Un Autrichien condamné à Londres pour des repérages contre une chaîne de télévision en persan

Un Autrichien d'origine tchétchène de 31 ans a été condamné vendredi à Londres à trois ans et demi de prison pour avoir effectué des repérages en vue de représailles contre une chaîne de télévision émettant en persan, Iran International TV.

L'affaire avait suscité des inquiétudes quant aux potentielles activités hostiles menées par les autorités iraniennes sur le sol britannique. Elle avait conduit la chaîne privée à fermer ses bureaux londoniens en février sur les conseils de la police.  Après avoir émis de Washington pendant sept mois, elle a ensuite repris ses activités à partir de Londres dans de nouveaux locaux.

Magomed-Husejn Dovtaev, 31 ans, avait été reconnu coupable par un jury à la cour de l'Old Bailey dans la capitale britannique de collecte d'informations de nature à servir à une personne pouvant commettre ou préparer un acte de terrorisme. Il avait été arrêté le 11 février dernier. Après être arrivé en avion de Vienne, il s'était rendu directement dans les locaux de la chaîne de télévision et avait été arrêté après avoir filmé les lieux.  Il avait démenti les faits qui lui sont reprochés et assuré avoir filmé parce qu'il "aimait bien" le bâtiment, disant ne pas connaître l'identité du contact qui l'avait envoyé à Londres.

Son avocat Paul Keleher a jugé "tirée par les cheveux" l'idée que l'Iran envisage une attaque contre un média sur le sol britannique, estimant que son client a pu servir d'"idiot utile". Selon l'accusation, la chaîne, critique envers les autorités iraniennes, avait été classée organisation terroriste par Téhéran après sa couverture des manifestations qui ont suivi la mort de Mahsa Amini en 2022 à la suite de son arrestation par la police des moeurs.

"Dovtaev n'a jamais dit pour ou avec qui il travaillait" mais "nous avons trouvé suffisamment de preuves pour montrer au jury qu'il était là pour mener des activités liées au terrorisme", a réagi le commandant de la cellule antiterroriste de la police londonienne, Dominic Murphy.

Cette affaire illustre selon lui plus largement les préoccupations de Scotland Yard concernant les "menaces émanant d'Iran qui continuent à être dirigées contre certaines personnes et organisations médiatiques au Royaume-Uni".

A l'époque, la direction de la chaîne s'était déjà inquiétée d'une "escalade significative dans les menaces soutenues par l'Etat en provenance d'Iran". Le diplomate iranien de plus haut rang en poste à Londres avait été convoqué au ministère britannique des Affaires étrangères qui avait alors protesté contre les "graves menaces visant des journalistes vivant au Royaume-Uni".