La tension monte, à trois jours d'un sommet européen extraordinaire destiné à débloquer le veto de Viktor Orban sur une aide pour l'Ukraine, l'UE ne cachant pas son exaspération croissante face à l'attitude du dirigeant nationaliste hongrois.
« Ce n'est pas un hasard si le pays membre de l'UE qui viole le plus nos valeurs communes, qui viole l'État de droit, à savoir la Hongrie, est aussi le pays membre qui se trouve toujours en dehors du consensus de l'UE sur le thème de l'aide à l'Ukraine », a dénoncé la secrétaire d'Etat allemande chargée des affaires européennes, Anna Lührmann.
Elle a jugé par ailleurs « absolument inacceptable » que la Hongrie n'ait toujours pas ratifié l'adhésion de la Suède, pays membre de l'UE, à l'Otan.
La responsable allemande a appelé à « durcir » les instruments à disposition de l'UE pour contraindre la Hongrie à respecter l'Etat de droit: le mécanisme de conditionnalité - qui permet de suspendre des fonds européens - et la procédure de l'Article 7 - qui peut déboucher sur une suspension des droits de vote dans les réunions européennes.
Viktor Orban - seul dirigeant de l'UE à avoir maintenu des liens étroits avec le Kremlin après l'offensive russe en Ukraine -, a mis en décembre son veto au versement d'une aide de 50 milliards d'euros sur quatre ans à l'Ukraine.
A plusieurs reprises, le Parlement européen a déploré que l'UE soit « prise en otage » par Budapest.
La Hongrie réclame que la décision de verser des fonds à l'Ukraine puisse être soumise à une révision ultérieure, mais les autres pays veulent absolument éviter de donner à Budapest de telles opportunités d'opposer son veto. Et l'issue du sommet semble très incertaine.
Selon le Financial Times, l'UE a préparé un document appelant les dirigeants des 26 pays à publiquement menacer de priver la Hongrie de tous les fonds qui lui reviennent si aucune solution n'est trouvée jeudi, afin de faire pression sur Budapest en « mettant en danger sa monnaie » et en ébranlant la confiance des investisseurs.
« La Hongrie ne cédera pas au chantage ! », a réagi sur son compte Facebook le ministre des Affaires européennes Janos Boka, assurant que Budapest avait toujours participé aux « discussions de manière constructive ».
« Nouvelle voie »
Une source officielle de l'UE a précisé que le document mentionné par le FT était une note de travail rédigée par le secrétariat du Conseil qui « décrit l'état actuel de l'économie hongroise ».
« Le document de référence ne présente pas un plan mais fait une suggestion » hors du cadre des négociations, indique la même source.
Ces informations ont suscité une certaine confusion à Bruxelles.
« Je suis convaincu que les discussions auront encore lieu dans les prochains jours, y compris avec Viktor Orban », a commenté le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Xavier Bettel. « Je trouve que c'est mauvais quand le chantage (...) a pour réponse le chantage », a-t-il ajouté.
Le débat autour de l'Article 7 a ressurgi ces derniers jours. Cette procédure de sanction a été activée à un stade préliminaire contre la Hongrie en 2018, mais n'a jamais progressé jusqu'à présent.
« Nous verrons si les dirigeants ont assez de patience pour négocier avec Viktor Orban ou s'ils entreprendront une nouvelle voie en utilisant l'Article 7 », a déclaré la vice-présidente de la Commission européenne, chargée des valeurs et de la transparence, Vera Jourova.
Si la Commission européenne a donné son feu vert en décembre au déblocage de dix milliards d'euros de fonds européens destinés à la Hongrie, elle gèle encore plus de vingt milliards d'euros, en raison d'inquiétudes liées notamment au respect des droits des personnes LGBT+, de la liberté académique et du droit d'asile dans le pays.
Viktor Orban réclame que soit versée à son pays « la totalité des fonds » européens.
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