Téhéran convoque le chargé d'affaires suédois après la condamnation d'un Iranien

L'Iran a convoqué mercredi le chargé d'affaires de Suède pour protester contre la décision de la justice suédoise confirmant la condamnation à perpétuité d'un ex-fonctionnaire pénitentiaire iranien, Hamid Noury, pour son rôle dans les exécutions de masse d'opposants ordonnées par Téhéran en 1988.

Une cours d'appel en Suède avait confirmé la veille le jugement de première instance qui avait condamné Hamid Noury à la perpétuité "pour de graves violations du droit humanitaire international et pour meurtres".

Le ministère iranien des Affaires étrangères a convoqué le diplomate suédois pour lui "communiquer la vive protestation de l'Iran suite à l'action de la justice suédoise" contre M. Noury, selon un communiqué officiel.

Des groupes de défense des droits humains estiment qu'au moins 5.000 prisonniers ont été exécutés en Iran à l'été 1988 lors de sentences prononcées à la chaîne par des "comités de la mort". La purge avait été ordonnée à la suite d'attentats commis par le groupe armé MEK, alors allié au régime irakien de Saddam Hussein, à la fin de la guerre Iran-Irak.

Agé de 62 ans, M. Noury avait été arrêté en 2019 à l'aéroport de Stockholm, où des opposants iraniens affirment l'avoir attiré pour permettre son arrestation, rendue possible par l'extraterritorialité des crimes les plus graves en droit suédois. Hamid Noury occupait en 1988 des fonctions d'assistant du procureur dans une prison près de Téhéran, mais affirmait avoir été en congés au moment des faits.

"Il est regrettable que les fausses affirmations des individus soient invoquées devant un tribunal avec des normes minimales de procédure équitable, et qu'il soit permis de poursuivre les objectifs politiques (...) en abusant des mécanismes juridiques", a ajouté le texte du ministère iranien. Mercredi, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, avait vivement dénoncé un verdict "destructeur" le qualifiant "fondamentalement inacceptable".

La décision suédoise pourrait avoir des répercussions sur le sort de prisonniers suédois en Iran, en particulier le diplomate travaillant pour l'Union européenne Johan Floderus, détenu depuis plus de 600 jours.  Téhéran "utilisera toutes ses capacités juridiques pour libérer" Hamid Noury et "se réserve le droit de prendre les mesures appropriées", a ajouté le porte-parole du ministère iranien.