Céline Berthon, première femme à la tête du renseignement intérieur

La numéro deux de la police française, Céline Berthon, a été nommée mercredi à la tête des services de renseignement intérieur, première femme à ce poste, tandis que son prédécesseur dirigera le renseignement extérieur, un mouvement lui aussi inédit. 

Âgée de 47 ans, Céline Berthon a eu une ascension fulgurante et "aura à diriger une des administrations les plus sensibles de notre pays", a écrit le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sur X (ex-Twitter).  Elle remplace à ce poste le préfet Nicolas Lerner qui dirigeait depuis cinq ans, "avec un engagement absolu" selon le ministre, le renseignement intérieur (DGSI), qui est notamment en charge de la lutte antiterroriste dans le pays.

Pendant son mandat, les moyens de la DGSI ont été renforcés dans un contexte de menace terroriste, comme ils l'avaient été après les attentats de 2015. Fin 2023, la direction comprendra 5.000 agents, contre 4.200 fin 2018. Depuis 2017, 43 projets d'attentats islamistes ont été déjoués et 10 projets d'attentats inspirés par la mouvance d'ultra-droite.

Plusieurs attentats ont cependant touché le pays, dont deux ces dernières semaines, à Arras (nord de la France) et Paris. Dans les deux cas, leurs auteurs étaient suivis par la DGSI.  De son côté, Nicolas Lerner a été nommé mercredi à la tête des services de renseignements extérieurs (DGSE): c'est la première fois que le dirigeant d'un service de renseignement intérieur prend la tête du renseignement extérieur du pays.

Proche du président Emmanuel Macron, ce haut fonctionnaire discret de 45 ans avait été nommé directeur général de la sécurité intérieure en octobre 2018. Unanimement salué comme un travailleur acharné, Nicolas Lerner a fait toute sa carrière au ministère de l'Intérieur, essentiellement sur les questions de sécurité.

M. Lerner remplace Bernard Emié, diplomate de formation, qui dirigeait la DGSE depuis plus de six ans. Ces dernières années, la DGSE a été sérieusement critiquée pour un certain nombre d'échecs, notamment de ne pas avoir vu venir l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Elle n'a pas non plus anticipé les coups d'Etat successifs au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Un signe de plus du déclassement stratégique subi au Sahel par l'ex-puissance coloniale.