dans le pays.

Lire aussi

Levée de boucliers syndicale contre une nouvelle taxe du budget 2024

La taxe ciblée par la filière du carburant -essence, diesel, mazout et gaz domestique – a été adoptée le 26 janvier mais n’est toujours pas entrée en vigueur (elle le sera quand la loi sera publiée au Journal officiel, soit lundi, soit jeudi prochains au plus tôt). Il s’agit plus précisément d’une taxe « exceptionnelle » ou de 10 % sur les bénéfices des vendeurs et fournisseurs ayant profité des subventions sur le taux de change mise en place par la Banque du Liban avec l’aval du gouvernement dès les premiers mois de la crise qui a éclaté en 2019 et au cours de laquelle la monnaie s’est effondrée. Ces subventions, qui ont aussi profité aux importateurs de médicaments, de matériel médical ; de blé ou encore de certaines denrées alimentaires ont progressivement été levées depuis.

Cette taxe a été proposée puis ajoutée lors des séances du Parlement consacrées à l’adoption du budget de l’État pour 2024 par le député Waël Abou Faour et son parti socialiste progressiste (PSP).

Plusieurs autres syndicats ont manifesté leur rejet de cette taxe mercredi, dont celui des importateurs de médicaments au Liban ou encore celui des importateurs de produits alimentaires.

La légitimité de cette levée de bouclier syndicale ne fait pas l'unanimité dans l'opinion publique, certaines voix considérant injuste qu'une dérogation soit accordée aux filières qui ont bénéficié de ces subventions alors que le commun des contribuables, vont être obligés de payer plus d'impôts dès que le budget sera applicable. Les importateurs concernés considèrent, eux, que ces subventions ont profité à la population en retardant la hausse des prix liée à l'effondrement de la livre, qui a perdu 98 % de sa valeur en plus de 4 ans de crise, pour une inflation qui affiche des taux de croissance à trois chiffres depuis 2021.

La grève des importateurs de carburant au Liban qui protestent depuis le début de la semaine contre l’adoption d'une nouvelle taxe figurant dans la Loi de finances 2024 va-t-elle durer ou non ? Tout porte à croire que non, même si rien n’est pour l’instant décisif.Moins de 24 heures après avoir annoncé sa décision d’appeler la filière à faire grève, le président de...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut