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Lifestyle - Rencontre

Les « sekkins » de la Libanaise Vanessa Hobeika, un projet affûté et une histoire de voyages

Lancé depuis un an, le commerce des « sekkins », ces couteaux d’inspiration japonaise, connaît un succès notable. C’est avec passion qu’elle raconte comment est né ce projet autour du gyuto, couteau de chef nippon.

Les « sekkins » de la Libanaise Vanessa Hobeika, un projet affûté et une histoire de voyages

Vanessa Hobeika et son business travaillé au couteau. Photo DR

« Dans ma vie, il y a beaucoup d’avions et beaucoup de bouffe », constate la jeune femme fringante en riant. Originaire de Baskinta, née en 1990 en Arizona, Vanessa Hobeika a passé ses premières années en Autriche, avant de rentrer au Liban en 1993.

« J’ai fait des études de génie mécanique à l’Université américaine de Beyrouth (AUB), mais je rêvais de découvrir le monde. J’avais envie de sortir de mon pays, où il n’y avait pas suffisamment de diversité à mon goût », estime-t-elle.  Après un stage en Allemagne et en Belgique, la jeune ingénieure intègre une entreprise à Dubaï, qui a l’avantage de la faire beaucoup voyager. Elle, qui s’était fixé comme objectif de visiter 100 pays avant l’âge de 30 ans, a gagné son pari. Après des déplacements au Pakistan, au Kazakhstan, au Salvador et dans bien d’autres contrées, la société de conseil où elle travaille lui propose d’ouvrir un bureau aux États-Unis. Elle accepte sans hésiter et débarque à New York début 2017, en pleine tempête, dans une ville où elle ne connaît personne.

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« L’esprit d’entreprise s’applique à tous les domaines de la vie, pour les rencontres amicales, amoureuses : rien n’arrive sur un plateau d’argent ! » Depuis New York, les déplacements continuent, notamment en Amérique latine, pour rencontrer des clients. Le rythme est intense et éreintant, même s’il se stabilise en 2018, lorsque l’entrepreneuse commence à travailler chez Google, avant d’être brutalement interrompue par la pandémie.

« Chaque bonne recette commence par un bon couteau »

Pendant le confinement, impossible de prendre l’avion pour cette grande voyageuse qui doit trouver un moyen de canaliser sa soif de nouveauté et son énergie. « Je me suis mise à cuisiner toute sorte de mets avec passion et je faisais des vidéos. » Des images qu’elle partage encore sur son compte Instagram et qui sont aussi belles que bonnes. « Quand j’étais nostalgique, je préparais toujours des plats libanais. Ma colocataire était très enviée, car on dégustait des festins ! Je me suis rendu compte que chaque bonne recette commence par un bon couteau. Au cours de mes voyages, j’avais pu découvrir à quel point la nourriture réunit les gens. Lorsque mon grand-père Jean Zakhia est décédé en 2005, j’ai réalisé que sa façon de manifester son affection passait par les longues marches qu’il faisait à Zahlé pour rassembler les meilleurs ingrédients pour le repas du dimanche, où se réunissait toute la famille. Je le savais depuis l’enfance, mais il a fallu que je sillonne le monde pour me souvenir à quel point la nourriture permet aux gens de se connecter entre eux », confie-t-elle avec émotion.

Le « Sekkin » de Vanessa Hobeika, un objet tranchant qui porte bien son nom. Photo DR

En 2014, l’ingénieure s’était rendue au Japon et avait été fascinée par leur sens de la perfection. « Les plats qu’ils servent sont des œuvres d’art, et cela s’applique partout. J’avais découvert un magasin de couteaux qui m’avait marqué par la finesse et le détail de son artisanat. C’est ce qui m’a donné envie de lancer une marque de couteaux japonais, multi-usages et accessibles », explique-t-elle. Pendant que le monde entier s’interrogeait sur les vertus du masque pour enrayer l’épidémie de Covid, Vanessa Hobeika contactait des sociétés de production asiatiques pour leur soumettre son projet de couteau de chef japonais, fabriqué à partir de 67 couches d’acier de Damas . « Je me suis retrouvée avec plusieurs prototypes, et j’ai choisi le plus réussi. Je souhaitais utiliser des matières premières japonaises haut de gamme, tout en proposant un prix moins cher que ceux du marché, qui oscillent entre 800 et 2 000 dollars. En évitant la main-d’œuvre japonaise, je baissais considérablement les coûts de production », affirme-t-elle. Résultat : un couteau de cuisine, léger, tranchant et chic, avec sa poignée en corne de buffle d’eau et en bois naturel, pour 200 dollars.

Un couteau de chef japonais, fabriqué à partir de 67 couches d’acier de Damas. Photo DR

Le label « SEKKIN », dont les couteaux sont commercialisés partout dans le monde, est entièrement géré par Vanessa Hobeika. « Mes plus grands marchés sont les États-Unis et l’Europe, ainsi que les pays du Golfe. Les premiers mois, lorsque je livrais depuis chez moi, j’écrivais à chacun de mes clients pour les remercier de leur confiance : c’était un honneur que mon couteau soit choisi pour préparer le repas familial. Souvent, je constate que certains sont d’origine libanaise et je suis sensible à leur soutien. J’ai choisi le mot “sekkin”, car je le trouve tranchant, et il me rattache à mes racines », confie-t-elle.

Plusieurs chefs étoilés, comme l’Américain Mike Bagale, et différents influenceurs, à l’instar du Belge Paul Delrez ou de Mrs Clueless au Liban, ont donné un réel coup de pouce au gyuto, et le bouche-à-oreille a été très porteur dans la presse et sur les réseaux sociaux. L’entrepreneuse ne compte pas s’arrêter là : au printemps, sortiront un couteau de chef plus petit (la lame du « sekkin» standard est de 198 mm ), un couteau à éplucher et un couteau à pain. « Je suis aussi en train de travailler avec des artisans libanais pour de nouveaux modèles. Quatre-vingt-dix pour cent du succès d’un projet réside dans l’idée de départ : “SEKKIN” est né de mon héritage libanais, qui m’a poussée à voyager partout dans le monde et qui me rappelle que la cuisine est une langue d’amour », conclut-elle d’une voix enjouée.

Site : mysekkin.com

« Dans ma vie, il y a beaucoup d’avions et beaucoup de bouffe », constate la jeune femme fringante en riant. Originaire de Baskinta, née en 1990 en Arizona, Vanessa Hobeika a passé ses premières années en Autriche, avant de rentrer au Liban en 1993. « J’ai fait des études de génie mécanique à l’Université américaine de Beyrouth (AUB), mais je rêvais de découvrir le monde....

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