« Israël est devenu l’une des plus grandes prisons de journalistes au monde depuis le début de la guerre entre Israël et Gaza le 7 octobre », déclare le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), dans son recensement annuel publié jeudi.
Pour la première fois depuis le premier recensement en 1992, l’Etat Hébreu fait partie des 6 premiers pays du classement. Il se classe ex-aequo en 6ème position avec l’Iran - qui était en tête du classement en 2022 - ayant emprisonné au moins 17 journalistes, affirme le rapport effectué au premier décembre et comptabilisant les journalistes détenus par les gouvernements.
Israël se retrouve au côté de régimes autoritaires connus pour leur répression de la liberté de la presse. La Chine et le Myanmar sont en tête du classement - dans les deux pays une quarantaine de journalistes sont détenus - suivis de la Biélorussie, la Russie et le Vietnam.
Un nombre « plus élevé » d'arrestations
« Bien qu’Israël ait figuré à plusieurs reprises dans le recensement annuel du CPJ, le nombre d’arrestations de journalistes palestiniens est le plus élevé », note le rapport, qui indique que les journalistes détenus ont été arrêtés en Cisjordanie occupée, après le 7 octobre, suite à la triple incursion du Hamas entraînant une guerre sur Gaza depuis 105 jours. « La plupart d’entre eux sont placés en détention administrative, ce qui permet aux autorités israéliennes de détenir des personnes sans inculpation au motif qu’elles les soupçonnent d’avoir l’intention de commettre une infraction future », poursuit le rapport.
« Le classement d'Israël dans le recensement des prisons effectué par le CPJ en 2023 est la preuve qu'une norme démocratique fondamentale - la liberté de la presse - est en train de s'effriter, alors qu'Israël use de méthodes draconiennes pour réduire au silence les journalistes palestiniens. Cette pratique doit cesser », a déclaré Jodie Ginsberg, directrice générale du CPJ.
Le CPJ a également rapporté vendredi que depuis le 7 octobre, que la mort de 83 journalistes et professionnels des médias a été confirmée, dont 76 Palestiniens, 4 Israéliens et 3 Libanais. "Les journalistes de Gaza sont confrontés à des risques particulièrement élevés lorsqu'ils tentent de couvrir le conflit à l'ombre de l'assaut terrestre israélien, des frappes aériennes dévastatrices, des communications interrompues, des pénuries d'approvisionnement et des pannes d'électricité de grande ampleur", a indiqué le CPJ.
La répression médiatique se poursuit en Iran
Pour 2022, l’Iran est qualifié de « plus grande prison de journalistes ». Le régime iranien avait mis derrière les barreaux 62 journalistes, alors qu’un vent de contestation soufflait dans le pays, déclenché par la mort de Mahsa Amini le 16 septembre 2022, trois jours après sa détention par la police des mœurs pour violation présumée de la loi sur le port obligatoire du voile.
Un an plus tard, beaucoup de ces journalistes ont été libérés sous caution « dans l’attente d’une inculpation ou d’une condamnation ». « Ce qui signifie que la baisse du nombre de journalistes incarcérés en 2023 n’est en aucun cas un signe de relâchement de la répression des médias en Iran. Au contraire, les autorités ont réagi à l’augmentation du nombre de reportages sur les droits des femmes en prenant pour cible des femmes journalistes de renom pour en faire des exemples », dénonce le rapport. Sur les 17 journalistes retenus, 8 sont des femmes.
Selon le rapport, au 1er décembre 2023, 320 journalistes au total sont incarcérés, « deuxième chiffre plus élevé jamais enregistré par le CPJ depuis le début du recensement en 1992 ». 65 % des journalistes derrière les barreaux font l’objet d’accusations de complot contre la sécurité de l’État.
« Un baromètre inquiétant de l’autoritarisme enraciné et de la sévérité des gouvernements déterminés à étouffer les voix indépendantes », conclut le rapport.
Dans les journalistes emprisonnés figurent aussi ceux qui étaient là en direct le 7/10 dans les kibbouts israélien ? Combien de journalistes israéliens ont été arrêté ?
16 h 54, le 21 janvier 2024