"Au Travail !" : Emmanuel Macron a demandé à ses ministres d'être "révolutionnaires" et pas des "gestionnaires" vendredi en réunissant pour la première fois le gouvernement de Gabriel Attal, une équipe droitisée aux forts accents sarkozystes.
Le premier Conseil des ministres du nouveau gouvernement, réuni à 11H00, a duré à peine 30 minutes, a constaté l'AFP. Il s'est tenu quelques heures seulement après l'annonce du casting gouvernemental jeudi soir, marqué par l'arrivée surprise de l'ex-ministre de droite Rachida Dati.
"Le gouvernement rassemblé, au travail!", a lancé le président Emmanuel Macron en début de réunion devant les caméras. Comme pour mieux marteler ce nouveau mot d'ordre - "travail, travail, travail" - le Conseil des ministres se tient désormais dans le Salon vert, beaucoup plus petit que celui des Ambassadeurs, qui est aussi le salon de travail du président.
Le chef de l'Etat a demandé à ses ministres "des résultats", "de la solidarité et de la vitesse", selon un participant. Et aussi de l'audace, un mot qui revient avec insistance dans la bouche des conseillers de l'exécutif depuis la nomination de Gabriel Attal. "Je ne veux pas de ministres qui administrent, je veux des ministres qui agissent. Je ne veux pas de gestionnaires, je veux des révolutionnaires, a-t-il martelé.
Emmanuel Macron a l'intention de prendre la parole en début de semaine prochaine devant les Français, dans une forme qui reste à définir. Ce pourrait être une conférence de presse.
Ils étaient 14 ministres vendredi autour de la table, un gouvernement resserré. Les secrétaires d'Etat et autres ministres délégués doivent encore être nommés "sous dizaine", a-t-on précisé. Agnès Pannier-Runacher pourrait notamment être transférée de la Transition énergétique à la Santé.
Auparavant, Gabriel Attal a transmis le flambeau de l'Education nationale à Amélie Oudéa-Castera, qui conserve la Jeunesse et les Sports à sept mois des Jeux Olympiques de Paris. Avant un déplacement commun dans un collège des Yvelines en début d'après-midi.
"N'ayez par peur !"
Le Premier ministre a assuré qu'il resterait "le garant" de la "priorité" absolue accordée par Emmanuel Macron à l'école. "Nous continuerons à construire une école des droits et des devoirs où le respect de l'autorité de l'enseignant est une valeur cardinale, où les valeurs de la République ne sont pas négociables", a-t-il insisté.
Désormais chargée de la Culture, Rachida Dati, ex-Garde des sceaux de Nicolas Sarkozy et figure des Républicains (LR), a été immédiatement exclue par le patron du parti, Éric Ciotti. "Chacun sait que j'aime me battre (...) n'ayez pas peur", a glissé la nouvelle ministre lors de sa prise de fonctions, soucieuse de rassurer le monde de la culture.
"L'avènement de l'Europe sera ma priorité", a déclaré de son côté Stéphane Séjourné qui, à 38 ans, devient le plus jeune ministre des Affaires étrangères, succédant à la diplomate Catherine Colonna.
Pas de cérémonie en revanche pour ceux qui conservent leur attributions: Bruno Le Maire (Finances), Gérald Darmanin (Intérieur), Marc Fesneau (Agriculture), Sébastien Lecornu (Armées), Éric Dupond-Moretti (Justice), Christophe Béchu (Transition écologique) et Sylvie Retailleau (Enseignement supérieur et Recherche)
Autre recrue venue de la droite: Catherine Vautrin qui hérite d'un grand ministère social (Travail, Santé, Solidarités). Elle a rendu hommage à Simone Veil au moment où "son texte fondateur" légalisant l'interruption volontaire de grossesse (IVG) doit être "gravé dans le marbre de notre Constitution".
"Toujours plus à droite"
L'ex-ministre de Jacques Chirac avait rallié Emmanuel Macron en 2022 mais avait vu Matignon lui échapper in extremis au profit d'Elisabeth Borne, après une fronde interne des principaux cadres de la majorité.
La liste des 14 ministres comprend aussi les macronistes Marie Lebec, première femme nommée aux Relations avec le Parlement, et Prisca Thevenot, nouvelle porte-parole du gouvernement, à la place d'Olivier Véran pressenti pour mener la liste présidentielle aux européennes. Aurore Bergé est pour sa part rétrogradée des Solidarités et des Familles à l'Égalité femmes-hommes.
En attendant le reste du gouvernement, une majorité de ses membres viennent de la droite. "Des coups politiques au service d'une politique toujours plus à droite", a dénoncé le député insoumis Eric Coquerel sur France 2, tandis que le vice-président du RN Sébastien Chenu a pointé sur franceinfo la "double tutelle dans laquelle va évoluer Gabriel Attal", entre le président Macron et son prédécesseur "Nicolas Sarkozy qui a placé ses affidés".
Le premier secrétaire du PS Olivier Faure n'a lui pas manqué de souligner "la nomination d'une ministre mise en examen pour trafic d'influence et corruption", sans nommer explicitement Rachida Dati.
L'ex-maire du 7e arrondissement de Paris est soupçonnée depuis juillet 2021 de "corruption" et "trafic d'influence passif par personne investie d'un mandat électif public" dans une enquête sur des contrats noués par une filiale de Renault-Nissan, quand Carlos Ghosn en était le PDG. Elle nie toute irrégularité.
"Au Travail !" : Emmanuel Macron a demandé à ses ministres d'être "révolutionnaires" et pas des "gestionnaires" vendredi en réunissant pour la première fois le gouvernement de Gabriel Attal, une équipe droitisée aux forts accents sarkozystes.
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