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Moyen-Orient - Reportage

A l'entrée de Gaza, la lente procession de l'aide humanitaire

Derrière eux, l'Egypte, dont la frontière est toute proche, et d'immenses murs de barbelés, des chauffeurs de poids lourds égyptiens patiente des heures avant de pouvoir pénétrer dans une fente de l'immense barrière de séparation israélienne. 


Un camion d'aide humanitaire en provenance d'Égypte et à destination de Gaza, au point de passage de Kerem Shalom, le 22 décembre 2023. REUTERS/Clodagh Kilcoyne

Au point de passage de Kerem Shalom entre Israël et la bande de Gaza, des camions humanitaires à perte de vue attendent patiemment d'être contrôlés avant d'acheminer leurs cargaisons d'aide vers le territoire palestinien assiégé et menacé de famine.

Sous l'oeil vigilant de l'armée israélienne qui a organisé une visite à l'intention de la presse, des journalistes ont pu accéder vendredi à ce point d'entrée, exceptionnellement ouvert pour permettre la livraison de l'aide humanitaire. Tour à tour, des chauffeurs de poids lourds égyptiens entrent sur un vaste parking pour faire contrôler leurs marchandises.

Derrière eux, l'Egypte, dont la frontière est toute proche, et d'immenses murs de barbelés. Ils ont patienté des heures avant de pouvoir pénétrer dans une fente de l'immense barrière de séparation israélienne. « Je suis fier d'apporter de l'aide à mes frères palestiniens », lance Saïd Abdel Hamid, tout en retirant la bâche de sa cargaison de farine pour qu'elle soit inspectée par des soldats israéliens. Sa plaque d'immatriculation et son identité sont soigneusement enregistrées et le conducteur répond aussi à quelques questions.

Mohamed Ali, un autre chauffeur qui vient du Caire avec un stock de biscuits, confie que « les services secrets égyptiens ont donné pour consigne de parler le moins possible ».

Matelas, couvertures et denrées alimentaires débordent des remorques des camions siglés du symbole du Croissant-Rouge égyptien. Un chien renifleur, accompagné de soldats lourdement armés, inspecte aléatoirement les marchandises.

En moyenne, 80 camions entrent par jour à Gaza par le poste-frontière de Kerem Shalom, selon l'armée israélienne. Cette nouvelle route d'approvisionnement a été ouverte la semaine dernière pour décongestionner le point de Rafah entre l'Egypte et Gaza, à deux kilomètres seulement plus au nord.

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Israël avait annoncé le 12 décembre la mise en place à Kerem Shalom d'un point supplémentaire d'inspection de l'aide humanitaire, ensuite renvoyée vers Rafah, avant d'autoriser trois jours plus tard, d'une manière « temporaire », le déchargement de certains camions directement du côté gazaoui du point de passage.

Mais l'aide humanitaire est largement insuffisante, ne cessent d'alerter les organisations de l'ONU, pour ce territoire surpeuplé de 362 kilomètres carrés, où les bombardements israéliens ont détruit des quartiers entiers et déplacé 1,9 million de personnes, soit 85% de la population.

« Malnutrition aiguë » 

Environ la moitié de la population à Gaza devrait se trouver dans la phase « d'urgence » -qui comprend une malnutrition aiguë très élevée et une surmortalité- d'ici le 7 février, selon un rapport du système de surveillance de la faim de l'ONU.

Avec « de telles privations et destructions, chaque jour qui passe ne fera qu'apporter plus de faim, de maladie et de désespoir à la population de Gaza », a prévenu le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths.

Le Conseil de sécurité a voté vendredi une résolution exigeant l'acheminement « à grande échelle » et « toute urgence » de l'aide humanitaire à Gaza, sans pour autant appeler à un cessez-le-feu.

C'est à partir de ce territoire, soumis à un blocus israélien depuis plus de 16 ans, que le Hamas a lancé son attaque le 7 octobre sur le sol israélien, qui a fait environ 1.140 morts, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur le bilan israélien. Les commandos palestiniens ont aussi enlevé environ 250 personnes, dont 129 sont toujours retenues à Gaza, d'après les autorités israéliennes.

En riposte, Israël a juré de détruire le mouvement islamiste et pilonne sans relâche Gaza, où au moins 20.057 personnes, majoritairement des femmes et des enfants, ont été tuées et plus de 50.000 blessées, selon un dernier bilan du gouvernement du Hamas qui a pris le pouvoir dans le territoire en 2007.

« Plus de 2.500 camions d'aide humanitaire et plus de 50.000 tonnes de nourriture sont rentrés dans Gaza depuis le début de la guerre », affirme auprès de l'AFP le colonel Moshe Tetro, chef pour Gaza de l'organe du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens (Cogat), présent sur le point de passage de Kerem Shalom.

Jeudi, une frappe israélienne du côté palestinien du point de passage, appelé Karem Abou Salem en arabe, avait fait quatre morts dont son directeur Bassem Ghaben, selon le Hamas. « Des soldats ont vu des armes sur la frontière de Kerem Shalom », a réagi le colonel Tetro, sans donner plus de détails.

En attendant, les chauffeurs poids lourds égyptiens errent sur le parking et tuent le temps sur un fond musical, en attendant qu'on les autorise enfin à apporter des vivres aux Palestiniens de la bande de Gaza.


Au point de passage de Kerem Shalom entre Israël et la bande de Gaza, des camions humanitaires à perte de vue attendent patiemment d'être contrôlés avant d'acheminer leurs cargaisons d'aide vers le territoire palestinien assiégé et menacé de famine.Sous l'oeil vigilant de l'armée israélienne qui a organisé une visite à l'intention de la presse, des...

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