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Moyen-Orient - Moyen-Orient

En frappant les houthis, Biden montre les muscles sans prendre trop de risque

Garret Martin, spécialiste en relations internationales de l'American University à Washington, estime que les frappes « ne vont pas nuire à Joe Biden, pas plus qu'elles ne vont lui profiter, tant qu'elles restent limitées. » 

Le président américain Joe Biden lors d'une visite à l'académie de pompiers d'Allentown, en Pennsylvanie, le 12 janvier 2024. Photo Mandel NGAN / AFP

Au mieux, il répond aux accusations de faiblesse de Donald Trump. Au pire, il froisse un peu plus son aile gauche: les frappes au Yémen ne devraient pas beaucoup peser sur la campagne de Joe Biden, à moins bien sûr d'une escalade incontrôlée.

Le président américain, qui briguera un second mandat en novembre, s'est bien gardé de donner trop d'écho médiatique à cette opération militaire, menée avec le Royaume-Uni. C'est dans un communiqué qu'il a annoncé le « succès » des frappes, sans s'adresser de manière solennelle aux Américains. Le démocrate de 81 ans a ensuite déclaré, en marge d'un déplacement en Pennsylvanie (nord-est), qu' il « répondrait » si « les houthis poursuivaient leur comportement inacceptable », laissant entendre que d'autres frappes étaient possibles en cas de nouvelles attaques des rebelles yéménites contre des bateaux en mer Rouge. Un langage un rien martial, de la part d'un Joe Biden constamment accusé par ses adversaires politiques de manquer de poigne.

Donald Trump, cette fois, a plutôt reproché à son adversaire de jouer les va-t-en guerre. Tout indique pour l'instant que les deux hommes s'affronteront à nouveau lors de la présidentielle de novembre prochain. « Voilà que nous bombardons tout le Moyen-Orient, ENCORE UNE FOIS ! », a écrit l'ancien président républicain sur son réseau Truth Social.

« Trop tardé » 
Proches de l'Iran, la bête noire des Etats-Unis, les houthis ont multiplié ces dernières semaines les attaques de missiles et de drones en mer Rouge, en soutien, selon eux, aux Palestiniens de Gaza, territoire bombardé sans relâche et totalement assiégé par Israël, après l'attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre.

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Garret Martin, spécialiste en relations internationales de l'American University à Washington, estime que les frappes « ne vont pas nuire à Joe Biden, pas plus qu'elles ne vont lui profiter, tant qu'elles restent limitées. » L'opération militaire a, selon lui, « simplement renforcé les discours partisans déjà existants ».

Si plusieurs responsables républicains approuvent le principe même de ces frappes, ils demandent plus de fermeté face à Téhéran. Les frappes « n'ont que trop tardé » et « il faut espérer que ces actions signalent un vrai changement dans la politique de l'administration Biden envers l'Iran et les groupes qui lui sont affiliés », a écrit Mike Johnson, patron républicain de la Chambre des représentants, sur le réseau social X.
Du côté des démocrates, nombre d'élus se rangent bien sûr derrière le président, à l'instar du sénateur Jack Reed qui a salué des actions « nécessaires et proportionnées ».

« Violation inacceptable » 
Mais certains parlementaires progressistes, qui lui reprochent déjà de manquer de compassion pour les civils palestiniens, et de soutenir trop fermement Israël dans sa guerre contre le Hamas, ont critiqué Joe Biden. L'une des figures de ce courant, l'élue à la Chambre des représentants Pramila Jayapal, estime qu'en ordonnant ces frappes sans impliquer le Congrès, le démocrate se rend coupable d'une « violation inacceptable » de la Constitution. Le président a sèchement répliqué vendredi que les tenants de cette position « avaient tort ».

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Pour le chercheur Garret Martin, plusieurs facteurs ont joué dans la décision du président américain de frapper, lui qui avait promis, après un retrait chaotique d'Afghanistan, de ne pas lancer l'Amérique dans de nouvelles guerres interminables. « S'il ne faisait rien, la crédibilité des Etats-Unis en serait ébranlée », juge l'expert. Par ailleurs, avec ces attaques répétées des houthis contre un point de transit clé pour l'économie mondial, « il ne faut vraiment pas sous-estimer l'impact possible sur le prix du baril de pétrole ». « C'est quelque chose qui en politique intérieure aux Etats-Unis résonne beaucoup, (tout comme) les pressions sur tous les coûts d'assurance, les délais en matière d'approvisionnement ». « C’est une année d'élection, ce n'est pas surprenant que l'administration Biden soit particulièrement nerveuse » à ce sujet, estime Garret Martin.

Le coût de la vie aux Etats-Unis a fortement augmenté au sortir de la pandémie. C'est d'ores et déjà un thème récurrent de la campagne présidentielle, et un handicap conséquent pour Joe Biden.

Au mieux, il répond aux accusations de faiblesse de Donald Trump. Au pire, il froisse un peu plus son aile gauche: les frappes au Yémen ne devraient pas beaucoup peser sur la campagne de Joe Biden, à moins bien sûr d'une escalade incontrôlée.Le président américain, qui briguera un second mandat en novembre, s'est bien gardé de donner trop d'écho médiatique à cette...
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